Marcia Griffiths : Reggae Queen
Musique

Marcia Griffiths : Reggae Queen

On peut compter sur les doigts d’une main les chanteuses jamaïcaines qui ont eu un impact quelconque, même en remontant aussi loin qu’au milieu des années 60. L’une d’entre elles a su rester active musicalement depuis tout ce temps, et a produit des succès d’importance à intervalles quasi réguliers, et ainsi maintenu sa cote d’amour avec les trois dernières générations d’amateurs de reggae: Marcia Griffiths. «Je n’ai jamais arrêté de chanter pendant de longues périodes, sauf vers 82-83, alors que j’ai perdu trois parents proches. Mais, avant la fin de l’année, j’étais repartie sur la route», raconte-t-elle, de la maison d’un de ses fils en Floride. La mort de Bob Marley en 1981, alors qu’elle faisait partie de ses choristes, le trio The I-Threes, avait plutôt eu l’effet inverse: «Quand Bob est mort, je poursuivais toujours ma carrière solo parallèlement aux I-Threes. Nous savions à quoi Bob aspirait et c’était important de poursuivre son travail acharné, de continuer de se faire entendre le plus possible à travers le monde. On se voit un peu comme des missionnaires; Bob était très visionnaire – d’ailleurs, tout ce qu’il avait annoncé s’est avéré depuis son départ -, comme dans la Bible, tu vois?»

Un autre de ses grands amis et confident, le prince du reggae, Dennis Brown, nous a également quittés, en juin dernier. Lors de ses funérailles nationales célébrées au National Arena de Kingston, tous les artistes de renom lui ont rendu un vibrant hommage musical, dont Marcia, qui, en compagnie de Nadine Sutherland, Pam Hall, JC Lodge, Fiona et quelques autres, a interprété un pot-pourri de ses grands succès. «C’était comme une grande célébration, joyeuse et triste à la fois. Toutes les prestations furent vraiment touchantes», témoigne-t-elle.

Un autre facteur, qui constitue une arme à deux tranchants, rend Marcia des plus présentes: la prolifération de ses productions qui, parfois, inondent le marché. Juste au moment où elle fait paraître ses plus récents simples sur Certified (compilé par Willie Lindo de HeavyBeat, à Miami), l’album Truly, anthologie pourtant importante de ses plus grands succès Studio One, est lancé sur le marché par HeartBeat. «Cette compilation dormait sur les tablettes depuis la fin des années 70, affirme Marcia, avec un peu de mépris. Je ne vois pas pourquoi il (Coxsone Dodd) a tant attendu…» Que ce soit en tant que chanteuse solo, en tant que membre du duo Bob and Marcia en compagnie de Bob Andy, avec qui elle participe régulièrement à des galas rocksteady, en tant que membre du trio I-Threes (souvent sollicité pour les anniversaires et dates charnières entourant Bob Marley), ou simplement comme chanteuse populaire plaçant régulièrement ses nouvelles productions sur les prestigieuses étiquettes Penthouse et Fat Eyes au Top 20, Marcia Griffiths s’acquitte de sa mission de manière exemplaire.

«La chose la plus importante pour un artiste (et elle s’adresse particulièrement aux rappeurs qui détiennent la cote populaire) est de profiter de sa popularité pour éduquer la jeunesse mondiale par la musique. Dans le futur, nous espérons trouver davantage de pensées positives dans le message véhiculé.»

Solid Gold 2 (avec Marcia Griffiths, Ken Boothe et John Holt)
Vendredi 3 septembre
Le Medley
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