Oblik : Nouvelle vague
Musique

Oblik : Nouvelle vague

«Je n’ai pas honte de l’admettre: je pense que Duran Duran est l’un des meilleurs groupes de tous les temps», déclare sans ironie Martin Delisle, bassiste de la formation montréalaise Oblik. «J’ai été très marqué par la musique des années 80 et on a toujours subi beaucoup d’influences new-wave, mais je crois que nos nouvelles chansons vont de plus en plus dans cette direction; on est plus pop, plus bonbon.»

Après avoir donné dans le rock industriel puis s’être présentés sous la bannière générique de techno-rock, les gars d’Oblik pencheraient donc maintenant vers la techno-pop. La tendance, déjà annoncée il y a un an par des morceaux comme Pain et Shameless, sur leur disque First Instance, semble donc se confirmer. Si, à une certaine époque, on a pu croire que les membres du quartette étaient des disciples de Nine Inch Nails, c’est maintenant du côté de groupes pop comme Garbage que Martin préfère trouver les inévitables comparaisons.

Cela dit, ne vous attendez pas à un virage à 180 degrés: il s’agit plutôt d’une évolution naturelle, qui s’est faite tout aussi doucement que ce subtil changement de nom (rappelons-nous que le groupe est passé d’Oblik Instance à Oblik tout court). «On en avait assez du côté méchant un peu métal, explique Martin. Évidemment, sur scène, on garde un petit côté abrasif mais on est loin du rock industriel à la Skinny Puppy.»

Au delà de ces changements, purement cosmétiques, somme toute, la véritable transformation s’est produite dans le travail de composition, selon Martin. «Depuis quelque temps, Stephen (Gaudreau, batteur) et moi, on tripe pas mal sur le vieux funk. À nos débuts, on n’avait pas de batteur et on était vraiment dépendants de la boîte à rythmes, mais on s’est rendu compte assez vite qu’un drum machine, ça ne groove pas. Maintenant, on travaille la rythmique de façon plus humaine et on se sert des ordinateurs pour étoffer le son, pas pour écrire des chansons.»

Cette approche plus humaine permettra-t-elle enfin au groupe de se tailler une place au soleil? Jusqu’à présent, malgré trois vidéoclips, le groupe a eu de la difficulté à faire sa marque. «Ç’a été pas mal difficile de vendre du techno-rock anglophone aux radios québécoises. On s’est souvent fait dire qu’on était trop edgy.» Pourtant, lors de la parution de First Instance, il y a un an, Oblik semblait parti pour la gloire: distribution nationale, ambitions radiophoniques (le groupe s’était même fendu d’une reprise inutile et putassière de Knock on Wood) et tout le toutim. L’ennui, c’est qu’on n’a pratiquement jamais vu Oblik sur scène depuis le lancement de First Instance, il y a un an. «C’est vrai que le concert de cette semaine est le premier vrai show montréalais depuis le lancement, mais on voulait faire les choses comme du monde; on préférait faire un show dans de bonnes conditions. On n’avait pas envie de jouer dans des petites salles, toutes les semaines, pour vingt personnes.»

En attendant de conquérir le monde, Oblik pourrait bien trouver le chemin des radios avec sa version de Tout petit la planète, de Plastic Bertrand, qui devrait paraître sur une compilation de reprises de pièces des années 80. Après tout, c’est une technique qui en vaut une autre: sans leur reprise de Daddy Cool, qui aurait pu se douter que QRN atteindrait un jour les palmarès de CKOI?

Le 20 novembre
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