Parkside Jones : Parc d'attraction
Musique

Parkside Jones : Parc d’attraction

Parkside Jones est un groupe de folk-funk non conventionnel, dont les huit compositions, qui se retrouvent sur leur unique compact, Mind the Gap, sont chantées.

Il y a de ces groupes pour qui toute tentative d’analyse demeure vaine. Des groupes dont la musique est, sinon indéfinissable, à tout le moins difficile à expliquer, et que l’on ne peut vraiment apprécier sans se déplacer pour constater de visu le phénomène. C’est le cas d’un millier de formations qui pigent leurs influences un peu partout, et Parkside Jones ne fait pas exception. Il s’agit d’une autre de ces formations hybrides qui cherchent à se démarquer par l’identité musicale de chacun de ses membres.

Une fois le tout bien malaxé, Parkside Jones ressemble à peu près à ceci: un groupe de folk-funk non conventionnel, dont les huit compositions, qui se retrouvent sur leur unique compact, Mind the Gap, sont chantées. On le mentionne parce que, d’après ce que me confiait Ryhna Tompson, la trompettiste et chanteuse de la formation, plusieurs des nouvelles pièces sont désormais instrumentales. Facile à comprendre: Parkside Jones est un groupe qui vit et qui meurt par ses arrangements, ses changements de tempos, ses improvisations, son sentiment d’urgence; bref, l’élément de surprise non palpable sur disque qui déstabilise et qui fait du bien. Mais attention, Parkside Jones mise aussi beaucoup sur les riffs de guitares acoustiques, tout en conservant l’impact dans le bas du ventre causé par son côté grouillant. Ce beau compromis permet au jeune quintette montréalais de proposer un peu de contenu et de subtilité dans cette mer de sueur. Si je leur avais trouvé des similitudes avec Me, Mom and Morgentaler et Bullfrog lors de la sortie du compact, je dois me raviser et pencher dorénavant du côté d’Ani di Franco, la prêtresse du Coffeehouse funk.

Ryhna Tompson a vingt-quatre ans. Elle vient de Toronto et habite Montréal depuis peu. La comparaison tombe bien parce qu’elle adore Ani di Franco, même si sa propre voix, à la fois nasillarde et névrosée, rappelle plutôt celle de Dolores O’Riordan, des Cranberries. Les similitudes sont particulièrement frappantes sur la pièce Mood, dans laquelle elle s’interroge: «The world keeps growing, so do I, but where do I go?».

«Personne dans ce groupe n’a volontairement décidé de faire du funk; c’est en misant sur nos provenances musicales diverses qu’on en est arrivés là, explique Ryhna. Même aujourd’hui (Parkside Jones existe depuis deux ans), lors des répétitions, nous écoutons beaucoup ce que l’autre essaie de faire, afin de cimenter le groove, d’amener la chanson quelque part», dit-elle. «Ce qui me plaît beaucoup dans notre mouture, c’est son côté à la fois bluesy et soul, c’est la sensation de libérer une tension en étant lousse et déstructuré.» Ce que Thompson veut surtout dire, c’est que l’incertitude sous-tend le tout: «Durant le cours d’une chanson, nous repoussons constamment les limites, nous cherchons à l’étirer le plus possible. Les beats sont essentiellements dansants, et on essaie de garder un élément de suspense; c’est ce sentiment de liberté qui est la base même de notre musique.»

Ce qui signifie évidemment que Parkside Jones est une formation qu’il faut aller voir en spectacle. Pour son sens créatif. Pour découvrir autant son innocence curieuse que sa fraîcheur. Pour finalement passer une belle soirée. Il y en a autant pour le buffet que pour la caboche.

Le 3 décembre
Au Cabaret
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