Marc-André Gauthier : Tête de violon
Musique

Marc-André Gauthier : Tête de violon

Le violoniste MARC-ANDRÉ GAUTHIER est un jeune prodige qui a les pieds sur terre… Il jouera avec l’Orchestre Métropolitain le Concerto pour violon de Tchaïkovski, une pièce connue pour ses difficultés techniques.

Comme beaucoup de nos jeunes musiciens talentueux, le violiniste Marc-André Gauthier a quitté le Québec afin de faire des études avancées. À 21 ans, après quatre années passées à l’Université de l’Indiana, il est maintenant élève au Conservatoire national supérieur de Paris, sous la tutelle de Jean-Jacques Kantorow. Ses collègues du troisième cycle en interprétation – un niveau où l’on n’accueille que des solistes en passe de commencer leur carrière professionnelle – ont pour la plupart quatre, cinq ans de plus que lui…

Être un enfant prodige, Marc-André sait ce que ça veut dire. Isolement, longues heures de pratique alors que d’autres jouaient dehors, parcours académique différent, préparation aux concours, exigences des adultes, pression, désir de perfection… Au stade où il en est, toutefois, les sacrifices semblent être derrière lui. «Jeune, nous expliquait le violoniste en entrevue la semaine dernière, on ne sait pas toujours pourquoi on fait tout ça. On se sent différent, surtout au Québec, où l’on est perçu comme étrange parce qu’on fait de la musique. Et il y a toujours une grande pression, une exigence de perfection de la part du public.»

Physique de l’emploi
Virtuose, Marc-André Gauthier l’est sans aucun doute, et en tire un plaisir évident. Les concours lui vont bien; et il a récolté dans sa courte carrière une quantité impressionnante de récompenses, tant sous forme de prix que de bourses. Primé au Concours de l’Orchestre symphonique de Montréal à deux reprises, en 1992 et en 1994 (catégorie 18 ans et moins, carégorie 18 ans et plus), et prix spécial Grace Elliott Trudeau pour la qualité exceptionnelle de son interprétation la seconde fois, lauréat au 29e Concours national de Radio-Canada en 1997, récipiendaire de bourses de perfectionnement du Steins Institute de Chicago, de l’Académie Verbier en Suisse et du Festival de Salzbourg notamment, le violoniste impressionne facilement son auditoire tout comme les jurys devant lesquels il se présente. Son répertoire favori: les pièces de virtuosité de la période romantique.

Cette chimie entre lui et le violon, il l’explique simplement, sans prétention. «Je suis un grand sportif. J’ai de la facilité pour tout ce qui est physique, et le violon, quand j’étais jeune, était plus facile pour moi que pour les autres. Mais bien sûr, c’est aussi une question de personnalité. Je suis skieur alpin, et il a fallu que je choisisse entre la carrière sportive et le violon. Par contre, je dois dire que mes parents m’ont aidé dans ce choix!» À l’instar de beaucoup de musiciens professionnels de haut calibre, Marc-André Gauthier vient d’une famille de musiciens: mère pianiste, deux grands-pères violoneux…

De passage à Montréal, le musicien interprétera le Concerto pour violon, de Tchaïkovski avec l’Orchestre Métropolitain le 24 janvier. Cette oeuvre virtuose romantique, il l’a déjà interprétée à plusieurs reprises, dont une fois avec l’OSM, en 1992. Aucune inquiétude ne paraît l’habiter face à cette pièce d’une grande exigence technique.

Sûr de son potentiel, Marc-André Gauthier a cependant cette réflexion propre à beaucoup de musiciens qui passent d’une enfance de prodige à une vie de professionnel: «En vieillissant, on n’est plus là seulement pour impressionner. Il faut aussi aller chercher les gens.»

Il interprétera pour la première fois le Concerto de Tchaïkovski en Europe en juillet prochain. En attendant, les objectifs du violoniste sont clairs: il veut un agent et, d’abord, un disque, carte de visite indispensable. «La question de l’image, du marketing est très importante de nos jours», témoigne un Marc-André Gauthier qui a les deux pieds sur terre. Et il a raison, quoi qu’on en dise. S’il passe avec succès l’épreuve marchande, alors on imagine facilement la suite…

Également au programme du concert de l’Orchestre Métropolitain: Scorpius de R. Murray Schafer et la Symphonie no 5 de Chostakovitch.

Lundi 24 janvier, 19 h 30, Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts

Conférence gratuite préparatoire au concert à 18 h 30

L’Ensemble Arion
Dans la veine de sa nouvelle vocation orchestrale, l’Ensemble Arion commence l’année avec un concert Vivaldi. Quatorze musiciens interpréteront pour l’occasion des concertos pour flûte, hautbois, ainsi que des concertos grossos. Outre Claire Guimond, flûtiste et directrice d’Arion, on entendra aussi les solistes Phoebe Carrai, violoncelliste, et Washington McClain, hautboïste. Madame Carrai est membre du Philharmonia Baroque Orchestra, de l’Arcadian Academy et du Concert Royal. Elle est également membre fondateur du Quatuor Van Swieten ainsi que de l’International Baroque Institute de Longy. Elle a enregistré pour Deutsche Grammophon, Archiv, Decca, harmonia mundi et BMG. Quant à Washington McClain, qui habite maintenant Montréal, il a été membre du Chicago Chamber Orchestra, en plus d’avoir été soliste dans une tournée qui a mené l’ensemble un peu partout aux États-Unis, en Europe et en Asie. On a pu l’entendre avec Tafelmusik, le Pacific Baroque Orchestra, et l’Ensemble Arion.
Les 21 et 22 janvier, à la salle Redpath de l’Université McGill, 20 h
Le 23 janvier, au Théâtre Paul-Desmarais du Centre Canadien d’Architecture, 14 h
Voir calendrier Classique

Erratum
Dans notre dernier numéro, une erreur de production a privé le texte de Dominique Olivier de plusieurs informations. Voici ce qui aurait dû également figurer dans notre Guide de la rentrée Classique, pour la Musique contemporaine: «Dans le cadre du Festival Montréal en lumière, le Nouvel Ensemble Moderne présentera, le 17 février, un événement spécial intitulé Musique Défilé, mariant la mode et la musique de création. La musique originale sera signée Linda Bouchard, et le tout placé sous la direction de Lorraine Vaillancourt.

En première mondiale, Chants libres présente pour son dixième anniversaire Lulu, le chant souterrain, un opéra techno du compositeur Alain Thibault et du librettiste Yan Muckle, interprété par Pauline Vaillancourt et Paul Savoie. Les 10, 11, 12, 15, 16 et 19 février à l’Usine C.»

Mille excuses à notre journaliste, aux lecteurs et aux artistes concernés. (Pascale Navarro)