Bet.e & Stef : Nova bossa
Musique

Bet.e & Stef : Nova bossa

Comme une bossa vivant sa révolution tranquille, explorant dans sa course les territoires du jazz et du rhythm’n’blues, le tandem Bet.e & Stef s’est trouvé une identité. Ce n’était qu’une question de temps…

Comme une bossa vivant sa révolution tranquille, explorant dans sa course les territoires du jazz et du rhythm’n’blues, le tandem Bet.e & Stef s’est trouvé une identité. Ce n’était qu’une question de temps, puisqu’à force de puiser dans ce trésor sans fond qu’est la musique brésilienne, ils se sont extirpés des mélasses simplistes du genre.
Vous avez peut-être attrapé Bet.e au vol, à la télé ou dans un bar branché de la ville, ce petit brin de femme mignonne comme tout, grivoise et ricaneuse dans la vie de tous les jours, élégante et sulfureuse lorsqu’elle enfile sa longue robe et qu’elle déverse toute sa sensualité sur des airs évanescents, corroborant le tout de sa voix sablonneuse. «Je mets de longues robes parce que j’aime ça, avoue-t-elle. Ce n’est pas un kit calculé. Le jour où j’aurai le goût de m’habiller en t-shirt, je m’habillerai en t-shirt, ça finit là.»
Stef, Stéphane donc, semble de prime abord le partenaire silencieux, celui qui peaufine et polit, qui soutient la chanteuse avec ses accords de guitare langoureux et torrides. Le faire-valoir de la sirène, quoi. En fait, la réalité est tout autre: chaque fois que j’ai vu le duo (qui grandit sans cesse, ils seront six musiciens au Cabaret du Saint-Sulpice, incluant l’aguerri batteur Richard Provencal), ce Stef m’a carrément épaté. Par sa grande justesse, sa souplesse, son langage qui fourmille d’idées et de références; bref, voilà un musicien qui joue avec le coeur. Il faut l’entendre chanter du Jobim, c’en est épeurant. Quant à ceux qui se poseraient la question: non, la paire ne forme pas un couple dans la vie.
Maintenant que les présentations sont faites, entrons dans le vif du sujet: Bet.e & Stef ne jurent-ils que par le canevas brésilien? «Moi, ce qui m’intéresse, confie Bet.e, c’est le beat et la dose de soul qu’on y injecte: funk, r’n’b, jazz, on mélange tout ça. Mais on n’est pas confinés dans un pattern uniquement bossa-nova ou samba. On n’a pas délaissé un style pour aller vers un autre; on a plutô intégré la musique brésilienne dans ce qu’on aimait. Moi, je ne peux pas laisser tomber le r’n’b. Quand je compose des tounes, je ne sais pas pourquoi, c’est des tounes funk, alors je pousse plus que lorsque j’interprète Corcovado, c’est clair. Notre son ne se limite donc pas à la musique brésilienne.»
Puis elle ajoute: «Quand on a commencé, il y a cinq ans, on est tombés dans (Antonio Carlos) Jobim tout de suite, Ellis Regina, João et Astrud Gilberto; mais à force d’en écouter, on a choisi d’évoluer vers Toquino, Vinicius de Moraes, des artistes très connus au Brésil, même s’ils sont associés aux années soixante, mais qui ne sont pas connus ici autant que Jobim. Même s’il s’agit d’une musique plutôt simple dans sa facture, le défi pour moi, c’est de chanter le plus juste possible. Ce n’est jamais évident.»
Il y a deux ans, le duo s’est donné une carte de visite en produisant un premier album: jazz (Fever), blues (I Put a Spell on You), cabaret (Besame Mucho) figurent fièrement aux côtés des plages de Rio. Et il faut désormais compter sur les variétés, puisque Paroles, paroles, version Dalida, fait maintenant partie du répertoire. «Notre disque, ça m’a pris deux ans avant de l’entendre. Pas de l’écouter, de l’entendre! Je n’étais pas capable: tout ce que j’entendais, c’étaient les défauts. Ça m’écoeurait!»
«Mais le show, ce n’est pas un gros cliché feutré, annonce Bet.e. Il y a une progression. On commence effectivement en douceur, avec des pièces jazz; mais, à la fin du show, on tasse les tables et le monde danse: c’est la grosse samba, les gros solos de percussions, envoye donc! Les gens virent fous ben raide, ils ont hâte de danser. Nous, ce qu’on veut, c’est emmener les gens en voyage. On veut les transporter.»

Les 11 et 12 février
Au Cabaret du Saint-Sulpice
Voir calendrier Jazz, Blues, etc.