Musique

Live à Montréal : Stereophonics/Our Lady PeaceAndy Stochansky/Pigeon Hole/Tara MartinDef Leppard/Joan Jett

Stereophonics/Our Lady Peace
Le 2 février au Centre Molson

Mercredi dernier, c’était le retour d’Our Lady Peace à Montréal, mais la surprise n’est pas venue d’où on l’imaginait. En effet, Stereophonics a littéralement volé le show au groupe canadien. En quarante-cinq petites minutes, les britanniques ont montré leur efficacité et leur grande aisance sur scène. La tâche aurait pu être difficile pour Stereophonics, peu connus ici, mais le public (composé majoritairement d’adolescents) semble avoir bien réagi à leurs chansons. Dès les premières notes de Roll Up and Shine, on savait que la partie allait être gagnée. La voix rocailleuse de Kelly Jones et les excellentes chansons de leur deuxième album, Performance and Cocktails, sonnaient comme une tonne de briques. On espère qu’ils reviendront faire un tour à Montréal, seuls cette fois-ci.

De son côté, Our Lady Peace a offert la prestation que tout le monde attendait. Ni plus ni moins. La bande de Raine Maida a enfilé les succès de ses trois albums sans grande surprise. Mais là où le bât blesse, avec Our Lady Peace, c’est qu’on ne sait jamais si les membres du groupe (surtout le chanteur) sont vraiment sincères, ou s’ils se donnent un genre. Dans ses gestes, dans sa façon de bouger, Raine semble se prendre pour Bono et ça agace à la longue. Et que dire de ses élucubrations vocales. En fait, la seule véritable surprise (plutôt mauvaise, incidemment) de ce spectacle, ce fut l’interminable reprise de Teardrop de Massive Attack, où Raine essayait de chanter aussi haut qu’Elizabeth Fraser. Visiblement maladroit, on se demande encore pourquoi le groupe s’est attaqué à ce classique du trip-hop. Est-ce la grenouille qui veut devenir aussi grosse que le boeuf? (Frédéric Boudreault)

Andy Stochansky/Pigeon Hole/Tara Martin
Le 4 février au Jailhouse

Vendredi soir dernier, l’ambiance était étrangement détendue au Jailhouse Rock Café. Après le folk-rock à la sauce Lilith Fair de Tara Martin (dont l’altiste, qui arborait une tignasse de dreads bleues, ressemblait à s’y méprendre à l’Ani DiFranco d’il y a quelques années) et la performance amusée de Pigeon Hole, ce fut au tour d’Andy Stochansky de monter sur la petite scène du bar de l’avenue du Mont-Royal. Une bonne partie du public était sûrement venue encourager les deux groupes locaux, puisque la salle semblait plus clairsemée après les deux premiers groupes. Il restait tout de même une poignée de spectateurs attentifs assis aux premiers rangs, qui n’ont pas perdu un mot de la performance de l’homme de Terra Cotta, Ontario. Bon prince, la star de la soirée a d’abord qualifié les deux groupes qui l’avaient précédée d’«-amazing-», avant de se lancer dans une performance venue confirmer que sa pop singulière flotte nettement au-dessus de la mêlée. La sono, étrangement remarquable pour l’endroit, nous a permis d’apprécier la voix claire de Stochansky, dont on a souvent dit qu’elle évoquait celle de Jeff Buckley, mais qui rappelait parfois celle de Bono ou de Thom Yorke. Entouré d’une bande de musiciens fort compétents (la présence du vibraphone avait quelque chose de vraiment réjouissant), Andy s’est donné à fond, gagnant peu à peu les plus récalcitrants avec une musique aussi sophistiquée qu’inédite. Quelques interventions fort sympathiques, et de trop rares séances de percussion sur le gigantesque baril métallique posé au milieu de la scène complétaient le portrait. Mais malgré son charme et son humour, Andy n’a pas totalement réussi à transposer sur scène toutes les subtilités de son excellent album Radio Fusebox. Nous sommes tout de même sortis du Jailhouse avec l’impression d’avoir vu quelque chose d’unique, et la conviction qu’Andy Stochansky mérite mieux. On espère que lors de son prochain passage, l’homme saura trouver un public à la mesure de son talent. (Nicolas Tittley)

Def Leppard/Joan Jett
Le 7 février au Centre Molson

Deux phrases revenaient souvent à la sortie du Centre Molson lundi soir: «Ça rappelle de bons souvenirs», et: «As-tu vu la coupe de cheveux de Joan Jett?» En effet, la coiffure courte et platine – de loin, on aurait vraiment cru qu’elle était chauve – semble avoir autant retenu l’attention que les plus grands succès de la rockeuse, plus masculine que jamais avec sa camisole et ses pantalons de cuir, à l’image du plus récent disque de son groupe, intitulé Fetish (sorti en 1999). Malgré les morceaux punk-rock efficaces (Bad Reputation, Cherry Bomb, Do You Wanna Touch Me, I Wanna Be Your Dog), le public était plutôt réservé. Il aura fallu attendre le plus grand succès de la formation, I Love Rock’n’Roll, suivi de Crimson & Clover et I Hate Myself for Lovin’ You, pour enfin soulever l’enthousiasme de la foule. Après cet assaut de riffs puissants, difficile de résister à la machine parfaitement huilée qu’est Def Leppard. Parfois, il faut laisser ses préjugés à la maison et profiter du spectacle. Le quintette britannique n’a pas cherché à nous ennuyer avec les morceaux des derniers disques, se concentrant surtout sur les succès de Pyromania et Hysteria. Ce faisant, ils ont créé une montée progressive d’adrénaline chez tous ceux qui se souvenaient des chansons par coeur, même après toutes ces années. Y a pas de doute, tous les clichés du genre y sont passés: solo couché sur le dos du guitariste Phil Collen, veste à motifs léopard portée par le chanteur Joe Elliott, qui n’a d’ailleurs pas obtenu la réaction escomptée en portant un chandail du Canadien. Peu importe, les gars étaient en grande forme et ont démontré qu’ils savent encore faire lever une foule et livrer la marchandise. (Christine Fortier)