Chantal Kreviazuk : Croissance personnelle

«C’est lorsque je suis seule que je suis à mon meilleur. C’est la solitude qui me permet de travailler», affirme Chantal Kreviazuk. Ces deux phrases, la chanteuse les a probablement répétées souvent depuis la sortie de son second disque, Colour Moving and Still. Tout d’abord, parce qu’après avoir annoncé qu’elle partait en tournée accompagnée d’un groupe, elle a changé d’avis. «Quand je suis seule au piano ou à la guitare, je suis plus spontanée et la qualité du spectacle n’en est que supérieure. De plus, ça permet aux gens d’entendre les chansons telles que je les ai composées, et selon moi, c’est la meilleure façon d’entendre un morceau», assure-t-elle.

On pourrait également croire que Chantal assume mieux sa solitude et le fait d’être maître de sa destinée, parce qu’elle a de moins en moins de difficulté à s’affirmer dans un univers dominé par les hommes. «L’évolution la plus notable entre Colour Moving and Still et Under These Rocks and Stones (1997) se remarque dans la qualité de l’écriture mais aussi dans ma plus grande confiance en moi, particulièrement en studio. C’est difficile, quand on est la seule femme mais aussi la plus jeune, de défendre son point de vue auprès du producteur et des musiciens. Maintenant, je suis capable de dire: >Non, ce n’est pas bon!>, parce que mes albums représentent qui je suis. Je veux qu’ils me ressemblent.» Cela dit, depuis toujours, Chantal considère être du type leader. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’elle a choisi de faire une carrière solo.

C’est en écrivant les morceaux de Colour Moving and Still que Chantal a réalisé que l’inspiration naissait de l’observation des événements survenant autour d’elle mais aussi de la solitude. «Pendant la tournée Under These Rocks and Stones, je n’écrivais pas, par manque de discipline, et lorsque est venu le temps d’écrire de nouvelles chansons, je n’avais pas d’inspiration. À tel point que j’ai pensé que le premier album était une heureuse coïncidence et que je ne parviendrais plus à écrire, comme je l’avais toujours fait dans le passé», raconte-t-elle. En fin de compte, la chanteuse-compositrice-interprète a été capable de composer des chansons quand elle a cessé de résister à l’absence d’inspiration. Et à l’avenir, elle s’imposera plus de discipline. «La solitude que la tournée impose – loin des proches et de son amour – est une source d’inspiration.»

Chantal l’avoue candidement, elle n’aime pas beaucoup que les journalistes lui posent des questions sur son conjoint Raine Maida (chanteur d’Our Lady Peace) en entrevue. «C’est un peu frustrant de me rendre compte que mon mari est plus important que le contenu de mon album, mais c’est la vie!» dit-elle en souriant. En fait, ce qui l’irrite, c’est le fait que les gens supposent que Raine l’a aidée à composer les chansons de son dernier disque. «Bien sûr, la présence de Raine dans ma vie transparaît sur l’album et on a composé ensemble les paroles de Little Things, ainsi que la musique de Dear Life. Mais c’est tout. Il était occupé à travailler sur son propre disque, alors il ne pouvait pas en plus composer le mien!» Chantal Kreviazuk se débrouille très bien toute seule, qu’on se le tienne pour dit!

Le 19 mars
Au Spectrum
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