The Sadies : Frères de son
Musique

The Sadies : Frères de son

Lorsqu’on joue dans un groupe canadien totalement inconnu du grand public, il y a des invitations qu’on ne peut pas refuser. Ainsi, lorsque leur pote Greg Keelor, de Blue Rodeo, a invité les Sadies à les accompagner en tournée, le groupe torontois a répondu «présent!».

Lorsqu’on joue dans un groupe canadien totalement inconnu du grand public, il y a des invitations qu’on ne peut pas refuser. Ainsi, lorsque leur pote Greg Keelor, de Blue Rodeo, a invité les Sadies à les accompagner en tournée, le groupe torontois a répondu «présent!».
«Grâce à Blue Rodeo, on joue dans des endroits dont on n’aurait jamais pu rêver, dans des villes où on ne serait normalement pas les bienvenus!» lance en riant Travis Good, l’homme à cordes des Sadies. «Lorsque tu fais une première partie comme celle-là, la pire chose qui puisse t’arriver, c’est que quelqu’un crie >Blue Rodeo!> au beau milieu de ton set. Comme ce n’est pas encore arrivé, je peux te dire que les choses se passent extrêmement bien dans cette tournée…»
Profitant d’une halte à Moncton, au beau milieu de la tournée, c’est chez leur ami Rick White, l’ex-Eric’s Trip aujourd’hui membre d’Elevator to Hell, que les Sadies se reposent aujourd’hui. «On aimerait bien que Rick participe au prochain album; on a d’ailleurs enregistré quelques trucs depuis qu’on est ici, avec du Moog et d’autres trucs bizarres.» Faudra-t-il ajouter le rock psychédélique à la longue liste de styles pratiqués par les Sadies? Avec ce qu’on connaît de ces pourvoyeurs de western-spaghetti-surf-country-bluegrass-punk-garage, ça n’aurait rien d’étonnant. Sur le récent Pure Diamond Gold, paru l’automne dernier sur l’étiquette de Chicago Bloodshot, le groupe ne semblait pas prêt à se limiter à un seul de ces genres. «Et ça risque de continuer, poursuit Travis. On est comme ça: pas de direction précise, pas de gérant; on s’étale dans tous les sens et on aime ça!»
Pour Travis, qui butine de la guitare au banjo à la mandoline, et pousse la chansonnette de temps à autre, The Sadies est aussi une affaire de famille, puisque son frère Dallas (qu’on avait déjà remarqué au sein des regrettés Phonocomb) y officie également à titre de claviériste, guitariste et chanteur occasionnel. En fait, tout le monde est chanteur «occasionnel» chezles Sadies, qui est un groupe largement instrumental.
Bien qu’ils aient passé leur adolescence à se gaver de punk-rock, les deux frères ont aussi développé une passion pour le bluegrass, le country, et pour toutes les musiques du terroir américain. «Notre façon d’approcher le country et les autres musiques roots peut sembler iconoclaste, mais en fait, elle se rapproche probablement plus des origines que cette merde country pop qui tourne à la radio en ce moment, lance Dallas, prenant le relais de son frère au téléphone. Effectivement, il nous arrive de jouer pour des publics plus âgés de vrais fans de country, dans des salles communautaires, et ils ne se plaignent pas de notre son!» Les Good ont de qui tenir, puisque leur oncle et leur père font partie d’une formation bluegrass bien connue au Canada qui s’appelle – je vous le donne en mille – The Good Brothers. Bruce et Larry Good ont aussi participé à Pure Diamond Gold, un disque enregistré en partie chez… Greg Keelor! Décidément, avec les Sadies, on reste en famille.
Le prochain album sera d’ailleurs enregistré à la ferme de Greg, où le groupe sera rejoint par le célèbre ingénieur Steve Albini, qui est aussi un habitué des projets des Sadies. «On a vraiment adoré enregistrer là-bas et on a franchement hâte d’y retourner. C’est très relaxant, la maison est superbe, et Greg passe son temps à faire des barbecues. Le bonheur, quoi!» Avant de retrouver Greg sur ses terres, les gars de Sadies s’écarteront à nouveau de la tournée de Blue Rodeo, histoire de se pointer au Jailhouse et de revenir à une échelle à laquelle ils sont plus habitués. «Ouais, ça nous ramène les pieds sur terre, et ça nous permet de jouer trois heures plutôt que de faire un petit set d’une demi-heure. Évidemment, si tu joues aussi longtemps, tu cours le risque d’entendre quelqu’un crier >Blue Rodeo!>, même si on joue seuls!»

Le 21 mars
Au Jailhouse Rock Café
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