John Paul Jones : L'ex-Zep
Musique

John Paul Jones : L’ex-Zep

C’est connu: John Paul Jones était le moins flamboyant des quatre membres de Led Zeppelin. Mais Jones n’était pas qu’un faire-valoir: il était et est toujours un musicien de studio fort prisé et un arrangeur-producteur; c’est ce qu’il s’est appliqué à perpétuer depuis la dissolution du mégagroupe en 1980. Il remonte sur scène pour la première fois depuis dix-neuf ans.

C’est connu: John Paul Jones était le moins flamboyant des quatre membres de Led Zeppelin. Dans le film The Song Remains the Same, dont j’ai goulûment avalé chaque plan séquence pas moins de trente-cinq fois, JPJ m’apparaissait encore plus effacé. Le partenaire silencieux. Ce que Bill Wyman était aux Stones probablement, écrasés tous deux par la présence d’imposants chanteurs et guitaristes. Mais Jones n’était pas qu’un faire-valoir; après tout, n’est-ce pas lui qui a fondé le gros dirigeable en 1968 avec Jimmy Page? Parce que Jones était et est toujours un musicien de studio fort prisé et un arrangeur-producteur de talent; et c’est ce qu’il s’est appliqué à perpétuer depuis la dissolution du mégagroupe en 1980.
De Françoise Hardy à Cat Stevens et de Burt Bacharach à Eddie Mitchell durant les années soixante, mister Jones a repris le collier dans les années quatre-vingt en produisant des bandes sonores, en collaborant avec Brian Eno, R.E.M., avec Peter Gabriel sur l’album Us, les Butthole Surfers, la cantatrice provocante Diamanda Galas, etc. Avec cette dernière, lors d’un concert à Chicago, quelqu’un dans la foule a réclamé la chanson The Song Remains the Same. Jones raconte: «Elle s’est tournée vers lui, le vitriol dans les yeux, et lui a répliqué: "No it doesn’t, motherfucker!" J’ai bien rigolé parce que je n’ai pas eu besoin de répondre.»
Il y a deux ans, il formait Zooma et partait en tournée: «Une chose que je n’avais pas faite depuis dix-neuf ans, sauf lors de cette tournée avec Galas. J’ai ressenti à nouveau le désir de jouer pour un public. Et pas n’importe quoi: du rock’n’roll. De l’énergie. C’est pourquoi j’étais dans Led Zeppelin de toute façon, confie le bassiste. Mais il me fallait un prétexte. Il fallait un disque. On a donc enregistré Zooma en pensant tournée. C’est agréable de se rapprocher enfin du public, ce qui était tout le contraire lorsque nous faisions les grands stades à la fin de Zeppelin. Jouer dans les petits endroits est à l’origine de mon enthousiasme à devenir msicien.»
Zooma est, étonnamment, un disque instrumental. Choix difficile? «Au contraire! Ce fut un choix incroyablement facile. La matière de ce disque est lourde et tout ce qu’il y a autour, ce sont des riffs de blues.» Un power trio? «C’est exactement ce que c’est. Et avec Nick Beggs au Chapman stick et Terl Bryant à la batterie, je peux manoeuvrer aisément. Même sans frontman. Faut dire qu’avec Zeppelin (il omet volontairement le Led), on en avait tout un…» Et cette nouvelle basse à huit cordes? «Je l’utilisais déjà à l’époque de l’album Presence (1976). C’est bien parce que je peux m’en servir en duo avec le guitariste. On m’en a même fabriqué une à douze cordes juste pour cette tournée.»
Accueilli tièdement par la critique, Zooma peut sembler décevant pour ceux qui s’attendaient à un projet plus sophistiqué, plus actuel. À l’écoute de plusieurs pièces, on croirait entendre Godzilla qui débarque et casse tout sur son passage. Mais on retrouve aussi le mandoliniste rêveur sur l’acoustique The Smile of Your Shadow, qui, à coup sûr, plaira aux nostalgiques. Le genre d’album qui prend toute son importance sur une scène, finalement. «On fait Zooma au complet, quelques-unes de la trame sonore de Scream For Help (1985) et quatre chansons de Zeppelin: Trampled Under Foot, Black Dog, No Quarter (sa pièce fétiche) et When the Levee Breaks, toutes en versions intrumentales.»

Le 1er avril
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