Live à Miami : Winter Music Conference 2000
Musique

Live à Miami : Winter Music Conference 2000

J’ai perdu mes lunettes de vue à Miami. Raison de plus pour ne retenir que des souvenirs flous et des images embrouillées d’une semaine passée au Winter Music Conference 2000.

Winter Music Conference 2000
Du 25 au 29 mars à South Beach, Miami

J’ai perdu mes lunettes de vue à Miami. Raison de plus pour ne retenir que des souvenirs flous et des images embrouillées d’une semaine passée au Winter Music Conference 2000. Du 25 au 29 mars dernier, toutes les têtes d’affiche du milieu de la musique électronique s’étaient donné rendez-vous à South Beach pour quelques jours (et nuits surtout…) d’échange, de promotion, et de prestations.
Pas surprenant que Donatella ait fermé les volets des fenêtres du manoir Versace tant le brouhaha sur Ocean Drive se faisait insupportable. Toutes sortes de professionnels de l’industrie du disque se mêlaient allègrement aux club kids, latin lovers et ghetto blasters venus de partout à travers le monde pour assister à cette incontournable célébration de la musique.
Les journées ne débutent jamais avant midi et se terminent à l’aube du lendemain matin. Les fervents amateurs de musique électronique ne savent plus où donner de la tête tant l’agenda est rempli à craquer des noms les plus courus de la scène internationale. Dans différentes boîtes plus design les unes que les autres, jouent en même temps des D.J. immanquables tels Armand Van Helden, Fatboy Slim, Moby, Victor Calderone, Kruder & Dorfmeister et Dimitri From Paris. Il n’est pas rare non plus de partager une pointe de pizza au coin d’une rue avec Daft Punk et Basement Jaxx, ou encore de boire une bière au coin d’un bar en compagnie de Cassius et de Groove Armada.
Parmi les événements les plus inoubliables de la semaine, figure le dixième anniversaire des légendaires Masters At Work («Lil’ Louie» Vega et Kenny «Dope» Gonzalez), accompagnés de leurs nombreux invités dont DJ Jazzy Jeff, David Morales et Jody Watley. Pour célébrer ses 25 ans de carrière, le parrain de la musique house, Danny Tenaglia, a prouvé qu’il restait le maître des platines en jouant treize heures d’affiée au nouveau club Space. Tout aussi historique fut le festival D’Vox Ultra 2000, dans le cadre duquel Paul Van Dyk, Rabbit in the Moon, Josh Wink, Sasha et John Digweed ont fait danser près de 50 000 personnes sur la plage durant plus de onze heures.
Quoiqu’ils soient encore bien trop humbles pour l’admettre, nos propres D.J. montréalais commencent enfin à se tailler une place de choix dans la cour des grands. Misstress Barbara a encore une fois joué aux côtés de Carl Cox; Luc Raymond et Alain Vinet ont précédé Roger Sanchez et Angel Moraes; A-Trak a fait des siennes parmi Roni Size, Kid Loco et Mark Farina, alors que Fred Everything a partagé ses tables tournantes avec Luke Solomon.
À Miami, Montréal fait résolument preuve de classe et de professionnalisme, tout en étant perçue comme une niche pour les plus récentes découvertes sonores. Les chicanes de famille et les ragots insignifiants vite oubliés, ce sont les talents cultivés chez nous qui sont mis de l’avant dans un esprit de fête et de fraternité. C’est ainsi donc que Tiga a magnifiquement présenté son étiquette de disques Turbo, en compagnie de Jesper Dahlbäck et de ses compatriotes scandinaves au club Bed, un bar très branché parsemé de lits! Patrick Dream et Nav Bhinder distribuaient des t-shirts à l’effigie de leur compagnie Bombay, qui a signé le très attendu nouvel album de Miguel Graça, qui a déjà remporté, il y a de cela quelques années, un prix Juno pour ses talents de compositeur. Tout en faisant la promotion de leur naissante étiquette de disques Dune, dont Jordan Dare sera un des premiers artistes à bord, Double A & Twist ont joint l’utile à l’agréable en se régalant de drum’n’bass durant les soirées de Grooverider, Metalheadz, Goldie et de leur idole de l’heure, Fabio.
Après avoir fait vibrer le Centre Molson, les gars des Productions 514 étient également de la partie, question de rester «Connected» avec leurs innombrables amis, dont DJ Sneak et John Acquaviva. À bord de sa décapotable, Christian Pronovost n’a manqué aucun InBeat de Miami. Des échantillons de la compilation Montréal House Musique 001 partaient comme des petits pains chauds du sac du DJ Kal du label Districk of Montreal, alors que Daniel Desnoyers, piña colada d’une main et compilation DanseXpress Vol. 5 de l’autre, côtoyait autour de la piscine de l’hôtel Radisson des sensations plus commerciales comme Da Hool, ATB ou Sonique.
Quoiqu’une foule de journalistes de la presse écrite, radio et télé aient été présents pour rendre compte de l’engouement de plus en plus populaire pour la musique électronique, les médias les plus influents lors de l’événement de cette année étaient étonnamment les webcasters. Caméra digitale à l’épaule, leurs entrevues, reportages et photos se retrouvaient presque immédiatement diffusés sur leurs sites Internet: www.pseudo.com est une télévision culturelle interactive; www.raveworld.net présente des prestations de D.J. lors d’événements spéciaux; www.grooveradio.com abrite le site officiel des conférences tenues autour de la piscine du WMC; alors que www.radioelectronica.com offre de la musique électronique sur des effets visuels pré-arrangés.
La semaine s’est terminée par une débauche über chichi, épicée par l’impressionnante performance des percussionnistes montréalais Quicksound sur la musique tribale de Nikola Torriero, qui ont décoiffé les mannequins de Miami, tous de Todd Oldham (dé)vêtus! Disons juste que j’ai retrouvé mes lunettes pour l’occasion…