Suzie Arioli Swing Band : Rétro actif
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Suzie Arioli Swing Band : Rétro actif

Musique festive, équilibrée, bien jouée: voilà en résumé à quoi ressemble It’s Wonderful, le premier disque lancé la semaine dernière par la chanteuse Suzie Arioli et son complice, le guitariste Jordan Officer. Du swing, encore du swing, dans toute son expressivité. Mais sans la facture big band, doit-on préciser.

Musique festive, équilibrée, bien jouée: voilà en résumé à quoi ressemble It’s Wonderful, le premier disque lancé la semaine dernière par la chanteuse Suzie Arioli et son complice, le guitariste Jordan Officer. Un disque baignant dans l’atmosphère si envoûtante de Mildred Bailey, Jack Teagarden et Django: le swing, encore le swing, dans toute son expressivité. Mais sans la facture big band, doit-on préciser.
Si le répertoire appartient essentiellement aux années trente, ces chansons ont cependant conservé tout leur stimulus, leur cohérence et une certaine distinction mélodique et mélancolique. Et plus le temps passe, plus ce genre devient indispensable à la santé mentale du jazzeux de base. Comment passer à côté de ces artistes d’exception?
Suzie Arioli est une perle rare. Elle anime et colore ses lignes mélodiques sur les airs de He’s Funny That Way, Lover Come Back to Me et autres titres du disque telle une soliste légèrement décontractée, vaporeuse, mais dont l’approche musicale constitue un véritable régal.
Au soyeux de la voix d’Arioli se frottent les déboulés d’Officer sur sa guitare, son style élégant, son lyrisme inventif et intimiste. Forcément génial. Modestie du guitariste qui, en grand professionnel, sait s’adapter mais, surtout, a l’intelligence de ne pas renoncer à son propre langage. La tradition est le fondement même de son modernisme.
«Nous ne tentons pas d’être rétro, annonce Suzie. Pour moi, ce disque-là ne sonne pas années trente. Il s’agit plutôt de vieilles chansons qui ont un son plus moderne. Elle est là, la nuance. Il faut dire que le son semi-acoustique est très intime. C’est le son simple des petits ensembles qu’on aime.»
«Je suis habituée à ce genre de musique, j’en ai toujours écouté; pour moi, c’est tout à fait naturel. Chaque chanson que nous interprétons a son importance. Quand Billie Holiday dit dans une chanson que son homme ne la traite pas bien, qu’elle se sent mal, c’est plate pour moi d’entendre ça, parce que je sais qu’elle le vivait pur vrai, que son homme, effectivement, la battait! On n’a pas besoin d’être si près de ce genre de mélancolie. On préfère de loin le côté romantique.»
Suzie Arioli est une obstinée qu’on ne décourage pas facilement. Elle a même abandonné complètement la musique pendant huit ans, jusqu’en 1993: «J’étais vraiment écoeurée de faire la même maudite gig plate dans un hôtel, à chanter des covers de Gloria Estefan. C’était rendu que les musiciens du groupe n’étaient même plus capables de se regarder. À un moment donné, je me suis dit: mais qu’est-ce que je fais ici?»
Avec le succès d’estime qui semble se dessiner pour le Suzie Arioli Swing Band, l’agenda sera immanquablement plus garni. Aux côtés du tandem Arioli-Officer, le guitariste Mike Rudd prend beaucoup de place: «Il personnifie en quelque sorte Freddie Green (Count Basie, Billie Holiday) avec ses accords saccadés qui installent le rythme, et Jordan adore cet apport musical dans le groupe.» Et à la contrebasse, on retrouve l’increvable Stephen Barry qui «semble aimer cette incursion dans le jazz».
«Ce qui m’étonne le plus, conclut Suzie, c’est la réaction positive du public francophone. Tu sais, un >anglo band> avec de l’>anglo music>, ce n’est jamais évident. Il y a souvent une différence culturelle. Mais avec nous, ils sont très enthousiastes. Et ça me rassure encore plus.»

Le 9 avril
À La Place à côté
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