Bïa : La jeune femme et la mer
Musique

Bïa : La jeune femme et la mer

Après un passage timide aux Francos il y a deux ans et un retour remarqué à Coup de Coeur francophone cet hiver, la Brésilienne Bïa est de nouveau parmi nous, question de présenter son nouveau tour de chant polyglotte et son nouvel album Sources qui, soit dit en passant, est un petit  bijou.

Après un passage timide aux Francos il y a deux ans et un retour remarqué à Coup de Coeur francophone cet hiver, la Brésilienne Bïa est de nouveau parmi nous, question de présenter son nouveau tour de chant polyglotte et son plus récent album Sources qui, soit dit en passant, est un petit bijou. Un spectacle complètement acoustique, ça va de soi, où la petite fée de Rio s’entoure de trois musiciens polyvalents. Des gens qui ont traîné leurs sandales chez Zachary Richard, Hermeto Pascoal et Marie-Jo Thério. Le bonheur, quoi!
«On propose une espèce d’itinéraire en musique qui passe par diverses couleurs, diverses langues, divers pays, m’explique Bïa en décrivant des arabesques avec les mains. Au départ, il y a un certain ordre mais tout peut arriver. Ça dépend de l’attitude du public et aussi de mes musiciens. Depuis trois ans qu’on travaille et qu’on vit ensemble, on se connaît très bien et on s’amuse beaucoup. On se provoque un peu, on se joue des tours complices; ils me déstabilisent et me font rire.»
J’imagine la convivialité. On ne se rend pas à un tel spectacle comme on s’en va voir un gros show, mais plutôt comme on irait boire un verre de vin chez des amis qui nous racontent leurs voyages et quelques blagues en égrenant des chansons. D’ailleurs, à une époque où ce fichu métier nécessite un véritable arsenal de moyens, la carrière de Bïa est un modèle de pureté, un défi, une sorte de rafraîchissante anomalie. Avec sa guitare et sa voix caressante, elle chante aussi bien Chico Buarque, Gianmaria Testa, Atahualpa Yupanqui et les Beatles que ses propres compositions, fort belles, comme Les Mûres sauvages ou Un million d’étoiles.
Car les étoiles, elle connaît. Après avoir passé onze ans sur un voilier à courir les mers du monde, à réparer ses voiles et à exercer des métiers temporaires, cette nomade océane rencontre Pierre Barouh (qui est «peut-être le Français le plus brésilien de France», comme l’explique la chanson) et décide, à vingt-sept ans, de vivre de la chansn. Son premier album tout simple, tout beau, La Mémoire du vent, remporte en France le Grand Prix du disque de l’Académie Charles-Cros, même si elle y chante en portugais, en espagnol, en italien. «Ma première langue, c’est le portugais du Brésil; mais mes parents ont été obligés de quitter le pays pour des raisons politiques. On a vécu au Chili et au Pérou, où j’ai appris l’espagnol, et je me suis retrouvée à Lisbonne dans un lycée français à neuf ou dix ans. J’ai adoré ça; et surtout, c’était passionnant et facile. J’aime bien pouvoir m’immiscer dans toutes ces cultures, ces histoires; pas comme une touriste, mais plus de l’intérieur.»
Voilà qui est Bïa. Poétesse, aventurière, «une personne paisible» comme elle se décrit elle-même, curieuse et musicienne jusqu’au bout des ongles. Bïa aurait volontiers chanté sa Complainte africaine avec Lilison Cordeiro comme elle a enregistré Sous le vent du monde (qui clôt son nouvel album) avec la bohème Marie-Jo. Mais vu que le spectacle se déroule à Montréal, mon petit doigt me dit qu’elle n’empêchera personne de la rejoindre sur scène.y

Le 2 mai
Au Lion d’or
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