The Bloodhoundgang : Simples d'esprit
Musique

The Bloodhoundgang : Simples d’esprit

À côté d’eux, les Backstreet Boys passent pour de grands intellectuels, et Limp Bizkit, pour les lauréats d’un Nobel de littérature. Ils en sont toujours au stade anal, ils viennent de découvrir leur pénis, et même si sur disque le contenu musical est alléchant, leur dernier show fut très moyen. Peu importe, les ados leur font la fête. Riffs d’enfer pour une bande de morons.

Au moment de l’entrevue, le bassiste du Bloodhoundgang Jared Hasselhoff s’inquiétait de la vente des billets pour le spectacle en soirée à New York: «On arrive de Floride, et mettons que notre electro fag sound n’avait pas énormément d’adeptes là-bas, ce sont plus des fans de Skid Row.» Le ton est donné, et le tout ne volera pas tellement plus haut au cours des quinze minutes suivantes. Notre ami qualifie donc sa musique d’electro fag sound. Sérieux? Avec toutes ces paroles plus ou moins subtiles? «Oh oui, absolument. Je pense que certaines chansons ont une rythmique très gaie. Et Jimmy, notre chanteur, pourrait très bien être un homosexuel qui s’ignore. Je sais qu’il a une copine, mais de la manière dont je l’ai déjà vu bouffer une banane… De toute façon, tant mieux si les gais aiment ce qu’on fait, cela nous fait vendre des disques.»
Longtemps associé au courant hip-hop-rock, le Bloodhoundgang a intégré une solide touche new wave à sa musique, notamment sur son méga-hit The Bad Touch. Mope, une autre très bonne chanson (musicalement, s’entend…), possède un échantillonnage de Franky Goes to Hollywood, et de Rock Me Amadeus de Falco. Pour vous dire vrai, l’intégration est même fort bien réussie: «Ce sont plus les autres gars du groupe qui aiment ce style, affirme Jared. Moi, j’étais un fan de Judas Priest. Quand le chanteur Rob Halford, le parrain du métal, s’est avoué gai, tout l’univers a changé. Disons que lorsqu’on joue ces pièces sur scène, j’en profite pour aller me chercher une bière, ou pour regarder les seins des filles.»
Voilà peut-être ce qui justifie certaines prestations scéniques pour le moins boiteuses. Le show du Cabaret, il y a deux ans, fut, en ce sens, assez ordinaire: «Je crois que ce qui explique nos mauvaises performances, c’est que le Bloodhoundgang a pris naissance dans un salon pendant un party. Depuis ce temps, nous avons toujours eu l’impression de jouer dans notre salon.»
Chose certaine, en studio, le groupe américain décoiffe. Des arrangements qui, sas être novateurs, possèdent le mérite de groover, des mélodies scotch tape, une palette d’influences: tout pour nous accrocher, nous faire hocher la tête et taper du pied. On vous le répète, c’est quand le chanteur Jimmy Pop ouvre la bouche que ça se gâte, à moins que vous soyez amateur d’une version de The Wall, style «All in all you’re just another dick with no balls…» N’est-ce pas un peu dommage qu’un band aussi inspiré musicalement soit aussi nul en ce qui a trait aux textes: «Moi, je trouve qu’on ne va pas assez loin, jure notre copain bassiste. Non, mais c’est vrai. Tant qu’à donner dans le genre, aussi bien y mettre le paquet. Par contre, je sais que notre guitariste a une petite fille de douze ans à qui il interdit d’écouter notre musique. Je ne suis pas certain que je laisserais mon enfant nous écouter, moi non plus…»
Le Bloodhoundgang ne se fait probablement pas une grande fête de venir à Montréal, ville canadienne, et chacun sait bien (du moins, s’il a lu le texte de la chanson Take the Long Way Home) que tous naissent égaux sur la planète, à part les Canadiens: «En fait, on n’a pas voulu se foutre de la gueule de votre pays. C’est juste qu’aux États-Unis, on peut baiser tout ce qui bouge, alors que les filles chez vous, il faut leur parler, les courtiser. C’est compliqué pour une simple baise.» Compte tenu de l’âge des fans, ça pourrait se compliquer bien davantage encore…

Avec Nerf Herder et A
Le 3 mai
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