Supreme Beings of Leisure : Éros et compagnie
Musique

Supreme Beings of Leisure : Éros et compagnie

Supreme Beings of Leisure donne dans un trip-hop léger, ne vient pas de Bristol, Angleterre, tirant plutôt sa sève à même les lacets d’autoroutes de L.A., et contraste joyeusement avec tous les Green Day, Rancid et autres No Doubt de leur coin de pays. Une énigme réjouissante.

La Californie, du moins au cours de la dernière décennie, a enfanté de nombreux groupes punk ou ska. Terre fertile en décibels et en énergie donc, mais pas vraiment en atmosphères planantes, contraste surprenant avec le mode de vie West Coast, pourtant très relax. Supreme Beings of Leisure donne dans un trip-hop léger, ne vient pas de Bristol, Angleterre, tirant plutôt sa sève à même les lacets d’autoroutes de L.A., et contraste joyeusement avec tous les Green Day, Rancid et autres No Doubt de leur coin de pays. Une énigme réjouissante.
Moins mystérieux que Portishead, moins soulful que Morcheeba et moins riche que Massive Attack, le quatuor américain n’est pas néanmoins dépourvu de tout intérêt. La sensualité de la facture est omniprésente, et ne s’exprime pas simplement dans la voix féminine de Geri Soriano-Lightwood: «Je crois que nous sommes tous des gens très sensuels, explique le guitariste Rick Torres. Nous sommes très allumés par rapport à notre sexualité, et nous fonctionnons de la même manière qu’avec nos sentiments: nous ne sommes pas gênés de les exprimer. C’est pourquoi nos arrangements et nos paroles sont pour le moins sensuels. Ça cadre parfaitement avec Geri, notre chanteuse, que vous devez absolument voir pour saisir toute la dynamique qui nous anime.»
Parce qu’ils possèdent un aspect pop et une certaine légèreté, parce qu’ils arrivent avec quelques années de retard sur un groupe comme Morcheeba (avec qui les filiations sont évidentes), Supreme Beings of Leisure semble toujours à la recherche de l’assentiment du milieu, voire d’une crédibilité à construire. Chose certaine, les membres du groupe sont habitués de se défendre, et ne sursautent pas lorsque questionnés à ce sujet: «Avant Supreme, j’étais dans un band de hip-hop, et avant ça je frayais avec la scène rave californienne depuis 1987, assure Torres. Quand nous avons commencé avec ce genre de musique, nous n’avions aucune idée que ça pouvait ressembler à ce qui se fait à Bristol. En tout cas, notre objectif n’étai pas de sonner comme les formations de cette ville. Le hip-hop et l’électronique sont à la base du trip-hop, et c’étaient les musiques qui nous faisaient vibrer au départ. Il est donc normal qu’au bout du compte, notre facture possède quelques similarités avec les bands de Bristol.»
Parlant de similarités, Geri, la chanteuse, a étudié en cinéma et est donc inspirée par l’image, l’ambiance, et le suspense musical, un peu à l’exemple d’un gars comme Jay-Jay Johanson: «Nous adorons la musique des vieux films d’espionnage, et je compose souvent des trames sonores de films ou d’émissions de télévision dans mes temps libres. Nous allons d’ailleurs participer à la trame sonore d’un film prochainement. Nous y serons aux côtés de Morcheeba.» Comme quoi des milliers des kilomètres ont beau vous séparer…

Avec Gazelle
Le 9 mai
Au Club Soda
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