Musique

Kaliroots : Vie de famille

Quels que soient le registre exploité ou la démarche adoptée, Rien à perdre, le nouvel album de la formation québécoise Kaliroots, est un véritable appel à la danse. Bien que la veine reggae soit rénovée, on n’entend là rien de véritablement neuf. Et pourtant, avec le groupe de Saint-Hilaire, les graves incantatoires de la basse opèrent à fond, et les envolées de cuivres sont libres de toute  contrainte.

Quels que soient le registre exploité ou la démarche adoptée, Rien à perdre, le nouvel album de la formation québécoise Kaliroots, est un véritable appel à la danse. Bien que la veine reggae soit rénovée, on n’entend là rien de véritablement neuf. Et pourtant, avec le groupe de Saint-Hilaire, les graves incantatoires de la basse opèrent à fond, et les envolées de cuivres sont libres de toute contrainte. Les histoires racontées en français et en anglais originent d’un même lieu: le Québec. Et pour galvaniser tout cela, l’envergure orchestrale se dévoile autour des figures hypnotiques jamaïcaines. À n’en point douter, Kaliroots propose un alliage roots-rock-reggae qui s’avère fort subtil.

Au bout du fil, en arrière-fond, j’entends depuis le début de mon entretien avec le claviériste Jean-Sébastien Girard des piaillements: «Il y a mes deux enfants ici; ça brasse pas mal, précise-t-il. Je voulais juste que tu saches ce qui se passe avant de recenser la marmaille des autres membres du groupe: «Le chanteur en a deux lui aussi, et il en attend un troisième; tandis que le bassiste, le batteur et le percussionniste ont tous les trois un fils. Les enfants nous accompagnent régulièrement lors de nos spectacles, nos femmes viennent aux répétitions: nous avons créé des liens axés sur les valeurs familiales. Nous ressemblons un peu à une commune. Ça cadre fort bien avec le reggae: une musique possédant une conscience sociale et familiale. Il y a un message d’intégrité et de retour aux racines.»
Et, prend-il le soin d’ajouter, de souches musicales diverses: «Le batteur jouait auparavant du heavy métal dans un groupe hommage à Metallica. Le trompettiste supervise la section de cuivres d’une école secondaire. Le tromboniste, le saxophoniste et le guitariste ont une formation classique, tout comme moi. Alain Peddie, notre chanteur, provient du milieu des chansonniers: lorsqu’il chante du Beau Dommage ou du Harmonium auprès d’un feu, tu ne croirais jamais qu’il fait partie d’un groupe reggae», expliue Jean-Sébastien.
Avec tout ce melting-pot de musiciens, Rien à perdre à été enregistré au réputé studio Lion and Fox à Washington. «On s’est fait dire que c’était la meilleure place pour enregistrer du reggae en dehors de la Jamaïque.» Girard cite avec enthousisasme les noms des grands du reggae qui sont aussi passés par là: la famille Marley, Inner Circle, Israel Vibrations, Culture, Steel Pulse, etc. Au-delà de cette expérience de studio, Kaliroots a tissé des liens solides avec la tradition reggae; notamment le 14 février 1998, jour où ils ont joué en première partie des mythiques Wailers au Medley. Mais aujourd’hui, l’ensemble de onze musiciens est résolument tourné vers l’avenir, qui passe désormais par Internet. «En vendant nos albums par l’entremise du logiciel MP3, ça nous a donné confiance, raconte Girard. Au début, on offrait deux chansons gratuitement et l’impact fut immédiat: on est resté numéro un au palmarès reggae de MP3 pendant un an. Avec ces deux chansons (dont Soldiers of Babylon), on est toujours dans le Top 10. L’effet d’entraînement est tel qu’on reçoit des courriels de partout, les albums se vendent à Tokyo, en Allemagne, en Suède, beaucoup aux États-Unis. On a même créé un site en espagnol, bref Internet nous a grandement aidés.»

«La philosophie de Kali Roots est simple: il n’y a ni frontières, ni langues, ni couleurs, résume Jean-Sébastien. Nous somme blancs et nous jouons du reggae. On est tous des frères.»

Le 10 juin
Au Medley
Voir calendrier Jazz, Blues, etc.