Musique

Live à Montréal : Retour sur le MEG

DJ Maüs, Kid Loco, Bosco, Le Lutin
Le 31 mai au Club Soda

Pour lancer cette série de quatre soirées au Club Soda, l’organisation du MEG avait programmé une D.J. locale à l’aube de la reconnaissance (DJ Maüs), un D.J. français ayant un pouvoir d’attraction indéniable sur le public montréalais (Kid Loco), un groupe d’iconoclastes house-rock débordants de fraîcheur (Bosco), et un D.J. drum’n’bass toulousain pour qui les rythmes se jouent purs et durs (Le Lutin). Si la foule compacte s’étant rassemblée au Club Soda a été attentive à la D.Jette montréalaise et à ses mix aux ambiances variées (passant du drum’n’bass froid et mécanique au ragga le plus chaud), lui réservant même un accueil assez enthousiaste, c’était sans aucun doute pour le Parisien Kid Loco qu’elle s’était déplacée. Celui-ci en a surpris plus d’un avec un set hautement festif, mâtiné de house, de breakbeat et de hip-hop funky qui détonnait sur ce que le maître couche habituellement sur vinyle. Loin d’être déçus, plusieurs s’en sont même trouvés suffisamment comblés pour déguerpir avant que la formation Bosco ne monte sur scène. Question de leur donner des remords de conscience, disons que la performance de Bosco fut certainement l’une des plus rafraîchissantes du MEG (avec celles de Zuco 103, Arkin Allen et Cosmik Connection). Loin de se prendre au sérieux, le duo formé de Stéphane Bodin et François Marché (plus un batteur pour la transposition live) aura démontré que la musique électronique ne sert pas qu’à danser, mais qu’elle peut être ludique, parodique, et, jusqu’à un certain point, totalement affranchie des courants à la mode. Le genre de concert qui vous met un sourire au visage, un peu à la manière des Rythmes Digitales ou d’Arling & Cameron. Bref, la table était mise pour que la deuxième édition du MEG s’annonce fertile en découvertes.
(Eric Parazelli)

Dr. Noh, Cosmik Connection, U-Cef, Arkin Allen
Le 1er juin au Club Soda

Avant même que la deuxième édition du MEG ne débute, tous semblaient d’accord pour affirmer que cette soirée allait en être une de découvertes. Après un début un peu brouillon, sous la gouverne obscure de Dr. Noh (ses platines emboîtant plutôt mal le pas au magma sonore des musiciens sur scène), la révélation de ce jeudi frileux s’est produite dès le deuxième acte. Les Lyonnais de Cosmik Connection nous ont littéralement décoiffés. Toutes les appellations à la mode (jungle, drum’n’bass, dub et ragga) se prêtent à décrire ce raz de marée. Cette polyrythmie synthétique, assurée par l’échantillonneur-chanteur Jérémie Picard, est cadencée aussi sauvagement qu’habilement par le batteur Philippe Garcia. Négligeant le reste de sa modeste artillerie au profit d’une caisse claire assassine, Garcia fut sans conteste le héros de la soirée. Cosmik Connection, c’était donc ça: une ligne mélodique jazz (parfaite symbiose entre le sax alto et le claviériste) vitaminée de pulsions ébouriffantes. Jouissif. Par la suite, U-Cef a pris le parti (très discutable) de désamorcer les collages maghrébins qui sont l’essence de Halalium, le disque qui a tant fait saliver la critique, pour nous livrer un set schizo, sans réelle identité. Tapochant maladroitement sur ses «chaudrons» et laissant trop de place à un M.C. sans grand talent de rassembleur, il nous a laissés plutôt froids du fait de son manque de relief. Un dur passage du studio à la scène. Dommage.

Tout de suite après, bien que la salle se soit considérablement vidée, il restait Arkin Allen. Une belle surprise: pour rehausser ses pulsions house, techno, tribales et jungle, le D.J. avait invité un percussionniste, et les deux se sont relancés sans cesse, offrant un intérêt tant visuel que sonore. La grappe de «nuitards» toujours présents se sont attroupés près de la scène, et tout le monde a embarqué. Mieux, tout le monde a dansé. Deux sur quatre. Pas mal pour une soirée découverte.
(Claude Côté)

Fred Everything, Zuco 103,Couch Potatoes, I:Cube et Gilb’r
Le 2 juin au Club Soda
On attend l’été depuis quelques semaines, mais on a eu l’impression qu’il se pointait vraiment le nez vendredi soir, au Club Soda. Pour cette troisième soirée du MEG, Zuco 103 et les Couch Potatoes ont offert des prestations rafraîchissantes et ensoleillées. Et même si le spectacle de Zuco 103 a eu un peu de mal à décoller, le groupe hollandais s’est rapidement repris en nous balançant ses rythmes brésiliens mixés à des sonorités électroniques. À l’image de sa chanteuse, Lilian Vieira, Zuco 103 a fait preuve d’un charme indéniable: impossible de résister à cette musique tout à fait accrocheuse. D’ailleurs, la grande force du groupe, c’est que les membres de Zuco ont réussi à remettre au goût du jour une musique qui était probablement très peu connue par les gens présents dans la salle. Notons aussi la présence de l’excellent «scratcheur» Get Hyper, qui a joyeusement charcuté l’hymne national du Canada. Pour leur premier spectacle officiel, les Couch Potatoes ont fait très bonne figure, même si leur prestation était légèrement échevelée. Avec huit musiciens sur scène (dont deux membres des Respectables), la formation nous a servi un house contagieux agrémenté, entre autres, d’arrangements de cuivres. Sans prétention, la musique des Couch Potatoes a fait lever le party. Dommage que leur version de Soleil, soleil de Nana Mouskouri n’ait pas été à la hauteur de ce qu’on avait entendu précédemment. Mais pour le reste, on est repartis du Club Soda avec un grand sourire, comme si on avait passé une journée sur la plage.
(Frédéric Boudreault)

Zimpala, Les Négresses Vertes, Les Clones, Alain Vinet
Le 3 juin au Club Soda
C’est un public fort différent de celui qui avait jusqu’alors fréquenté le MEG qui s’est pointé à la «Nuit Négresses», qui clôturait un événement qu’on peut qualifier de réussite. On ne peut toutefois pas en dire autant des stars de la soirée, qui, malgré un plaisir apparent, n’ont jamais dclenché la folie espérée. À notre grand étonnement, l’électronique n’était pas du tout présente sur scène, mais on la retrouvait en abondance au fond de la salle. L’ingénieur du son, derrière sa console numérique Yamaha O2R, a réglé la soirée avec la précision d’un aiguilleur de rails suisse. En studio, ce genre de machine doit faire économiser un temps fou mais sur scène, elle aplanit le son et le vide de toute émotion. Le groupe, par osmose, semblait jouer en deçà de ses capacités, donnant le strict nécessaire à l’interprétation de son cocktail franco-latino-arabo-groove. Pourtant, l’ambiance était là, et le public était fort heureux de pouvoir goûter à des classiques comme Face à la mer et Zobi la mouche; mais on ne sentait pas la folie de l’époque d’Helno, ni l’audace de leurs récentes expériences de studio. Même Ce pays, pièce monumentale sur l’album, manquait terriblement de relief sur scène. Il y avait d’autres performances, bien sûr: mais on a malheureusement peu porté attention au set de Zimpala, hypnotisés que nous étions par les projections laser de l’artiste français Bug, efficaces et spontanées malgré un certain dépouillement. Les Clones, joyeux duo sautillant, nous a livré la quintessence de la French touch, une house funky aux airs de Cassius. Lorsque le D.J. local Alain Vinet est arrivé, accompagné de deux percussionnistes, la salle était malheureusement presque vide. La «Nuit Négresses» aura été la fausse note d’un événement par ailleurs remarquable. (Nicolas Tittley)