Musique

Retour de son : Zuco 103Graeme AllwrightL7 et Black Halos

Zuco 103
Le 1er juin, au Kashmir
Comment savoir où un groupe comme Zuco 103 peut nous mener sans l’avoir vu en concert? Outro Lado, premier album des Hollandais, suggérait une ambiance de lounge amazonien. On s’attendait à se faire bercer, voire envoûter par Lilian Vieira et ses complices. Le trio, devenu sextuor pour l’occasion, nous a plutôt balancé une décharge «brésilectrique»! Sur disque, Zuco 103 propose un mélange équilibré de sonorités brésiliennes traditionnelles et électroniques. Sur scène, le groupe passe lentement d’un univers à l’autre. Il mise d’abord sur les percussions naturelles et un son de piano plutôt classique, pour ensuite mettre l’accent sur des rythmes et des sons piqués aux musiques électroniques. Plus le concert avançait, plus la musique devenait moderne, éclatée, et plus elle magnétisait les danseurs. Seules constantes: un groove irrésistible et la voix profonde, sensuelle et enjouée de la charmante Lilian Vieira. On s’en voudrait de ne pas noter le travail exceptionnel de Git Hyper. Les D.J.’s de cette trempe sont trop rares. Ses scratches, subtils ou rentre-dedans, ajoutaient beaucoup de couleurs et collaient immanquablement au groove des chansons. Chapeau! (A.V.)

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Graeme Allwright

Les 1er et 2 juin, Aux oiseaux de passage
Dans une escale inespérée, le chanteur aux pieds nus fut un régal de présence, d’une énergie invraisemblable, si bien que je suis retourné le voir une seconde fois. Un peu plus fatigué, il n’en a pas moins livré la même performance impeccable de 2 heures 10 sans entracte, incluant un rappel de cinq pièces. Alternant des succès qui faisaient fondre les spectateurs plus âgés et des pièces plus récentes qui démontrent son actualité, le chanteur de 74 ans a fait figure d’immortel. Danse-moi vers la fin de l’amour et Tout le monde le sait, traduites du patrimoine Cohen, ont assuré des frissons d’amour et d’effroi, tandis que son fils Christophe Allwright, délaissant un instant sonrôle d’accompagnateur, a présenté quelques morceaux aigres-doux qui ont fait oublier son air paniqué. Il ne reste plus qu’à attendre le nouvel album du père en compagnie du Glen Ferris Quartet. (T.B)

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L7 et Black Halos

Le 5 juin, au Kashmir
Après l’énergique prestation de Black Halos, qui illustrait on ne peut mieux le fameux «sex, drug & rock’n’roll» avec ses riffs incisifs et son chanteur aussi exhibitionniste que défoncé, les quatre filles de L7 ont fait leur entrée sur les airs très judicieux du Pussy Control de Prince. Si tout était rodé au quart de tour, que la nouvelle venue à la basse, Janis Tanaka, était une bête de scène encore plus féroce que ses comparses, que Dee Plakas à la batterie était impeccable et que Suzi Gardner et Donita Sparks s’acquittaient très bien de leurs tâches à la voix comme à la guitare, le spectacle a tardé à prendre son envol. C’est en dépoussiérant le bon vieux Shitlist, au terme des quatre premières chansons, que le quatuor a enflammé la salle. Dès lors, les pièces, presque toutes efficaces, se sont succédé à un bon rythme, la part du lion ayant été réservée aux pièces de Slap-Happy, livrées avec beaucoup plus de chien que sur l’album. On aura ainsi eu droit à un peu plus d’une heure de rock féminin musclé, livré avec beaucoup d’énergie. À un généreux rappel de trois chansons aussi. Et on en aurait repris encore… (N.H.)