The Bellrays : Urgence santé
Musique

The Bellrays : Urgence santé

Entourée de trois musiciens rock’n’roll-punk au max, une chanteuse black avec plus de soul que toutes les midinettes r’n’b réunies, qui s’époumone comme peu osent encore le faire, qui se déchaîne sur scène comme la jeune Tina Turner pouvait le faire à une époque où elle était vraiment fâchée, et qui s’arrache les tripes pour les donner en offrande sur l’autel du rock’n’roll! Bref, le genre de prestation qui reste gravée dans la mémoire.

L’histoire se passe en décembre dernier, aux Transmusicales de Rennes, en France. Il est quatre ou cinq heures du matin, l’auteur de ces lignes est sous l’effet du décalage horaire et n’a pas dormi depuis au moins vingt heures. Il a très envie de retrouver sa chambre d’hôtel mais se donne dix minutes supplémentaires pour jeter un oeil au dernier groupe à passer sur la grande scène du Palais omnisport: des inconnus, les Californiens The Bellrays. En quelques chansons, c’est le coup de pied au cul fatal! Entourée de trois musiciens rock’n’roll-punk au max, une chanteuse black avec plus de soul que toutes les midinettes r’n’b réunies, qui s’époumone comme peu osent encore le faire, qui se déchaîne sur scène comme la jeune Tina Turner pouvait le faire à une époque où elle était vraiment fâchée, et qui s’arrache les tripes pour les donner en offrande sur l’autel du rock’n’roll! Bref, le genre de prestation qui reste gravée dans la mémoire.

Leur mouture brute et énergique, The Bellrays l’ont baptisée la «rock’n’soul revolution». Mais lorsqu’on leur demande de préciser leur philosophie musicale, ils vont droit au but. Jointe sur une route du Montana, Lisa Kekaula, la chanteuse en question, explique: «Notre philosophie musicale est assez simple: on ressent les choses, on les écrit, et on les joue! We do what we have to do…» Son bassiste Bob Vennum se montrera un peu plus loquace: «Nous ne jurons que par une certaine énergie musicale, une urgence et une spontanéité que l’industrie a fini par détruire complètement. Nous essayons de redonner vie à cette énergie car nous croyons que c’est de cette façon que se jouera le futur de la musique.»

Si les commentaires dithyrambiques fusent de toutes parts à propos de cet étrange groupe indépendant qui possède quelques cassettes et un seul album à son actif (Let It Blast, enregistré dans leur local de pratique!), il n’est toujours pas question pour les Bellrays de devenir les nouveaux poulains d’une multinationale du disque. Et ce n’est pas faute ‘offres: «Qui ne rêve pas d’être son propre patron? répond Lisa. C’est beaucoup de travail, c’est certain, mais l’idée qu’une grosse compagnie de disques vienne nous soutirer chaque parcelle de créativité qu’il est possible de nous prendre, c’est quelque chose que l’on veut éviter à tout prix.» «Les majors ne veulent que vous enlever tout le contrôle sur votre création, prendre la plus grosse part des revenus, ajoute Bob. Tout ce qu’ils désirent, c’est vous utiliser jusqu’à ce qu’ils considèrent que vous n’êtes plus utile! Ils ne font que suivre une logique bêtement mercantile. Quel être humain sensé, se préoccupant de sa créativité, voudrait ça? Certains nous ont approchés avec énormément d’arrogance; ils étaient certains qu’on attendait impatiemment leur appel à côté du téléphone! De plus, souvent, ils ne nous avaient même pas vus en show ! Ils n’avaient lu qu’un ou deux articles sur nous, et, si on leur avait envoyé une cassette comme ils nous l’avaient demandé, ils l’aurait probablement jetée à la poubelle s’ils ne s’étaient pas levés du bon pied ce matin-là…»

«Les commentaires très positifs qu’on fait à propos de nous dans les médias nous flattent, c’est certain, avoue Lisa, mais on est plutôt contre l’idée que le public, en général, attende que d’autres lui disent ce qu’ils en pensent pour se faire une idée. De toute façon, on n’attend après personne pour nous dire que ce que l’on fait est super bon: on le sait déjà!» Vous savez ce qu’il vous reste à faire…

Le 15 juin
Au Jailhouse
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