Bernard Primeau : L'école du jazz
Musique

Bernard Primeau : L’école du jazz

Ça fait quinze ans que l’on entend de manière régulière des gens nous dire qu’ils " arrivent de chez Bernard ", qu’ils y sont passés à la sortie de l’université, où qu’ils rêvent d’aller y faire un tour d’ici quelques années. Chez Bernard, c’est chez Bernard Primeau, et on y cause jazz…

Voilà maintenant quinze ans qu’il s’affiche comme l’un des rendez-vous incontournables de Montréal. Quinze années durant lesquelles, malgré les aléas de ce satané marché, il a réussi à survivre, voire à prospérer. Tout ce temps, et le mobilier qui reste le même, sans pourtant s’empoussiérer, le chef s’assurant des nouvelles influences. Ça fait quinze ans, donc, que l’on entend de manière régulière des gens nous dire qu’ils " arrivent de chez Bernard ", qu’ils y sont passés à la sortie de l’université, où qu’ils rêvent d’aller y faire un tour d’ici quelques années. Ici, Chez Bernard rime avec jazz plutôt qu’avec bouffe…
Yannick Rieu, Rémi Bolduc, Jean Beaudet, Éric Saint-Laurent, Norman Guilbeault, Frédéric Alarie… on ne compte plus le nombre de musiciens qui ont touché du bop avec Bernard. Des musiciens de talent… et de caractère, qui, fraîchement débarqués de l’école, avaient sans doute bien d’autres envies que de se frotter au cadre plutôt conservateur de Primeau: "Pendant un bout de temps, c’est une question qui m’a gêné, avoue le batteur. Je me demandais si des gars de vingt ans désiraient jouer avec un musicien de quarante. Ils avaient envie de musique éclatée; quant à moi, les structures free n’étaient pas mon fort. Qu’allaient-ils penser de moi? C’est une question que j’ai dû régler avec moi-même, parce que j’avais besoin de jeunes dynamiques, pleins d’énergie, qui avaient le feu et qui étaient intéressés à jouer et à tourner. Il n’y avait rien à faire avec les gens de ma génération."
Au-delà de toute considération artistique, force est d’admettre que le batteur montréalais s’est toujours démené pour proposer du travail à ses collègues. Le maigre circuit des clubs de jazz, bien sûr, mais aussi les salles de spectacle, et même les écoles, question de vulgariser une musique qui ne demande qu’à être démocratisée: "Ça aidait effectivement, note-t-il. Je les faisais travailler et quand on monte un band, c’est l’objectif principal. Eux, en dehors de mon groupe, ils jouaient leur musique plus éclectique. Mais tout ça a changé. Si t’écoutes Virage, que j’ai enregistré il y a trois ans, tu réalises que ce n’est plus le be-bop de mes débuts."
Tous ces jeunes coqs ont certes eu de bons moments en compagnie d’oncle Bernard, puisqu’une grande partie d’entre eux reviendront le saluer le temps d’un ou deux concerts pendant le Festival. Au total, quatre spectacles porteront la signature de Bernard Primeau, chacun offrant une parcelle d’un spectre pour le moins assez large. Bien que Le Party à Bernard, Saxcite et Un souffle latin attisent la curiosité, c’est d’abord la réunion du sextette original qu’on voudra entendre. Revoir les Rieu, Bolduc, Lapp, Guilbeault et autres Penfold, ensemble sur une même scène, gratifiés par quinze années d’expérience supplémentaires, revêt en effet tous les atours d’une très grande soirée. Derrière ses peaux, le vieux loup sourira sans doute, débarrassé de tous ses complexes…

Au Gesù
Le 8 juillet
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