Lenine : L'homme des étoiles
Musique

Lenine : L’homme des étoiles

On a découvert Lenine avec un album à saveur extraterrestre, le bien nommé O Dia que Faremos Contato, titre que l’on pourrait traduire par "le jour où nous entrerons en contact". Manque de pot, le chanteur brésilien, qui affiche ouvertement sa fascination pour les rencontres du troisième type, est plus porté sur les contacts intersidéraux que sur le téléphone.

On a découvert Lenine avec un album à saveur extraterrestre, le bien nommé O Dia que Faremos Contato, titre que l’on pourrait traduire par "Le jour où nous entrerons en contact". Manque de pot, le chanteur brésilien, qui affiche ouvertement sa fascination pour les rencontres du troisième type, est plus porté sur les contacts intersidéraux que sur le téléphone. Résultat: le contact ne s’est pas fait, sinon par la musique. Car rencontre musicale il y a: dans le firmament de la MPB (la Musica Popular Brasileira), cet homme, qui vient d’atteindre la reconnaissance internationale à l’âge respectable de quarante et un ans, est une véritable étoile filante.
Avec son plus récent disque, le fabuleux Na Pressão, Lenine vient de confirmer son statut d’artiste majeur. Les deux pieds dans les traditions rythmiques de Recife, dans la région du Nordeste, véritable creuset de rythmes dont il est originaire, et la tête bien haut dans les nuages, cette espèce de néo-hippie est de la race des inclassables. En l’espace de trois albums (au Brésil, on l’a découvert avec son premier disque, Olho de Peixe, paru en 1994), il a tracé les contours d’une oeuvre singulière où modernité et tradition s’entrechoquent en un joyeux tourbillon. Arrivé à la musique par l’entremise du rock anglais, Led Zep en tête, Lenine a d’abord tâté de la batterie et de la basse, ce qui explique en partie son jeu de guitare endiablé, voire percussif. À la fois extrêmement moderne et hors normes, il n’hésite pas à mêler un air de bossa à des boucles rythmiques, et passe du gros funk sale (voir Jacksoul Brasileiro, qui ouvre Na Pressão) à un psychédélisme groovy qui n’aurait pas déparé un disque d’Os Mutantes sur la pièce-titre, puis se love dans une ballade émouvante (Paciência). Parfois léger, parfois grave (il n’hésite pas à traiter de problèmes sociaux sur des rythmes swinguants), Lenine est insaisissable: lorsqu’on le questionne sur ses influences, il cite plus volontiers Kubrick, Borges, Moebius ou Bilal qu’un quelconque musicien. Aperçu à Bourges plus tôt cette année, Lenine nous donné à tous l’envie d’être brésiliens, avec une fougue et une bonne humeur des plus communicatives. Il s’apprête à faire de même chez nous. Todo Bem.

Au Spectrum
Le 3 juillet
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