Sergent Garcia : Les grandes manoeuvres
Musique

Sergent Garcia : Les grandes manoeuvres

Membre en règle, avec P18 et Manu Chao, du trio des Français au sang musical latin, Sergent Garcia débarque une nouvelle fois à Montréal. Si certains ont été déçus par P18 au Festival de Jazz, on peut cette fois vous garantir, pour les avoir vus au Club Soda, que le Sergent et ses onze amis musiciens offrent le meilleur moyen de perdre vos kilos superflus. Difficile de rester de glace quand le feu est dans la place.

Membre en règle, avec P18 et Manu Chao, du trio des Français au sang musical latin, Sergent Garcia débarque une nouvelle fois à Montréal. Si certains ont été déçus par P18 au Festival de Jazz, on peut cette fois vous garantir, pour les avoir vus au Club Soda, que le Sergent et ses onze amis musiciens offrent le meilleur moyen de perdre vos kilos superflus. Difficile de rester de glace quand le feu est dans la place.

Mise au point d’abord. Contrairement à la rumeur, Bruno Garcia n’est pas, comme Manu Chao ou Tom Darnal (P18), un ex de la Mano Negra. Par contre, Garcia officia jadis au sein de Ludwig Von 88, une autre formation ayant fait les beaux jours des Foufounes électriques, mais qui a vraiment peu à voir avec son nouveau véhicule: «En fait, il y a quand même quelques parallèles à établir, corrige le leader. Je crois qu’on communique la même énergie, on possède encore ce souci de communication avec le public et on a toujours aussi envie de faire la fête. Quant au genre, j’ai toujours aimé les projets différents. Ça me permet d’essayer de sortir les gens de leur cloison stylistique. J’ai parfois l’impression que certaines personnes n’apprécient qu’un style, comme le rap, par exemple, et sont incapables d’en sortir. J’y travaille…»

On a vite associé Sergent Garcia au triumvirat complété par P18 et Manu Chao. C’est la même chose en France où l’on a même tenté – sans succès – de les réunir pour les FrancoFolies de La Rochelle. Les trois groupes puisent beaucoup de leurs inspirations à la source latine, leurs leaders proviennent de formations françaises au passé glorieux, les trois ont sorti leur disque à peu près en même temps, et le même esprit social semble les animer: «Je comprends la comparaison, mais je pense qu’elle doit s’inscrire dans le contexte nettement plus global du métissage, très fort en France présentement. C’est un pays qui possède un historique de mélanges et de passages, une nation cosmopolite. J’ai moi-même des cousins africains, espagnols, français et algriens; et on finit toujours par se nourrir de ça. Et pour revenir à l’aspect musical, ces métissages n’impliquent pas simplement les Caraïbes ou les influences latines, mais aussi les folklores africains, maghrébins et autres. Je dirais donc qu’on s’inscrit, comme P18 et Manu Chao, dans une voie de métissage, mais à laquelle souscrit, au même titre, une formation comme L’Orchestre National de Barbès, par exemple.»

Qui dit métissage, dit pensée sociale. On a parfois même l’impression que le simple désir de croiser les genres est en soi un acte politique, ne serait-ce que dans l’éveil des mélomanes pour des styles moins connus. Sergent Garcia n’y fait pas exception et, à travers le lot de chansons d’amour ou festives (des thèmes incontournables de la musique latine), on y retrouve aussi quelques thèmes plus rageurs: «Comme plusieurs autres, on souhaite que les musiques traditionnelles desquelles on s’influence puissent obtenir plus de reconnaissance. Par extension, on espère également contribuer à sensibiliser les gens aux revendications des pays du tiers monde. Je pense qu’il faut parvenir à oublier les concepts de nation et arriver avec quelque chose plus proche d’une certaine humanité.»
Le concept, parti d’un simple sound system il y a quelques années, fait désormais son petit bonhomme de chemin. Avec le succès, Bruno Garcia a pu ajouter quelques membres supplémentaires à son équipe qui en compte désormais douze: «Je réalise un beau rêve, admet-il. Mon projet était justement d’arriver à faire jouer à des musiciens, les musiques sur lesquelles je travaillais à partir de samplers, de boîtes à rythmes et de claviers. Je leur donnais un aspect moderne et urbain, mais j’avais très hâte de retrouver l’esprit du live, incomparable pour animer une chanson…»

Et cette comparaison avec La Mano, elle est lourde?: «Je pense qu’elle est valable en ce qui concerne l’énergie qui nous anime, mais la Mano était plus rock, alors que nous sommes davantage influencés par les Caraïbes. Cela dit, quelqu’un a déjà écit que La Mano avait poursuivi le travail des Clash, et que nous poursuivions à notre tour celui de La Mano… J’aime bien l’idée.» Et comment !

Le 3 août, à 21h et 23 h
Coin Sainte-Catherine et Jeanne-Mance

Avec Fermin Muguruza et Overbass
Le 4 août
Au Métropolis