Bryan Lee : Les yeux noirs
Musique

Bryan Lee : Les yeux noirs

Le 3 juillet 1992 restera une date marquante pour les amateurs de blues montréalais. Dans la foulée de la sortie de son premier album, The Blues Is, introduction éruptive dans la cour des grands, Bryan Lee incendiait le Spectrum lors du Festival de Jazz.

Le 3 juillet 1992 restera une date marquante pour les amateurs de blues montréalais. Dans la foulée de la sortie de son premier album, The Blues Is, introduction éruptive dans la cour des grands, Bryan Lee incendiait le Spectrum lors du Festival de Jazz. S’il existe un nirvana bleu, ce soir-là, le grassouillet bluesman aveugle y est parvenu.
Une grand-messe, avec des solos de guitare ébouriffants à l’avenant, même si, dans son cas, la tentation de trop en dire est toujours là. Quatre-vingt-dix minutes de confidences avec des plaidoyers incantatoires portés par le grain communicatif de sa voix. Bref, c’est à une véritable séance de sorcellerie que nous avait conviés Lee.

Tout ça pour vous dire que le quinquagénaire a souvent remis les pieds chez nous depuis. En région aussi, comme ce sera le cas ces jours-ci au Festival Maximum Blues de Carleton et dans cinq autres villes du Québec, dont Montréal. Histoire récurrente, notre homme a (encore) un nouveau groupe.

«Les musiciens de La Nouvelle-Orléans, s’excuse-t-il, n’aiment pas sortir de leur ville pour partir en tournée. Il m’a donc fallu trouver une autre formation. Les fameuses raisons économiques font en sorte que la tournée se déroule présentement en trio. Mais pour le Québec, j’ai invité le saxophoniste Jody Golick (de Montréal), question d’ajouter un peu de couleur. Jody’s the Man!»

Pas de cuivres, pas de B-3, mais on ne tombera pas des nues. Cela doit faire cinq ou six ans qu’il en est ainsi. Et question de sortir de la torpeur de ses deux albums live d’interprétations blues-rock mille fois remâchées, Lee nous impose une génuflexion avec son nouvel album Crawfish Lady. Douze compositions bien tassées. Une machine souple et féline. Un trio osmotique uni comme les dents et les lèvres. «La dernière fois que tu m’as interviewé pour mes deux "live", tu me reprochais de n’avoir rien écrit de neuf, lance un Bryan Lee frondeur. Eh bien voilà: douze neuves! Crawfish Lady, à l’image de mes (sept) autres albums, offre une rande variété de genres. Et mes chansons passent à la radio: Noize with the Boys tourne fort à New York, et Can’t Get Enough est la chanson "bluesbreaker" de la semaine à l’émission d’Elwood (Dan Akroyd) Blues… Ça va plutôt bien. En concert, je veux montrer aux gens que j’ai plusieurs trucs dans mon chapeau. Sur une scène (bonjour le cliché), je joue chaque fois comme si c’était la dernière. Regarde ce qui est arrivé au "French Concorde"…»

En première partie de Lee, les nostalgiques du groupe montréalais Black Cat Bone seront ravis. L’un des deux protagonistes du défunt groupe blues-rock, la fierté de Cornwall, le guitariste d’Amanda Marshall et de France D’Amour, j’ai nommé Paul «The D-Man» Deslauriers, réchauffera la salle. N’allez pas voir en lui un irréductible porteur du flambeau blues. Ses nouvelles compositions (attention, voilà un chanteur au talent certain) revendiquent des ramifications connexes au blues, mâtinées de rock. Le gars adore autant Radiohead que Bruce Cockburn. On ne peut pas empêcher un coeur d’aimer…

Le 11 août
Au Medley

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