Musique

Live à Montréal : Johnny HallydaySt GermainFoo Fighters

Johnny Hallyday
Au Théâtre Saint-Denis, les 29 et 31 août

J’y suis allé deux soirs. Pour être absolument certain de goûter deux fois plutôt qu’une à cette fin de tournée du «monstre sacré du rock français» qui, semble-t-il, ne remettra pas les pieds à Montréal avant trois ans. Je ne vous ferai pas ici l’apologie de la carrière de Johnny Hallyday. Sûr qu’on peut rigoler un bon coup en le voyant déballer devant nous tous ces covers du rock américain, version franchouillarde. Tous les In the Midnight Hour de Wilson Pickett, Fortunate Son de CCR ou Old Time Rock’n’Roll de Bob Seger, répartis au milieu des incontournables de son répertoire francophone. Mais avec Hallyday et ses yeux bleu acier, on est absorbé, aspiré. L’évidence est criante, l’homme de cinquante-sept ans se donne à fond. Impossible, dans son tour de chant de plus de deux heures, de déceler une parcelle de facilité.

Je n’aurais voulu être nulle part ailleurs lorsqu’il nous gratifia de la tragique Que je t’aime, avec ce même sens du drame, cette même gestuelle répétée dix mille fois mais devant nous, en tandem avec un Sylvain Cossette exultant. Je vous jure, c’était tout sauf quétaine. Puis Éric Lapointe, défiant du regard «Djeuuni» sur Ma gueule. Lapointe en a scoré toute une dans la lucarne. Il y en avait aussi pour les yeux, entre la poitrine ruisselante du vieux loup et l’arsenal scénique mis en place: quatres choristes black, une section de cordes de huit filles, quatre cuivres rutilants en plus d’un band rock. Le dernier soir, la surprise en rappel: Be Bop A Lulla (Gene Vincent), Blue Suede Shoes (Carl Perkins) et Whole Lotta Shakin’ Goin’ On (Jerry Lee Lewis) balancées en anglais. Ironiquement, ça s’est terminé en music-hall avec Non, je ne regrette rien d’Édith Piaf. Après quarante ans de métier, celle-là, Johnny pouvait se l’approprier. (Claude Côté)

St Germain
Au Spectrum, le 1er septembre
Fallait s’y attendre le Spectrum s’est transformé en un immense Shed Café, vendredi dernier, alors que Ludovic Navarre, alias St Germain, et son groupe, y foulaient les planches. On y était pour être vu, beaucoup plus que pour entendre, c’est du moins l’impression qu’aura laissée cette clameur constante, même pas subtile, émanant de tous les côtés de la salle. Peccadille de peu d’importance, direz-vous. Certes. Sauf lorsque la sono est approximative et manque de volume. La house de St Germain a beau être truffée d’instruments organiques, elle n’en repose pas moins sur une répétition rythmique propre à créer une certaine transe. Or, quand on est obligé de se forcer pour écouter, il devient impossible de se laisser envelopper totalement.

Si la révélation qu’on espérait ne s’est pas concrétisée, avouons tout de même qu’on ne s’est pas emmerdés. Montego Bay Spleen et sa guitare rappelant un Kenny Burrell en plus sexuel, So Flute et ses réminiscences acid-jazz, et le party déclenché par Latin Note font partie des moments qui nous feront oublier que Rose Rouge fut complètement décapitée par la sono en début de programme. St Germain et ses acolytes la referont tout de même en dernier rappel. Déplorons malgré tout le trop peu d’attention accordé au matériel antérieur à Tourist…

Au fait, plusieurs racontaient à la sortie du Spectrum que New Deal, le groupe qui ouvrait, avait volé le spectacle. Pas si certain; mais, chose sûre, leur électro-jazz-progressif a fait mouche et il vous faut nécessairement mettre une note à votre agenda puisque la formation sera de retour au Swimming, le 16 septembre. (Patrick Marsolais)

Foo Fighters
Au Palladium de Québec, le 4 septembre
Le concept est génial: huit cents gagnants provenant des quatre coins de la province se rendent dans un lieu secret (cette année, c’était au Palladium à Québec) afin d’assister à la prestation d’un groupe mystère. Évidemment, on s’occupe de tout: transport, hébergement (pour ceux qui habitent loin), bouffe et houblon à volonté. Vos êtes aussi bien d’aimer la Molson Dry… Une fois l’autobus des médias arrivé à Québec, on nous a amenés dans une église (sans les bancs ni tout l’ornement ecclésiastique) où avait lieu le rassemblement des fêtards avant le spectacle. La partie la plus quétaine de cette promotion: animateurs de foule agressants, humour de bas niveau, tables alignées façon cabane à sucre, ti-culs ben saouls faisant des pyramides avec les verres de bière vides; bref, le cri de ralliement des morons dans toute sa régionalité. N’empêche, l’anticipation est à son paroxysme pendant qu’on s’engouffre dans les autobus pour se rendre au Palladium, la rumeur s’intensifie. Qui s’en va-t-on voir? Metallica, comme le souhaite un peu tout le monde? Limp Bizkit? Red Hot Chili Peppers? J’ai appris l’identité dudit groupe d’une drôle de façon. Catherine Corne, qui s’occupe des médias, nous a évité la congestion à l’entrée nous faisant passer par l’arrière de la salle. C’était écrit partout sur les road cases du groupe: Foo Fighters. Démasqués! J’étais content de voir l’ex-Nirvana Dave Grohl, j’adore le vidéo de Learn to Fly et, de toute façon, le public visé par la promotion est un public rock dans le turbulent groupuscule dix-huit à vingt-quatre ans. À neuf heures quinze, Foo Fighters monte sur la scène du Palladium, sorte de bar entre le Lover’s de Laval et le Spectrum. Le mosh pit n’a pas dérougi devant la scène pour ce post-grunge tonifiant, mais, contraste frappant, les gens accoudés à la mezzanine sont restés stoïques, impassibles, déçus peut-être de voir les quatre gars de Seattle. Ceux-là ont sûrement trouvé la soirée bien longue. (Claude Côté)