The Dandy Warhols : Néo-rétro
Musique

The Dandy Warhols : Néo-rétro

Après avoir été longtemps considérés comme "le plus anglais des groupes américains", les Dandy Warhols ont puisé dans leur cour pour pondre Thirteen Tales from Urban Bohemia, ce qui nous vaut quelques moments pseudo-country au sein de l’habituel amalgame pop-glam-psychédélique. Est-ce que cela expliquerait leurs récents succès chez eux?

Alors que le monde entier a les yeux tournés vers Sydney, Courtney Taylor Taylor s’ennuie ferme dans la grisaille post-olympique d’Atlanta. De sa chambre d’hôtel, le leader des Dandy Warhols se racle la gorge et émet l’un de ces bâillements caractéristiques qui semblent l’affecter lors de chaque entrevue. "Que veux-tu, je suis dans un endroit étrange où il n’y a pas grand-chose à foutre…"

La dernière fois qu’on s’était parlé, au moment de la parution de Dandy Warhols Come Down (qui avait suscité un certain engouement grâce à la pièce Not If You Were the Last Junkie on Earth), Courtney m’avait alors décrit son disque comme "un croisement entre la mécanique automobile et la lecture de l’oeuvre de Nietzsche par un bel après-midi ensoleillé", une phrase qu’aucun de nous deux ne serait en mesure d’expliquer aujourd’hui. D’emblée, on lui demande de fouiller à nouveau dans son sac à métaphores pour qualifier son récent Thirteen Tales from Urban Bohemia. "Celui-ci me fait plutôt penser à un lapin Energizer qui défonce les murs d’un immeuble à logements, lance Courtney. Derrière chaque mur, il tombe sur des personnages aux vies différentes. Chaque pièce est un petit univers en soi: on y croise une famille d’Asiatiques en train de souper, un couple d’étudiants gais, une mère monoparentale typiquement white thrash, un sculpteur fou, etc."
Après avoir été longtemps considérés comme "le plus anglais des groupes américains", les Dandy Warhols ont puisé dans leur cour, ce qui nous vaut quelques moments pseudo-country au sein de l’habituel amalgame pop-glam-psychédélique. Est-ce que cela expliquerait leurs récents succès chez eux? "En effet, c’est la première fois que l’un de nos disques se vend plus aux USA qu’en Europe, reconnaît Courtney. Ça ne veut pas dire qu’on a voulu faire un album américain; on ne pense pas à des choses comme ça lorsqu’on enregistre, tu fais le disque que tu veux, point. Si on connaissait la recette du succès, on l’aurait appliquée dès le premier album!"

Terriblement référentiel, Thirteen Tales… ne cache pas ses influences. Le très accrocheur premier single, Bohemian Like You, est propulsé par un riff qui évoque par trop le Brown Sugar des Stones; Big Indian aurait aisément pu se retrouver sur Hunky Dory de Bowie, et sur Shakin’, Courtney offre sa meilleure imitation d’Iggy Pop. "Qu’est-ce que tu veux, la seule musique qu’on écoute a été enregistrée entre 1966 et 1972! On voulait faire un truc qui évoquerait l’atmosphère d’Exile on Main Street (Rolling Stones), d’All Things Must Pass (George Harrison) ou de Working Man’s Dead (Grateful Dead). Ceci dit, on n’a rien d’un groupe rétro!"

En effet, les Dandys pourraient bien entrer de plain-pied dans le nouveau millénaire: ils reviennent d’ailleurs tout juste d’une séance d’enregistrement avec les gars de Massive Attack! "C’était vraiment amusant; tout le monde fumait des quantités impressionnantes d’herbe, sauf 3D, qui était sur le speed et qui tournait en rond dans le studio. Mais les choses ont cliqué entre nous et j’aimerais bien qu’ils réalisent notre prochain album. Ce ne serait pas nécessairement un truc électro, au contraire; avec leur rigueur et leur structure, on pourrait se permettre de faire un truc plein de guitares bien sales. Chose certaine, on a envie de neuf; j’en ai assez de vivre dans une maison victorienne."

Les Dandys, réputés pour leur nonchalance et leur attitude sex, drugs and rock’n’roll, vivraient-ils une crise d’identité? "À toi de me le dire, lance Courtney. Être artiste, ça veut dire être son propre psy. Lors de chaque entrevue, tu es forcé de réévaluer l’image que tu te fais de toi-même et ce que tu veux bien révéler aux autres. Est-ce que j’ai l’air d’un type qui vit une crise?" Pas vraiment…

Le 9 octobre
Au Club Soda
Voir calendrier Rock et Pop