The Weakerthans : Morne plaine
Musique

The Weakerthans : Morne plaine

On le sait, les nuits sont longues à Winnipeg. Pas étonnant que les artistes originaires de la glaciale ville des Prairies en viennent à développer une certaine aisance à traiter de l’aliénation sous toutes ses formes. John K. Samson, leader de la formation folk-rock The Weakerthans, est passé maître en la matière. Sur Left and Leaving, le deuxième album du groupe, il dépeint une galerie d’écorchés vifs, de sourdes-muettes et de paumés suicidaires qui arpentent les rues éventrées d’une ville  grisâtre.

On le sait, les nuits sont longues à Winnipeg. Pas étonnant que les artistes originaires de la glaciale ville des Prairies en viennent à développer une certaine aisance à traiter de l’aliénation sous toutes ses formes. John K. Samson, leader de la formation folk-rock The Weakerthans, est passé maître en la matière. Sur Left and Leaving, le deuxième album du groupe, il dépeint une galerie d’écorchés vifs, de sourdes-muettes et de paumés suicidaires qui arpentent les rues éventrées d’une ville grisâtre. "Lorsqu’on habite Winnipeg, on a toujours l’impression que la vie est ailleurs, lance le chanteur, joint en chemin entre New York et Halifax. Winnipeg est une sorte de cas d’espèce, un parfait sujet d’étude de la ville anonyme. Il y a un côté provincial, mais également tous les inconvénients sociaux d’une grande ville, ce qui en fait un sujet très stimulant."
Mais selon son auteur, Left and Leaving n’est pas un album désespéré, au contraire. "Après avoir beaucoup causé de moi sur le premier album, je voulais m’ouvrir aux autres et raconter, modestement, l’histoire de gens dont on ne parle pas. Ce fut un processus extrêmement exigeant pour moi et je ne suis pas sûr d’avoir réussi à tout coup. L’important, c’est d’avoir essayé de dire ces choses, de donner une voix à ces gens anonymes; je pense que ce seul geste prouve qu’il y a un espoir dans toute cette noirceur."

D’ailleurs, Samson n’a jamais été du genre à broyer du noir dans son coin. Il fut, pendant cinq ans, membre du groupe punk anarcho-socialiste Propagandhi, dont l’engagement politique a traversé les frontières du Canada. Aujourd’hui, il codirige une maison d’édition gauchiste et vit la politique au quotidien, dans sa vie privée et sa vie sociale. Son engagement ne s’est pas démenti depuis son départ de Propagandhi. À preuve, une partie des profits des ventes de Left and Leaving sera remise à un organisme de promotion des arts dans les milieux défavorisés de Winnipeg qui s’adresse plus particulièrement à la communauté autochtone.

Musicalement, les fans qui ne connaissent de John que son travail avec Propagandhi pourraient être surpris. On retrouve bien sur Left and Leaving des morceaux plus lourds, que l’on pourrait qualifier d’emo-core (épithète douteuse appliquée aux adeptes de punk sentimental), mais le reste est fait de ballades, de country-folk et de bon rock carré. Tant pis pour les puristes, John n’a pas de temps pour eux: "Si j’ai retenu une chose de mes années avec Propagandhi, c’est que les groupes punk brisent les règles pour mieux les apprendre, alors que, normalement, on fait le contraire. En ce moment, je peux faire ce que je veux et je suis encore en train d’apprendre."

Le 7 octobre
À L’X
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