Musique

Retour de son : Jean LeloupAnne-Marie Gélinas

Jean Leloup

Le 5 octobre, au Capitole
On annonçait Jean Leloup en spectacle acoustique, une nouveauté pour lui, mais c’est en fait beaucoup plus que cela que nous aura donné le chanteur-guitariste pour son retour sur scène à Québec. Oui, en ouverture, Leloup est seul dans son coin avec sa guitare, avec quelques nouvelles chansons, sa folie contagieuse et ses petits discours déments. Il ne tarde par contre pas à inviter ses compagnons de tournée (Alex Cochard et Stephen Gaudreault, solides et fiables) à venir l’épauler pour le reste de ce spectacle de plus de deux heures. Pas vraiment une prestation acoustique, donc, mais bien une version dégraissée des précédentes performances de Leloup, où ses chansons revêtaient une forme plus épurée et près de l’os. Leloup en profite ainsi pour les diriger parfois vers des structures plus proches du jazz (pour la forme) et du blues (pour les sonorités plus sales), ce qui lui permet de s’éclater à foison sur sa guitare lors d’improvisations débridées. Et si on n’avait qu’une remarque à faire, ce serait à propos de cette manie qu’a Leloup de s’épancher pendant certaines chansons, qui en deviennent presque interminables. Mais cela ne gâche en rien le plaisir de le voir autant s’amuser, que ce soit sur sa guitare acoustique, électrique ou au xylophone. (J.-F.D.)

***

Anne-Marie Gélinas
Le 6 octobre, Aux oiseaux de passage
La scène des Oiseaux de passage était bien petite pour contenir toute l’énergie, toute l’émotion qui se dégage des mots et des notes de l’auteure-compositeure Anne-Marie Gélinas. La voix pleine de chaleur, le geste impératif, elle parle beaucoup de ses hommes, souvent aimés dans la douleur, du mal de vivre, des laissés pour compte du progrès économique. Rebelle, marginale, mais avant tout femme de parole. Quand elle dénonce la violence (Yseult aux mains rouges, Demain, on sera heureux) et l’intolérance (Salem), prêche la révolte (Au rouet du temps), écorche au passage politiciens et bien-pensants (J’m’en crisse d’la crise) et raconte parfois avec beaucoup d’humour ses déceptions amoureuses (Philippe, L’Autobus, Chagrin d’amour 23,449). Avec Non, l’amour n’existe pas, Alors, comme ça tu t’en vas? et Démocratie, la poésie prend tout son sens, l’interprétation toute sa force, la musique toute sa simplicité. Les adeptes de la chanson à texte n’ont certes pas été déçus. Un coup de coeur. (G.T.)