Les Jardiniers : Électro-botanique
Musique

Les Jardiniers : Électro-botanique

Depuis leur succès au festival de musiques électroniques Sonar l’année dernière, Les Jardiniers cumulent les honneurs et les invitations à se produire en spectacle sur les continents européen et américain. Leur nouvel album, Moon Patrol, marque leur passage à une botanique sonore plus diversifiée s’inspirant de l’âge de pierre de l’électronique. Retour vers le futur.

Retour rapide sur l’histoire de cette formation qui a vu le jour sous le signe du hasard et sous les projecteurs. En effet, c’est dans le cadre d’une émission télévisée à propos des artistes multidisciplinaires que Sylvain Houde avait invité Martin Dumais et Jean-François Charette à faire la démonstration d’un remix d’une chanson de Joe Dassin, histoire de démystifier les procédés d’échantillonnage sonore.

Vinrent ensuite les propositions, la création d’une intro musicale pour l’émission hebdomadaire de Christiane Charette et, finalement, la parution d’un premier album de longue durée avec Cafeteria. Depuis, D.J. Sylvain Houde a quitté la formation pour se consacrer à ses projets littéraires et, le trio s’étant mué en duo, Dumais et Charette se sont lancés dans une expérience sonore assez éloignée de celle de l’album précédent qui, en ce qui le concerne, donnait plus dans la house et la disco recyclée.

Tout juste descendu de l’avion qui ramène le duo d’Europe, Martin Dumais fait un court survol du tout récent passage des Jardiniers dans le sud de la France et en Suisse: "On a joué au Classico à Toulouse et on a vraiment mis le feu là-bas. On a des copains dans le Sud qui nous invitent souvent. On a joué dans un autre club de la région, et ensuite à Berne, en Suisse, à l’occasion d’une convention techno. On nous a déjà réinvités dans les deux endroits où on a joué en France, et pour ce qui est de la Suisse, on est invités à Lausanne et à Genève, et on a été invités à nouveau en Espagne." Une feuille de route fort chargée pour le duo qui montera aussi sur une des scènes des FrancoFolies de La Rochelle cet été.

Patrouille lunaire
Si on pouvait reprocher à Cafeteria d’être un album quelque peu froid et distant s’inspirant un peu trop de la disco, son successeur, Moon Patrol, s’annonce d’emblée comme étant à la fois plus organique et plus chaleureux. Son intro de guitare rappelant l’univers des musiques poussiéreuses d’Ennio Morricone, la structure des morceaux s’apparentant beaucoup plus à la pop et les arrangements étant plus sophistiqués, Moon Patrol sort littéralement du carcan techno pour passer du côté de l’électronica au sens large.

"On n’avait aucune envie de répéter le trip disco, on en avait marre. On ne s’est pas donné de ligne directrice, on s’est lâchés lousse, explique Dumais. En discutant de musique avec Jean-François, [je me suis rendu compte qu’]on était plus portés à parler de musiques de films, de Burt Bacharach et d’autres choses qu’on aime beaucoup; on n’écoute pas que de la musique techno." Même s’ils ne se sont pas donné comme mission de faire de leur petit dernier un disque plus chaleureux, Dumais affirme que cette résultante leur plaît énormément. Les guitares, le dijeridoo, les sons pigés à gauche et à droite et ensuite colligés sur l’album font foi d’une volonté de faire de Moon Patrol un produit musical le plus humain possible. "On a même fait attention pour que les beats ne soient pas trop lourds et que ça s’écoute à la maison. Les gros beats tech-house ou hard-house, ça peut devenir lassant à écouter chez soi", raconte Dumais.

Sans toutefois chercher à se dissocier de la scène techno montréalaise, Les Jardiniers croient que c’est en bonne partie leur âge, un peu plus avancé que celui de la moyenne des autres producteurs locaux, qui explique ce retour aux sources qui pige à la fois dans la musique kitsch, la musique industrielle de la première heure et tout le spectre électronique des années 70 et 80. "On a laissé transpirer nos influences. Il y a des sons sur ce disque qui, il y a cinq ans, n’auraient pas passé parce qu’on aurait trouvé ça trop old school pour que ça fonctionne. Et là, on se sentait un peu plus confortables pour utiliser les sons des années 80, les sons de notre jeunesse", relate le jardinier.

Bye bye Houde
Difficile de passer sous silence le départ de Sylvain Houde, celui sans qui Les Jardiniers n’auraient peut-être jamais vu le jour. Martin Dumais confie n’avoir que peu discuté avec Houde, qui doit désormais consacrer le plus clair de son temps à ses activités littéraires. "On s’est croisés très vite au lancement. Je présume que lorsqu’il voit tout ce qui est déployé pour cet album, ça lui fait peut-être un petit pincement au coeur. Par contre, il n’avait plus le temps de participer au projet et Jean-François et moi avons toujours assuré 99 % du contenu musical du groupe; Sylvain amenait plus des idées…"

Quoi qu’il en soit, Dumais et Charette devront embrayer en vitesse supérieure s’ils veulent profiter de cette saison estivale qui s’annonce fort chargée: "Cet été, on a une mini-tournée en Europe, des shows à gauche et à droite, dont Ottawa, on joue à Cream et dans un paquet de festivals, ce qui nous amène à jouer au minimum une fois par semaine jusqu’au mois de septembre. On est assez occupés, quoi", conclut Dumais.

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