

Ricet Barrier : Irréductible Gaulois
D’un comique méticuleux, les chansons de RICET BARRIER traversent les générations. Cure tout à fait indiquée pour achever l’automne!
Thierry Bissonnette
On entend dire qu’il s’agit d’une tournée d’adieu. C’est plutôt l’aplomb de ses 70 ans que fête cette année Ricet Barrier, alors que la maladie et le temps battent en retraite devant cette force de la nature. Troubadour cocasse s’il en est, ce copain et admirateur des Georges Brassens et Bobby Lapointe est un pur produit du terroir français, sans toutefois faire partie du folklore. En fait – mais ne le dites à personne -, il a sans aucun doute préfiguré d’autres inclassables tels Dick Annegarn et Thomas Fersen.
Tout frais débarqué d’Auvergne, Ricet ne compte plus ses passages au Québec. Une contrée qui fait d’ailleurs partie de ses racines, puisque c’est sous l’impulsion d’un spectacle de Félix Leclerc en France, au milieu des années 1950, qu’il avait appris la guitare. Il quitta ensuite rapidement son boulot bien rémunéré de prof de gym, élaborant une chanson fantaisiste qui donnera plusieurs grands crus: chronique agricole d’Isabelle, v’là l’printemps, burlesque Java des Gaulois, étonnante Java des hommes-grenouilles, ironie mortuaire de L’Enterrement, fable-fleuve avec Les Spermatozoïdes, la liste est pour le moins variée. Au passage, il prête sa voix au canard Saturnin ainsi qu’à la famille Barbapapa, préparant les jeunots à découvrir son répertoire.
"En 1964, se rappelle Barrier, Raymond Lévesque m’a permis à l’improviste de monter sur scène à la Butte à Mathieu. Après le spectacle, mon cachet de 100 $ a été doublé, ce qui fut le début d’une longue série d’amitiés!" Le Québec est en effet devenu un détour obligé, ce dont témoigne le disque enregistré 30 ans plus tard au Petit Champlain, en 1995. Même si notre Gaulois demeure identifié à un répertoire assez immuable et que la scène reste sa priorité absolue, l’écriture demeure une préoccupation. Le dernier exemple en est l’album-concept La Mythologie, paru il y a quelques années, alors qu’un nouvel opus est actuellement en échafaudage.
Au dire de Barrier, le temps est quelque chose qui lui échappe. Ces jours-ci, Chronos pourrait en dire autant de Ricet, tellement le moustachu se moque de ses calamités: "J’ai commencé avec un cancer du poumon droit, dont on m’a retiré un lobe. Ensuite j’ai fait une septicémie. Mon petit appendice a éclaté, à Nîmes – on a bien rigolé. Moi, je rigole toujours. J’ai aucun problème avec la mort. La vie est une perpétuelle aventure, pour peu qu’on garde les yeux ouverts et qu’on ne soit pas aigri."
C’est une rare occasion qu’on a, lors de ces huit soirs d’"adieux": celle de voir quelqu’un manier le rire sans sombrer dans la connerie. Tel son ami Raymond Devos, Ricet Barrier ne sacrifie ni la précision du verbe ni le profond sérieux de l’humour. "C’est difficile de faire une chanson fantaisiste, dit-il sur son site Web. C’est pour cela qu’il y a si peu d’auteurs comiques, c’est dur, ça paye pas (ça n’a jamais payé en France). Mais quel plaisir de voir une salle entière qui éclate de rire, qui se décharge la bile et qui sort de la salle avec un grand sourire, heureuse d’avoir passé un moment sans souci…"
Jusqu’au 8 décembre
Aux Oiseaux de passage
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