Marc Hervieux / Rigoletto : Voix de service
Musique

Marc Hervieux / Rigoletto : Voix de service

De Saint-Pétersbourg à Taipei, MARC HERVIEUX a su charmer les amateurs d’opéra du monde entier grâce à des talents vocaux évidents, ainsi qu’une solide formation d’acteur. Le chanteur revient chez lui au sein de la distribution de  Rigoletto.

Après des études en graphisme, en théâtre et, bien sûr, des passages au Conservatoire de musique de Montréal et à l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal, Marc Hervieux est, à 33 ans, au seuil d’une belle carrière internationale. Le Théâtre Mariinsky de Saint-Pétersbourg, l’Opéra de Malaga en Espagne ou le Taipei Symphonic Orchestra de Taiwan ne sont que quelques-unes des compagnies qui l’ont récemment employé. Rencontré au Salon vert de la PDA une semaine avant la première de Rigoletto, le chanteur reste modeste: "Disons d’abord que j’ai la chance que la vie m’ait donné un bon timbre de voix! dit-il en éclatant de rire. Ensuite, en ce qui concerne l’Europe, j’y ai passé beaucoup d’auditions et le mot s’est donné, parce que les ténors lyriques francophones sont peu nombreux et ça m’est évidemment favorable." Son passage au théâtre n’est sans doute pas étranger à son succès. Là-dessus, il commente: "Au théâtre, j’ai appris à avoir de l’écoute, et il est évident que ça me sert à l’opéra. Il faut constamment être au fait de ce qui se passe autour de soi: les autres chanteurs, le choeur, les figurants, tout ça forme un tout, avec l’orchestre aussi, bien sûr. Il m’est arrivé d’inviter des amis acteurs à assister au spectacle de la coulisse et ils étaient renversés de voir tout ce à quoi les interprètes devaient être attentifs tout en livrant leur partition!"

Marc Hervieux est le duc de Mantoue dans la production de l’Opéra de Montréal et il reprendra le même rôle dès le mois de mai à Québec dans une toute nouvelle production. Le renouvellement du répertoire opératique étant assez anémique, les interprètes sont-ils condamnés à rejouer inlassablement les mêmes grands rôles dans des mises en scène retouchées? "Je crains que oui!" lance Marc Hervieux en s’esclaffant. Puis il tempère: "Aujourd’hui, je suis "lyrique", mais en vieillissant, les caractéristiques de ma voix vont évoluer et m’amener à d’autres répertoires. Je ne joue pas encore Don José (dans Carmen), bien qu’on me l’offre, parce que je préfère attendre le bon moment." Alors que nous nous quittons, Marc Hervieux se dirige vers la répétition de l’OSM: "J’aime bien assister aux répétitions de l’orchestre sans les voix, parce que, même quand on connaît bien l’oeuvre, chaque chef a sa manière de la livrer, et je veux assurer mes repères."

Il y avait salle comble samedi dernier pour la première de l’opéra de Verdi, l’un des plus populaires du répertoire. Bien que l’on nous ait prévenus que Lyne Fortin (Gilda) était "indisposée" (par un rhume bien inopportun), la prestation de la soprano fut de tout premier ordre, malgré quelques difficultés passagères. Marc Hervieux a aussi offert en Duca di Mantova une grande performance tant sur le plan vocal que dans sa façon d’incarner le détestable personnage. Le baryton américain Richard Paul Fink campe cependant un Rigoletto bien sombre dont les malheurs n’émeuvent pas. Souhaitons qu’il ajuste son jeu d’ici la fin des représentations.

Les 13, 15, 17, 19 et 22 février
À la Salle Wilfrid-Pelletier

Un premier opus réussi
C’est une bonne idée qu’a eue Yannick Nézet-Séguin de choisir pour son tout premier disque des musiques du compositeur italien bien connu Nino Rota. Bien connu? Ce n’est pas si sûr, et c’est là justement que ce disque rejoint parfaitement le mandat de l’Orchestre Métropolitain du Grand Montréal d’interpréter des classiques "populaires" tout en faisant découvrir un répertoire plus spécialisé. Nino Rota, dont chacun connaît bien quelques musiques de films, offre un corpus d’oeuvres idéal pour ce type de démarche. La suite symphonique La Strada, pour laquelle Rota adapta la musique qu’il avait composée pour un ballet (qui était lui-même une transposition du chef-d’oeuvre cinématographique de Fellini), place l’auditeur en terrain connu par l’amalgame de plusieurs thèmes entendus dans différents films de Fellini. À ce stade-ci, l’auditeur, tout à son plaisir, se laisse porter par la musique et laisse de côté son esprit critique, remarquant à peine l’excellente qualité de l’enregistrement, les magnifiques couleurs qui jaillissent de l’orchestre et l’aisance avec laquelle son chef l’entraîne dans les méandres rythmiques d’une enfilade de thèmes inoubliables dont la facilité n’est qu’apparente.

Plutôt que de se briser dans les oeuvres moins connues, le charme se prolonge dans le Concerto pour harpe en sol majeur, où brillent les magnifiques éclats de l’instrument de Jennifer Swartz. À cette oeuvre aérienne et légèrement surannée succède le Concerto pour trombone en do majeur, où Rota retrouve un élan plus guilleret sans pour autant négliger d’offrir à Alain Trudel une partition à la mesure de son talent. Un premier disque de Yannick Nézet-Séguin à se procurer pour démarrer une collection qui risque d’être bien remplie!

OMGM: Nino Rota, ATMA Classique
Occident / Orient

Aussi à surveiller
Le duo Traces, formé des membres du NEM Julien Grégoire (percussions) et Guy Pelletier (flûtes), nous invite à faire avec lui la rencontre des membres du duo Nishikawa, Takinojo Mochizuki (percussions) et Kohei Nishikawa (flûtes), originaires du Pays du soleil levant. La mini-tournée du quatuor débute par deux soirées de concert au Musée d’art contemporain de Montréal, les 14 et 15 février, puis passera par Alma le 18 et Toronto le 21 avant de revenir à Montréal le 25 pour un atelier donné à la Chapelle historique du Bon-Pasteur. Lors des concerts, on pourra entendre des compositions pour double duo durant lesquelles les interprètes exploreront leurs traditions respectives, une commande au compositeur québécois François-Hugues Leclair et une autre au compositeur japonais Hiroyuki Yamamoto.

Les 14 et 15 février
Au Musée d’art contemporain