DuOuD : Électro choc
Musique

DuOuD : Électro choc

Dans la transition du XXe siècle au début du XXIe, plusieurs musiciens font le pont entre la tradition et la modernité, entre les instruments aux sonorités acoustiques et la plate-forme électronique. DuOuD fait partie de cette  catégorie.

L’amalgame que Mehdi Haddab (oud acoustique et oud électrique) et Jean-Pierre Smadj (oud acoustique, oud électrique, ordinateur) nous proposent est particulièrement original dans cet esprit. Les deux musiciens se sont rencontrés au sein d’Ekova, mais ne faisaient pas partie de l’édition venue au Québec il y a quelques étés. Depuis leur participation à un documentaire sur Ekova, les deux sont des voisins, de grands amis. Jean-Pierre Smadj et Mehdi Haddab partagent deux passions: le oud et la musique électronique.

Le oud est le "père du luth arabe". Le grand-père de la guitare en quelque sorte. Smadj parle de la nécessité d’apprendre des techniques différentes: "Il faut jouer constamment avec un plectre (mediator); il n’y a pas de "frets", comme sur un violon; le oud est différent dans son vocabulaire." Nous associons souvent le oud au Maroc. Smadj corrige en parlant de la diversité des origines: "L’une des plus grandes cultures du oud est partie de Turquie. Il en est venu aussi de Syrie, du Liban, d’Arménie, d’Éthiopie." Mehdi Haddab est algérien d’origine et vit en France depuis 14 ans. Il a suivi le parcours traditionnel du joueur de oud en France, où se trouvent de grands maîtres: "Il s’est fixé sur une école: il y a celle du Liban, de la Tunisie, et ainsi de suite", explique Jean-Pierre Smadj, qui, lui, est tunisien d’origine. Ce dernier était guitariste de jazz depuis 20 ans. Alors, d’abord pour le plaisir de travailler ensemble des morceaux de musique traditionnelle pour le oud, les deux musiciens en vinrent à faire autant les festivals de musique du monde que les clubs d’électronica.

À Utrecht, un journaliste pensa à leur faire entendre le fameux disque du John Berberian and the Rock East Ensemble, Middle Eastern Rock (Verve Forecast), réalisé en… 1970! John Berberian était un maître arménien du oud et tentait une première fusion. De sorte qu’en 2003, la jonction entre tradition et modernité n’a surtout rien d’artificiel: "Elle est le prolongement naturel de tout ce que nous avons joué ou écouté depuis 15 ans! Il y a toute une génération de musiciens qui utilisent pleinement l’apport de la musique électronique." L’amplification permet d’explorer les sonorités du oud, des effets, et de s’assurer de l’entendre à l’intérieur d’un orchestre. Le oud, comme le violoncelle ici de Claude Lamothe, peut prétendre d’être à l’avant-plan, comme soliste, dans un contexte rock.

La parution de Wild Serenade sur Label Bleu a ouvert à DuOuD toutes les scènes du monde. Aux côtés de pièces traditionnelles et de compositions, une pièce kitsch: le thème du film Midnight Express, de Giorgio Moroder. Par plaisir, par esprit du jeu: "Nous voulions faire une "reprise" (cover up). Ce thème musical fut l’une des premières pièces techno. Nous étions très intéressés par les contrastes déjà entre tradition et modernité… par les surprises. Certains critiques de jazz ont moins apprécié (rires)."

Sur scène, dans le cadre du Festival Nuits d’Afrique, DuOuD fait partie de la soirée Vive la world! avec Natacha Atlas, Électro Bamako et So Kalmery. Jean-Pierre Smadj et Mehdi Haddab se produiront en duo lors de cette rencontre dont Smadj dit qu’elle nécessite une "énergie particulière" et qu’elle ne "laisse le droit à aucun de laisser tomber l’autre".

Le 11 juillet à 20h30
Au Spectrum
Voir calendrier World/Reggae