Jérôme Dupuis-Cloutier : Le spectacle du retour
Musique

Jérôme Dupuis-Cloutier : Le spectacle du retour

Après avoir passé les dernières années aux côtés de Bernard Adamus et Philippe B sur scène, Jérôme Dupuis-Cloutier est de retour avec ses propres chansons et un nouveau groove.

Gentleman refroidi a eu un succès d’estime lors de sa sortie en 2010, mais Jérôme Dupuis-Cloutier a eu peu d’occasions de défendre son premier disque sur scène par la suite. Mais le chanteur et compositeur revient enfin sur disque cinq ans plus tard et a repensé sa formule.

«C’est la réalité. Il fallait que je gagne ma vie quand même, dit-il à propos de ses «gigs» d’accompagnateur à la trompette ou aux claviers, aux côtés de Bernard Adamus, entre autres, ces dernières années. Gentleman refroidi, c’était difficile à booker comme projet. Le problème était technique, je crois. On était six musiciens donc ça faisait peur, je pense. J’ai repensé à mon affaire et je me suis dit qu’on ferait un projet qui rentre dans un char – trois musiciens – et qui est plus hot sur scène, plus le party.»

Le spectacle, son nouveau disque de sept pistes, est en quelque sorte une réintroduction pour le Sherbrookois d’origine. Il repart à zéro et change un peu de registre. Sa musique est davantage axée vers des claviers très gras et ça se veut groovy à fond. Ce tripeux de brass veut faire un pied de nez aux performances acoustiques-folk, en quelque sorte – sans rien enlever à ceux qui le font.

«Le but, c’était d’essayer de groover. Je suis un amateur des voix afro-américaines comme Bill Withers mais je suis drôlement limité comparé à ce que j’aime. Je voulais essayer d’être sensuel avec ma voix, avec les outils que j’ai. Mais pour ce qui est de la musique, on est vraiment capable de groover en choisissant les bons sons, même si ça va jusqu’à la limite du quétaine.»

ȃcoutez le disque Le spectacle en entier

Jérôme a présenté ses nouvelles chansons lors de Coup de coeur francophone récemment. C’est un travail à trois musiciens sur scène et Jérôme joue à deux mains sur deux machines différentes. Le trio joue même à la chaise musicale parfois, alors que Jérôme joue de la trompette et que son tromboniste prend la relève aux claviers.

«Les nouvelles sonorités du disque sont venues avec l’expérimentation, dit Jérôme. Ça fait longtemps que je joue avec des synthétiseurs. Je voyais ça plus comme un trip de groove et c’est aussi dans le concept de faire ça minimaliste. Je voulais une bonne base synth/bass. On a fait plein de tests et je joue sur deux machines dans le but d’être autonome. C’était un défi personnel de bien séparer les deux mains et quoique ce soit pas encore tout à fait sur la coche, c’est aussi pour se prendre un peu pour Stevie Wonder!»

Des sept chansons du disque, cinq sont de la plume de Jérôme (L’Urine des forêts est de Denis Vanier et Aux créneaux est de Michel Garneau). Il y a un côté introspectif sur le disque – lorsqu’il chante avec des étoiles dans les yeux sur L’amour frappe son ressort, par exemple – mais sinon le chanteur est un fin observateur de l’autre. «Je regarde beaucoup les gens, ceux qui me font rire et pleurer en même temps. C’est un peu ça ma direction quand j’écris, il faut que ce soit drôle et triste.»

Gilles Perron, à propos d’un voisin qui salue les gens qui passent dans la rue chaque jour, en est un bon exemple et est la pièce qui se rapproche le plus du matériel précédent de Jérôme, avec des sonorités plus seventies. «C’est pas un album drôle – mais y’a un côté comique et pathétique sur l’album. Je parle souvent de personnages un peu limités: un artiste déchu, un gars en fin de tournée complètement dépressif et Gilles, qu’on pourrait penser un peu déficient, mais est un vieil homme qui a fait ça vie. C’est une caricature un peu.»

La pièce-titre – celle à propos du gars dépressif – rentre au poste avec son intense ascension alors que Jérôme y chante «J’étais devenu le spectacle et je ne voulais pas qu’il finisse». Il explique: «J’aime ça faire des tounes sur des musiciens. Souvent, c’est des situations extrêmes. Là, c’est une fin de tournée. T’es sur un beat décalé de tout le monde. Ça fait un bout que t’as vu tes bons potes. C’est poussé quasiment comme un opéra dans ma tête! Le but, c’était de faire quelque chose d’épique qui n’arrête pas de monter. Une crise existentielle. Le spectacle, c’est vraiment un hommage aux musiciens de groupes dont on n’entend plus parler qui ont tourné des années avec des bands, accompagnateur de Gerry Boulet, à la limite. Tu penses dans ta tête que t’es big mais t’es pas le chanteur, juste le gars qui est chanceux d’avoir la gig

Pour ce qui est de son (nouveau) spectacle à lui, Jérôme Dupuis-Cloutier espère, avec ce nouvel EP, assurer des bonnes premières parties dans les mois à venir tout en continuant à être un fidèle accompagnateur pour d’autres musiciens.

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Le spectacle (Costume Records) disponible le 4 décembre. En écoute sur voir.ca jusqu’au 4 décembre.

Lancement à Montréal le 1er décembre au Verre bouteille

jeromedupuiscloutier.bandcamp.com