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Mathieu Lefèvre

Détail d'une oeuvre de Mathieu Lefèvre où il s'est représenté s'envolant vers les cieux avec le Musée des beaux-arts en nous faisant un dernier signe de la main...

Je suis sans mots. La nouvelle de la mort de Mathieu Lefèvre, 30 ans, jeune artiste qui promettait tellement, mais qui était déjà un grand artiste, qui promettait encore plus, me laisse totalement hébétée. Une vie brisée. Une oeuvre qui était déjà totalement excitante et qui se développait continuellement se trouve soudainement amputée. Un camion a fauché tout cela un soir. L’infortuné Mathieu (au corps si frêle et si élégant), déjà si grand et si talentueux, a trouvé sa vie fracassée en un instant.

Je ne sais plus quoi dire. Il faut pourtant des mots pour énoncer le talent de ce jeune homme. Il faut rappeler comment il a su en quelques courtes années bâtir une œuvre percutante. En tant que critique, j’ai eu le bonheur de voir son travail, de pouvoir réfléchir un peu plus grâce à lui sur le milieu de l’art et sur l’histoire de l’art. En tant que commissaire (il a été de trois de mes expositions), je peux attester du fait qu’il a toujours su apporter une œuvre forte, caustique, mordante. Autant durant le Symposium de Baie-Saint-Paul que lors de l’événement Artefact sur l’île Sainte-Hélène en 2007, où lors de l’expo La peinture dans tous ses états, en 2010 à la Galerie Joyce Yahouda, sa création m’a inspiré.

Né en 1981 à Edmonton en Alberta, ayant fait un Baccalauréat en arts visuels à l’UQÀM, Mathieu avait déjà réalisé 20 solos et participé à une trentaine d’expositions collectives ! Représenté à Montréal par la Galerie Division, il vivait depuis 2010 à New York et avait sa carrière en pleine expansion. L’été dernier, il venait de participer à la biennale de Prague.

Il est mort à New York, dans le quartier de East Williamsburg, sur son vélo, happé par un camion aux alentours de minuit durant la nuit du 18 au 19 octobre. Maudite ville de New York qui nous prend nos talents et qui maintenant nous prend aussi la vie d’un de nos artistes. Maudit hasard qui a voulu qu’il soit là à ce moment précis. Comme l’a écrit le chanteur Renaud à propos de la mort de Coluche : « Putain c’est trop con ce putain d’camion ! »