Vol important des archives du photojournaliste Jacques Nadeau
Arts visuels

Vol important des archives du photojournaliste Jacques Nadeau

Il n’y a rien de pire, pour tout artiste, que d’être dérobé de son oeuvre. Bien que l’on vive dans une ère où l’archivage de données est extrêmement facilité, nul n’est à l’abri d’une action mal intentionnée, les malfaiteurs ayant raffiné leurs techniques à mesure que la technologie a avancé. Le photographe Jacques Nadeau en a malheureusement eu la preuve, lundi soir, en revenant chez lui pour se rendre compte que plusieurs de ses disques durs d’archives avaient été volés. Les chiffres dévoilés estiment qu’entre 30 000 et 50 000 clichés originaux auraient été dérobés.

L’oeuvre d’une vie dérobée

Ces cinq disques contenaient l’ensemble des photos que Nadeau a réalisé depuis 1977, le photographe ayant numérisé tous ses négatifs après être passé à la photo numérique en l’an 2000. Il mentionne qu’il ne lui reste que quelques-uns de ces négatifs, une parcelle infime de l’oeuvre massive qu’il a réalisée en plus de 30 ans. Le plus frustrant, dans ce genre d’histoire, est que les disques durs n’ont presque aucune valeur de revente et que leur contenu n’a aucune utilité pour un cambrioleur quelconque.

En plus des disques, le ou les malfaiteurs auraient également emporté avec eux plusieurs impressions d’une de ses photos les plus célèbres, où l’on peut voir l’ancien Premier ministre René Lévesque jouant au billard, cigarette au bec. Cette image iconique n’existait seulement qu’en vingt copies physiques. Même si plusieurs de ses photographies ont été publiées sur papier journal, ce qui implique que d’autres copies en existent, la résolution employée pour ce type d’impression est très basse comparée à celle nécessaire pour en tirer des versions que l’on peut exposer en galerie d’art ou imprimer dans un livre photographique. C’est tout le matériel brut rendant possibles ces impressions qui a donc disparu.

L’importance d’un archivage assidu

Cela soulève évidemment la question des multiples copies d’archivage, qui devraient être un automatisme pour tout créateur de contenu numérique (à sa défense, Nadeau a laissé savoir en entrevue qu’il prévoyait s’acquitter de cette tâche exténuante dans les prochaines semaines, lors de ses vacances). Les outils offerts aux photographes sont aujourd’hui plus puissants que jamais, en particulier tout ce qui a trait au cloud computing. Étant moi-même photographe ainsi que vidéaste, cette nouvelle m’ébranle tout particulièrement. Plusieurs archives de mes projets passés ne tiennent que sur deux disques durs qui, bien qu’ils soient bien cachés hors de mon appartement, ne sont pas à l’abri d’un vol éventuel.

Si, comme moi, cet événement tragique vous rend inquiet face à la possibilité de perdre des années de travail, je vous conseille fortement de jeter un oeil au service Prime Photos qu’offre Amazon pour la modique somme de 12$ par an. Mais avant même d’aller jusque-là, c’est d’une importance capitale de s’assurer de faire de multiples copies des fichiers originaux que l’on capture et de les placer dans des endroits surs (idéalement en plusieurs lieux différents).

Notre équipe souhaite de tout coeur que l’importante couverture médiatique entourant cette affaire aidera Jacques Nadeau à retrouver ses archives. Je l’ai par ailleurs contacté pour lui demander une entrevue, cet article sera mis à jour si celle-ci a lieu.