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Le retour du Père Fouettard

Le retour du Père Fouettard

Cet automne, ne manquez pas la sensation de l’heure. Après l’arrivée grandiose de CHOI Radio X, communément appelée la Radio poubelle, en terre montréalaise, voici maintenant le temps de redécouvrir le personnage le plus charismatique que le Québec ait connu, l’honorable Père Lucien Fouettard Bouchard. Paresseux, paresseuses, courrez vers l’abri le plus près, car il arrive, et cette fois-ci il ne ménagera les coups de fouet. Une histoire sans espoir, que vous retrouverez malheureusement dans toutes bonnes librairies.

Lucien Bouchard vient tout juste de faire paraître cette semaine son livre intitulé Lettres à un jeune politicien dans lequel il s’adresse à la jeunesse d’aujourd’hui, mais aussi à tous ceux et celles qui veulent en apprendre davantage sur le métier de politicien. Même si l’idée est loin d’être avant-gardiste, elle revient à Rainer Maria Rilke, qui aura été le premier à publier Lettres à un jeune poète en 1929, cet exercice de passation de la connaissance, de dialogues ouverts intergénérationnels, reste très intéressant. Le problème chez Bouchard reste et restera toujours le même, son ton moralisateur. Sa toute récente œuvre, comme l’ensemble de sa carrière politique, est à l’image de l’ego du personnage. Le prophète, le sauveur c’est lui, la masse, les petites gens, les martyrs, c’est nous. Bien sur monsieur Bouchard, c’est certain que lorsqu’on est entouré par le père Bush, par Jean Charest, et autres saltimbanques au domaine Sagard, on doit bien se trouver important. « We are magnificent people and I raise my hat to all of us. You are as beautiful as I think I am », merci pour l’inspiration Falardeau. Voilà une forme de partage de la connaissance qui me semble perspicace. Revenons-en à nos moutons.

Cette semaine, Lucien Bouchard fut accueilli chaleureusement par le chroniqueur émérite du Journal de Montréal, Richard Martineau, à l’émission Les francs-tireurs. Une fois de plus, Martineau, digne de lui-même, était bien heureux de recevoir dans la cour du Roi Pétaud un invité partageant les mêmes valeurs que lui. Aucune flèche n’a été lancée à l’ancien Premier ministre du Québec, aujourd’hui président du conseil d’administration de l’Association pétrolière et gazière du Québec. Martineau était aux anges d’entendre la critique de Bouchard à l’égard de la gauche, des étudiants ou plutôt des paresseux, des syndicats et des travailleurs. Par-dessus tout, je dois dire que, comme plusieurs autres, j’ai été très surpris d’entendre de la bouche de Lucien Bouchard des propos tels que : « les politiques sociales, c’est moi ça, les politiques familiales c’est moi ça » et j’en passe. Un ego démesuré vous dites ?

Bref, il y a une chose que je tiens à retenir de cette émission. Semblerait-il que monsieur Bouchard a horreur d’une image qui lui est souvent accolée, celle du Père Fouettard. En deux mots, le Père Fouettard est un personnage folklorique qui accompagne Saint-Nicolas le 6 décembre au soir lorsque celui-ci donne des cadeaux aux enfants sages. La tâche du Père Fouettard est alors de donner des coups de fouet aux autres enfants qui n’ont pas été sages. L’on pourrait remplacer ici Père Fouettard par Lucien Bouchard, et enfants, par chômeurs, étudiants, travailleurs à temps partiel, et autres créatures d’outre-tombe. Monsieur Bouchard, comme disait votre ami Bernard Landry, audi alteram partem, écoute l’autre avant de le juger.