ITHQ: «Pour un tourisme de qualité, il faut des gens formés»
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ITHQ: «Pour un tourisme de qualité, il faut des gens formés»

À l’occasion des 50 ans de l’Institut de Tourisme et d’Hôtellerie du Québec, entrevue-bilan avec sa directrice générale, Liza Frulla…

Le point commun entre Ricardo Larrivée, Danny St-Pierre et Sœur Angèle? Ils sont tous passés par l’ITHQ. Depuis juillet 1968, l’Institut a formé plus de 12 000 diplômés en hôtellerie, restauration et tourisme, autant d’anciens étudiants qui seront conviés à une grande soirée en octobre prochain, en cette fin d’année du 50e anniversaire de l’ITHQ.

2018, une année chargée en événements pour Liza Frulla, à la tête de l’ITHQ depuis 2015. La directrice connaissait déjà bien l’établissement, puisqu’elle siégeait à son conseil d’administration depuis quatre ans. «Je me suis toujours intéressée à cet institut», confie l’ancienne ministre des Communications et de la Culture.

Parmi les événements jalonnant cette année, les portes ouvertes de l’établissement qui ont eu lieu le 10 février dernier. 3 000 personnes étaient présentes, dont de nombreux anciens diplômés et ambassadeurs. Fin février, l’ITHQ participait également au festival Montréal en Lumière, avec au programme ateliers, conférences et rendez-vous avec des chefs internationaux.

Autre événement au calendrier: le retour en juin prochain des camps culinaires, interrompus depuis 2012. Ces camps de jour d’une semaine offrent des cours de cuisine poussés pour les 10-15 ans.

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«Quand tu sors d’ici, t’as une profession»

Un 50e anniversaire qui permet à l’ITHQ de réaffirmer sa place dans le monde du tourisme et de la restauration au Québec:

«L’ITHQ est au Canada l’Institution avec un I majuscule, le fer de lance pour donner le ton aux autres écoles, appuie Liza Frulla. On est la seule institution au Canada à superviser 1 000 stages par an, au pays et à l’étranger. On a aussi la chance d’avoir dans un seul établissement un hôtel, un restaurant, des banquets, etc. Tout est intégré dans un seul établissement, et ça c’est unique. C’était la vision des gens qui l’ont créé il y a 50 ans. Quand des gens des grandes écoles de l’extérieur comme Bocuse ou Ferrandi viennent ici, ils sont agréablement surpris de voir que ça existe.»

La directrice met aussi en avant le réseau d’anciens étudiants, qui rassemble de grands noms du milieu. Des anciens étudiants qui font notamment appel au bureau des diplômés pour diffuser des annonces d’emploi destinées spécifiquement aux élèves passés par un des 22 programmes d’études de l’ITHQ en gestion hôtelière et restauration, service d’hôtellerie, administration, cuisine, etc.

«C’est 100% placement. Quand tu sors d’ici, t’as une profession, assure Liza Frulla. On essaie d’assurer à nos étudiants un espace très agréable pour apprendre, puis un espace très agréable pour travailler ensuite. Et ceux qui sortent d’ici sont très bien payés…»

Un métier qui s’apprend

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Mais si le tourisme et la restauration sont en pleine expansion au Québec et au Canada et que la demande en professionnels est exponentielle, le secteur doit faire face à un sévère manque de main d’œuvre. Dans ce contexte, certains zappent la case formation, ce que regrette vivement la directrice de l’ITHQ:

«On considère parfois qu’on peut apprendre ce métier en travaillant. Mais si on veut un tourisme de qualité, il faut des gens formés. On peut s’en tirer avec des étudiants de façon saisonnière, mais il y a des secteurs où ça n’est pas possible. En cuisine par exemple, c’est dangereux: il faut que les gens réalisent que quand ils vont au restaurant, ils mettent leur santé dans les mains des gens qui les reçoivent. Dans l’hôtellerie, on risque la réputation de l’établissement si on emploie des gens non-formés. La santé, la salubrité, ça demande une formation spécifique. Il faut  arrêter de penser que le tourisme et l’hôtellerie c’est facile. C’est un métier qui s’apprend!»

En plus de sensibiliser sur la nécessité de se former, il s’agit aussi d’encourager les étudiants à s’orienter dans ces secteurs en demande de main d’œuvre. «Attirer les étudiants, oui, mais c’est à l’industrie aussi de faire ça. On en fait un bon bout mais on ne peut pas y arriver tous seuls», note cependant Liza Frulla.

En attendant, l’ITHQ met sur pied de nouveaux projets pour se renouveler et susciter plus d’intérêt. Le côté recherche, notamment, est en plein développement: une entente avec l’Université Laval est en effet en cours pour créer le Gastronomiqc Lab, un laboratoire sur la restauration au sens large. «En nous associant avec l’Université Laval tout le côté recherche prend une ampleur considérable.»

En outre, l’Institut devrait prochainement être en mesure de délivrer un diplôme universitaire en haute gestion hôtelière. «Nous sommes une institution. Nous devons amener la profession de tourisme et d’accueil beaucoup plus loin que les autres écoles», conclut Liza Frulla. Alors que l’on est encore dans l’effervescence du 50e anniversaire de l’ITHQ, la directrice a déjà les yeux sur le 51e