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Changements climatiques : le chaud et le froid, le retour.

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Après des mois de silence, je retouche finalement au clavier. Mon nouveau boulot m’occupe toute la journée, je suis maintenant chercheur-analyste au ministère de la Santé du Québec, et les tâches domestiques le soir et la fin de semaine (dont des rénovations importantes de la maison). J’ai donc moins de temps pour écrire.

De plus, mon devoir de réserve m’oblige à ne pas me prononcer sur des sujets liés mon emploi. Étant donné que je travaille dans le domaine de la radioprotection, de l’approvisionnement en radio-isotopes médicaux et des équipements d’imagerie médicale, je ne peux écrire sur ces sujets et ceux liés comme les réacteurs nucléaires et la gestion des déchets nucléaires ou la santé en général sans une autorisation écrite du ou des sous-ministre(s) responsable(s). Bien qu’un peu emmerdant, ce n’est quand même pas si restrictif, même si je me mords la langue souvent.

Météo locale oblige, je vais discuter du  lien possible entre les changements climatiques et la vague de froid que nous subissons présentement. Bien que le froid ne soit pas extrême, la durée de la vague de froid et son intensité n’ont pas été vues depuis 1917. Une vague de froid record dans un climat qui se réchauffe, cela est paradoxal, ce que n’ont pas manqué de faire remarquer les climatosceptiques, Donald Trump à leur tête.

J’ai déjà écrit sur un des effets paradoxaux liés au réchauffement de la planète qui est le refroidissement des régions polaires dû au ralentissement de la circulation océanique causé par un apport accru en eau douce dans les régions arctiques. Si la possibilité de ce mécanisme est reconnue, l’importance qu’il prendra dans le futur est encore débattue. Il est cependant acquis que ce n’est plus considéré comme une faible possibilité, mais quelque chose de probable.

Cependant, cela n’a que peu à voir avec la vague de froid récente que nous vivons présentement qui est un phénomène purement atmosphérique. Il faut remonter aux travaux du météorologue américono-suédois Carl-Gustaf Arvid Rossby sur la circulation atmosphérique pour comprendre ce qui se passe.

Grâce aux travaux de Rossby, nous avons compris l’importance du courant-jet dans la dynamique de l’atmosphère. Ce courant aérien très rapide (sa vitesse peut atteindre 100 m/s [360 km/h]), est causé par la différence de température entre les pôles et l’équateur. Il constitue une barrière entre le froid polaire et les températures plus tempérées du sud. Si le courant-jet passe au nord, vous avez du temps doux, s’il passe au sud comme présentement vous avez droit à un froid polaire.

Les météorologues connaissent très bien ce phénomène et suivent le courant-jet avec attention. Or, le courant-jet ne va pas nécessairement en ligne droite, mais peut aussi faire l’objet d’oscillation nord-sud : les ondes de Rossby . Et, plus le courant jet est est faible, plus elles sont importantes. Or, la vitesse du courant-jet dépend de la différence de température entre le pôle et l’équateur. Ainsi, elle est  plus faible en été et le courant-jet est alors plus instable.

Ondes de Rossby (wikipedia)
Ondes de Rossby (wikipedia)

Le réchauffement de la planète a exactement le même effet, ce qui fait que le courant est maintenant plus lent que dans le passé. Il ondule donc avec une amplitude plus grande, mais en plus ces déformations prennent plus de temps à se déplacer. De sorte, que la météo tend à être bloquée pendant des périodes plus longues. C’est ainsi que l’on se retrouve avec des vagues de chaleurs et de froid prolongées.

C’est la théorie du moins. En pratique, il est difficile de faire ressortir cet effet du reste du bruit naturel de l’atmosphère. C’est pourquoi une certaine controverse demeure dans la communauté scientifique à ce sujet. Bien que des travaux récents indiquent que l’effet serait réel et ne serait détectable statistiquement que depuis peu de temps. De plus, il n’est pas clair si cette situation va persister dans le temps, car certains modèles prévoient une stabilisation dans le futur due à la remontée des cellules tropicales vers le nord.

Donc, changements climatiques ou pas, ce n’est pas demain la veille que l’on va cultiver des bananes au Québec.