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Éloges de la série B

Un ensemble de contextes m’a ramené ces derniers jours à l’univers de la série B. Un monde aussi vaste qu’effervescent du 7e art que j’embrasse, comme plusieurs autres cinéphiles, avec un amour inconditionnel. Si à mon sens, le cinéma de genre est bien souvent vu de haut, j’ai toujours senti qu’on levait le nez encore plus injustement à l’inhérente série B.

Ne pas apprécier le cinéma d’exploitation, l’horreur et autres sous-genres se défend toujours, mais bouder ces films dits de «second ordre» sous prétexte d’un certain élitisme m’a toujours semblé arbitraire. À la limite, je considère cet agaçant snobisme comme étant encore plus grossier que toutes ces éclaboussures de sang et poitrines en gros plan qui caractérisent plusieurs de ces productions délurées. En effet, la légitimité de ces oeuvres a souvent été remise en question. Étrangement, bon nombre de ceux qui les fuient se pâment, par exemple, devant les films de Tarantino, dont l’essence même provient de tous ces titres balayés du revers de la main.

Django (1966), titre auquel réfère Tarantino avec son Django Unchained

Un paradoxe qui, au fond, me fait sourire, mais qui surtout ne change en rien l’intérêt soutenu d’une fidèle communauté vouant un culte à cette forme d’expression propre à la culture populaire. Il est vrai qu’on retrouve un tas de nullités exécrables. En revanche, il ressort de ces propositions, des perles d’imaginations sans limite où l’inventivité et l’ingéniosité parviennent à faire oublier, voire pardonner en quelques occasions, le jeu douteux d’acteurs médiocres ou le manque de moyens, faute d’un budget déficient.

Enfin, là où je voulais en venir, est que les différents événements m’ayant replongé dans la série B m’ont simplement fait réaliser à quel point j’éprouvais toujours autant du plaisir et d’émerveillement. La consternation ne relève certes pas de l’exception, mais ma fascination et mon amusement demeurent entiers, malgré tout. Je pourrais m’attarder sur le sujet pendant d’innombrables heures, mais mon intention était de partager, bien humblement, quelques suggestions qui pourraient vous donner envie de vous (re)plonger dans ce monde aussi foisonnant que trépidant.

Matinee

William Castle (à gauche) et John Goodman dans Matinee

Je n’avais pas revu ce long métrage de Joe Dante (Gremlins) depuis sa sortie en 1993. Souvenirs plutôt flous donc, mais il me semblait avoir conservé cette impression de satisfaction à son égard. 20 ans plus tard, si la mise en situation m’apparaît plutôt laborieuse, pour ce qui est du reste, mon plaisir à visionner ce film est demeuré intact. Avec ses multiples et savoureuses références aux films des années 50 et les jouissifs extraits du fictif «Mant» (un film qui emprunte ses éléments à The Fly, Them! et autres dérivés), Dante ne pouvait mieux manifester tout l’amour qu’il porte pour la série B. Le personnage incarné par John Goodman et inspiré de William Castle (13 Ghosts, The House on Haunted Hill) crève l’écran.

American Grindhouse

Il y a bon nombre de documentaires qui tentent de couvrir l’historique de la série B et du cinéma d’exploitation. Ils ne sont pas tous réussis, mais un de ceux qui rend plutôt bien justice au phénomène est American Grindhouse (2010). Outre la narration de Robert Forster dont la carrière a connu un nouvel essor ces dernières années grâce à des rôles dans les films de Tarantino ou David Lynch, les interventions senties, amusantes et sans prétentions d’une panoplie d’intervenants de l’industrie dont John Landis, Jack Hill, Joe Dante, William Lustig et Herschell Gordon Lewis, rendent cet éloge de la série B passionnante.

Attack From Planet B 

Qu’il s’agisse d’horreur, de science-fiction, de westerns, de films d’action ou de kung fu et de sous-culture, le site Attack From Planet B dédie tout son contenu à ce qui se rattache à la série B, le meilleur comme le pire. Fondé par un britannique dénommé Adam Akers, le site a vu le jour quelque part en 2010. Monté sans prétention, visuellement attrayant et surtout riche en contenu, une visite sur le site peut rapidement créer une terrifiante dépendance. Il est facile de s’y perdre pendant un long moment… Jetez-y un oeil, à vos risques et périls. Sur la page facebook, il est intéressant de constater qu’on ne se limite pas qu’au contenu interne. En effet, plusieurs articles, images et liens pertinents de sites externes alimentent leur fil de publications. Tout à leur honneur.

Big Ass Spider, prochain plaisir coupable?

Ce titre sélectionné pour la prochaine édition du SXSW, a commencé à faire beaucoup jaser cette semaine dans le circuit des sites spécialisés en cinéma de genre. Déjà, en retrouvant le visage de Ray Wise et un caméo de Lloyd Kaufman des studios Troma (The Toxic Avenger) dans la bande-annonce fraîchement mise en ligne, je sens qu’il y aura matière à se régaler.

Ils sont passés par là…

Francis Ford Coppola (Dementia 13), Peter Jackson (Bad Taste, Brain Dead), Sam Raimi (Evil Dead), David Cronenberg (Shivers, Rabid, Scanners).