Soubresauts multiples aujourd’hui, alors que la « gourou » autoproclamée des médias sociaux-marketing, Michelle Blanc, s’est fait remarquer avec une salve de tweets dénonçant les contestations étudiante et populaire ; y allant dans la facilité de pratiques douteuses, comme des citations hors contexte et/ou mal comprises, et des propos qui avaient un pied dans les eaux froides de l’arrogance et du mépris. What the fuck, girl ?
Il est pour le moins étonnant qu’une adepte des médias sociaux, qui a prôné l’innovation et le changement radical des pratiques communicationnelles, se refuse radicalement à reconnaître le changement sociopolitique. Doit-on comprendre qu’il y aurait un « bon » changement et un « mauvais » ? Répondre à ces questions revient à cerner et à définir les différences entre médias sociaux et médias sociaux-marketing.
Comment en effet expliquer le troublant silence de madame Blanc au sujet de la spectaculaire démonstration actuelle de l’utilisation des médias sociaux ? Jamais, jusqu’à présent, de Twitter à Facebook en passant par la télévision communautaire CUTV, on n’aura autant senti l’influence des médias sociaux. Aucun référencement de madame Blanc sur les tendances et nouveaux usages en cours ; silence radio total. Au moment où la Sphère s’active comme jamais, le phénomène médiatique ne mérite pas le regard de l’adepte. Pourquoi ? C’est que le social, pour les médias sociaux-marketing, c’est d’abord et avant tout un public-cible ; c’est-à-dire une vaste communauté où tous partagent les mêmes valeurs, assurant ainsi l’optimisation des ventes. Ici, le politique et l’idéologie n’ont pas droit de cité. Le social, avec les médias sociaux-marketing, c’est d’abord et avant tout une machine cybernétique pleinement vouée à son plein rendement. Individuellement, anything goes, on fait tout ce que l’on veut, mais collectivement, nous serions tous régis par l’impératif d’aller tous dans le même sens de la pleine production. Ici, la main invisible de Smith se fait fourmilière, ruche ou banc de poissons ; une sorte d’autorégulation naturelle donc incontestable, hors de notre volonté. Individuellement nous serions tous « empowered », mais collectivement, nous aurions jeté les clés de la voiture dans le lac.
Il est pour le moins étrange que madame Blanc fasse preuve d’autant d’intolérance envers les « autres » ; elle qui pourtant a su relever des défis personnels qui non seulement méritaient notre empathie, mais qui ont aidé à propager des valeurs de tolérance. J’ai toujours défendu les usagers des médias sociaux lorsqu’on les accusait d’être des égocentriques. L’hyperindividualisme (primat du JE dans la dynamique sociale) n’est pas du narcissisme, comme le démontrent les mouvements populaires actuels. Cependant, madame Blanc, lorsque vous faite preuve d’autant de fermeture arrogante comme aujourd’hui, vous incitez à penser que vous êtes dans une bulle de gratification personnelle (je peux citer qui je veux, comme je veux – y compris mal, et aucune règle de parole ou d’échange envers l’autre ne sauraient me lier) qui frôle le narcissisme. Là où le bât blesse, est qu’ainsi vous contribuez à discréditer les médias dont vous entendez faire la promotion. Les médias sociaux ne méritent pas un tel traitement.
Enfin, il est triste de constater que apothéose finale de la journée était la publication d’un billet sur le site de madame Blanc ; qu’au fond, tout ce brasse-camarade de tweets provocants n’avait pour but que d’augmenter le compteur de clics d’un site Web… Et voilà le drame des médias sociaux-marketing : l’individu, les autres et le social sont entièrement assimilés à une logique de relations publiques, de publicité et de marketing; ils se font « branding personnel », public-cible et marché. Et alors le vivre-ensemble devient un prétexte à l’accumulation, qu’il s’agisse de clics, de clients, d’argent ou de pouvoir.
Les médias sociaux valent mieux ça. Nous valons mieux que cela. Vous valez mieux que cela, madame.
What goes around, comes around.
J’ai de plus en plus le sentiment dans les dernières années que la seule identité reconnue, admise et considérée comme presque sacrée dans notre société est l’identité de client.
La loi 78 clame haut et fort la primauté du droit de l’étudiant-client sur l’étudiant-étudiant. Je comprends donc la position de M.Blanc si bien placée dans ce vaste marché planétaire aux possibilités infinies.
Le problème ce n’est pas les enfants-rois mais les citoyens-clients.
Merci pour votre article, en revanche, je trouve dommage de s’acharner sur une personne qui ne fait que donner son point de vue, quel qu’en soit sa position, son influence sur la société.
Ici en France, nous suivons de près ce qui se passe chez nos cousins-frères canadiens et je peux vous dire que nous sommes surpris de l’éloignement des mouvements et la tournure des évènements par rapport à l’objectif initial.
Le problème actuel avec madame Blanc est qu’elle est incapable de sortir d’une dynamique de confrontation personnelle et d’amorcer un débat d’idées. D’une part ses « opinions » sur la crise ont consisté en bonne à partie à mépriser et à ridiculiser les gens qui ne pensent pas comme elle et, d’autre part, elle reçoit toute critique comme une attaque personnelle et retourne ainsi le « débat » sur le terrain des injures personnelles (sa « réponse » à mon article était notamment de m’accuser d’être un goujat, moi qui en aucun cas ai manqué de respect envers elle), Elle n’a jamais répondu aux questions que je soulevais. Ses « analyses » sont davantage de l’ordre de d’une rhétorique de dénonciation par le mépris. C’est dommage. Mais rassurez-vous, je ne « m’acharnerai » plus sur elle, c’est une pure perte de temps : nous sommes ici aux prises avec d’autres enjeux que des débats de société.Nous avons effectivement tous mieux à faire.
C’est faux. La personne qui prétend savoir ce qui se passe en France n’en sait pas grand chose. Les lois liberticides inquiètent aussi une partie de la population française, celle en tout cas qui reste attachée aux libertés fondamentales, dont celle de manifester et de faire grève.