Igor Antic : Boîtes de scène
Arts visuels

Igor Antic : Boîtes de scène

Comment peut-on espérer comprendre un lieu, sa situation dans un vaste ensemble social en quelque 21 jours? Igor Antic, artiste yougoslave domicilié à Paris et actuellement en résidence à La Chambre blanche, a réglé ce problème en faisant, comme il le dit, «une recherche sur ce que le lieu n’est pas, pour se rapprocher de ce qu’il est.» Comprendre un espace et y créer une ouvre adaptée est un défi qu’Igor Antic a relevé au Japon, au Texas et à Paris, pour ne nommer que ces endroits. Ce qui est tout à fait normal lorsque l’on sait que ce qui inspire cet artiste, c’est le lieu d’exposition, avec comme il le dit «son contexte, mais aussi son vocabulaire formel et esthétique». Dans le travail qu’il réalise actuellement, il questionne la création in situ – expression latine qui signifie dans son lieu d’origine – et ses contraintes temporelles et matérielles. Son travail s’élaborera donc en 21 jours, soit la durée de la résidence, avec pour matériaux du ruban gommé, du carton et des mots français et anglais. Pourquoi ces deux langues? «En arrivant au Canada, tout est bilingue, c’est ce qui m’a donné cette idée.» Comme Antic aime imposer une logique interne à son ouvre, basée par exemple sur un calcul de lettres ou une mesure de l’espace, le résultat de sa recherche ne respecte pas la logique d’un système comme la traduction. Ainsi, ses traductions vous paraîtront aléatoires ou fantaisistes.

Avec les matériaux choisis, il a conçu des boîtes de carton, dont la somme des surfaces est égale à la superficie de la galerie. Puis, il a découpé un mot en français sur une face de la boîte, puis un mot en anglais sur l’autre face de la boîte. Ainsi, le visiteur, en lisant un mot, percevra le mot vis-à-vis. Pour faire ressortir les angles de la galerie, l’artiste prévoit suspendre ce que j’appellerais des autoroutes pour lettres, où circuleront d’un coin à l’autre des «a», des «f», etc., qui, se croisant, donneront de nouvelles combinaisons. Igor Antic croit que «le signe (que ce soit une lettre ou un symbole) ne dit rien en lui-même, il faut qu’il soit mis en contexte, qu’il soit dans un système qui lui donne un sens». Le tout donne un travail extrêmement précis où chaque hasard, chaque possibilité est exploitée selon la limite de temps et d’espace imposée à l’artiste. Vous aurez donc sûrement envie de voir ce travail évoluer jusqu’à la fin du mois.
Jusqu’au 14 février
A La Chambre blanche