Festival Art Action Actuel : Espace temps
Arts visuels

Festival Art Action Actuel : Espace temps

Le Festival Art Action Actuel veut mettre la performance sur la carte des grands événements culturels montréalais. Une occasion unique de voir où en est cet art du temps présent.

La performance serait-elle encore, malgré son histoire très riche et maintenant presque centenaire – depuis les dadaïstes et les futuristes – la face cachée de la planète Art? Bien que cette forme d’expression soit très vivante dans le paysage artistique actuel, bénéficierait-elle de moins de visibilité que la peinture, la sculpture, et surtout que la photo et l’installation – ces deux dernières formes d’art lui ayant souvent volé la vedette?

Bien sûr, il existe des stars de la performance, telle Vanessa Beecroft; mais, paradoxalement et symptomatiquement, c’est bien plus par la photo que le public connaît ces prestations de cette artiste présentées uniquement au compte-gouttes dans les lieux les plus in et les plus hot…

Le Festival Art Action Actuel (le FA3) permettra de remédier à l’invisibilité relative de cette forme d’art. Jusqu’au 27 mai, des interventions en tout genre se tiendront dans une dizaine de lieux à travers la ville. Une occasion unique de voir où en est cet art du temps présent. Parmi la multitude des présentations, que choisir?

Pour ma part, j’attends avec impatience l’intervention de Massimo Guerrera chez Tangente (jeudi 10 mai, à 20 h). Cette vedette montante du milieu de l’art sait nous surprendre quand il évite une contestation trop caricaturale du système capitaliste. Que nous concocte-t-il pour cette fois-ci? Il sera accompagné dans cette soirée par Sylvie Cotton (dont nous avons beaucoup aimé le Théorème des Sylvie qui vient de s’achever à la Galerie Skol), ainsi que par Ayesha Cisneros, jeune artiste qui travaille habituellement avec des fibres d’un arbre du Mexique… À ne pas manquer.

Il faudra aussi surveiller, tout au long du festival, les "manoeuvres urbaines" de Cesar Saez réalisées dans plusieurs endroits à Montréal et diffusées en direct via Internet sur le site du FA3. Cet artiste s’est spécialisé dans d’originales interventions comme celle constituée par un énorme réseau d’élastiques bloquant l’entrée du Musée d’art contemporain en 1993.

Le spectateur pourra se rendre au fameux Cinéma l’Amour (!), boulevard Saint-Laurent, afin d’y voir de l’art… celui de L’Amour aveugle de Constanza Camelo et de James Partaik (à 11 h 30 le vendredi 4 mai).

Devora Neumark, quant à elle, travaillera en atelier au Studio 303 avec un petit groupe de 12 personnes, le samedi 5 mai de 10 h 30 à 14 h. La couture servira à tisser des liens entre ces individus. Réservations obligatoires.

Et puis il faudra également courir voir les créations de Diane Landry, Helena Goldwater, Christine Carson, Pierre Beaudoin, Istvan Kantor, et bien d’autres…

Une liste complète des événements se trouve sur le site www.fa3.org

Renseignements: (514) 849-1835
Jusqu’au 14 mai

Vision du monde au quotidien
À la Galerie Verticale, à Laval, Murielle Dupuis Larose propose une installation qui vaut le détour même si son aspect interactif est plutôt faible et très limité. Cette artiste interroge la vie de tous les jours (attitude bien présente en art contemporain, ce qui lui donne une valeur plus sociale), pour mettre à jour ce que ce "quotidien banalise". Son vidéo Le Couloir montre au ralenti une femme nageant – flottant devrait-on dire – dans une piscine. Cette lenteur de l’image, souvent utilisée en art contemporain (entre autres dans les pièces souvent prétentieuses de Douglas Gordon), crée ici une atmosphère de plénitude très réussie. Travail épuré grâce auquel le spectateur pourra laisser vagabonder son esprit.

Les photos d’Isabelle Hayeur, intitulées Paysages incertains, même si elles ne sont pas d’une absolue nouveauté, représentent néanmoins une réflexion très efficace sur le paysage industriel. Elles montrent bien souvent la marge, les limites très abîmées, des tissus urbains. Dans leurs aspects très picturaux, elles doivent beaucoup à Jeff Wall, mais avec un désir plus marqué de mettre en évidence la rupture entre le monde de la nature et les constructions de la culture. Un travail bien construit sur la désolation.

Jusqu’au 27 mai
Galerie Verticale

Àsignaler
Les expos de finissants se poursuivent dans les universités cette semaine encore. Remarquons celle des départements de la Faculté d’aménagement de l’Université de Montréal, c’est-à-dire les écoles d’architecture, d’architecture du paysage, de design d’intérieur, d’urbanisme et de design industriel. Cette dernière retiendra l’attention de ceux qui voudront avoir une idée de ce à quoi ressemblera le monde de demain.

Notons une forte tendance au recyclage avec cette lampe (d’Alex Derghazarian) et ce sac à main (de Geneviève Grenier) formés de tissus récupérés. Les retraités sont aussi à l’honneur avec cette marchette incorporant un sac de rangement, et se transformant en siège de repos; tout comme d’ailleurs les jeunes cadres dynamiques avec des chaises multimédias sur lesquelles on peut s’asseoir avec son ordinateur et autres technologies pour travailler, "chatter", envoyer des courriels, écouter de la musique, jouer à des jeux vidéo… Très tendance, puisque le Musée d ‘art moderne de New York consacre à ce type de mobilier une section entière dans son expo sur le design qui tient l’affiche ces jours-ci. Demain vous risquez d’avoir un tel siège dans votre salon.

L’exposition débute ce soir jeudi à 18 h, et dure jusqu’à dimanche seulement. Au 2940, chemin de la Côte Sainte-Catherine.