Faire du surplace : Odyssées de l’espace
Circa présente Faire du surplace, une exposition regroupant les œuvres de Catherine Bolduc, Janet Logan, Manuela Lalic, Marie-Josée Laframboise et Josée Dubeau.
Sur les murs, quelques dessins. De très grandes installations sculpturales surtout, faites d’objets assemblés en de proliférantes accumulations. Du surplace? Il s’agit d’œuvres crées in situ, donnant lieu à des architectures fantasques au grand potentiel évocateur. L’exposition est une initiative des artistes-commissaires Catherine Bolduc et Janet Logan, misant sur l’idée du "faire", du geste créateur donnant naissance à l’œuvre: le plaisir de construire, la surprise du résultat. Cinq filles partageant des affinités de création et un grand espace… Ludique et vertigineux.
Derrière une porte entrouverte, il y a Encore des châteaux en Espagne de Catherine Bolduc, qui s’amuse à truquer notre perception. Il s’agit d’une structure fragile, échafaudage périlleux de baguettes et de chapeaux chinois se multipliant à l’infini devant un hémicycle en miroir. À la difficulté de lecture de l’œuvre s’ajoutent cette séduisante lumière bleue et ce miroitement qui nous jette hors du monde, sorte d’incartade au pays des merveilles et des faux-semblants. Avec Elle a été élevée dans du coton, Janet Logan nous parle du langage de l’enfance, de souvenirs et de la construction identitaire des petites filles: des dizaines de poupées suspendues par des cordelettes, emmaillotées sous des couches de rubans de gaze médicale avec, ici et là, des mèches blondes qui pointent et des pelotes déroulées. Des dessins au fusain tracés directement sur les murs nous montrent des mains occupées à certains gestes de cuisine.
Manuela Lalic expose une immense masse de sacs-poubelles de plastique noués, hors contrôle comme une coulée partant du plafond et dérapant sur des chaises pliantes. Des objets y sont incorporés: grilles d’aluminium, cheveux humains, filets, élastiques, cordes… Il s’agit d’une esthétique du rebut (indissociable des considérations sociales et écologiques de son travail), des objets laissés pour compte, de l’informe créé à partir d’objets organisés. De Marie-Josée Laframboise, il y a Cafouillage et autres petits désordres, structure orthogonale arachnéenne tendue de fils de nylon relevant pratiquement du tissage, zébrée de quelques lignes de couleurs. De ce jeu sur les tensions et le vide, émergent des diagrammes qui nous renvoient à des réseaux d’interconnexions. Dommage pour nous (mais heureux pour elle), Josée Dubeau est en résidence d’artiste à Berlin, ce qui nous prive du plaisir de voir exposée l’une de ses installations. Tout de même, trois dessins témoignent de sa présence et recoupent le plus clair de ses préoccupations sur le rapport visuel et tactile du corps à l’espace: Champs électriques, Perdus dans l’espace, mais surtout Atterrissage, curieux parachutes désobéissant aux lois de la physique, ne soutenant pas un building en chute libre (ou en apesanteur?). www.cam.org/~circa.
Jusqu’au 19 février
Au Centre d’exposition Circa
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