Daniel Jolliffe et Kristen Roos : Espace public en otage
Arts visuels

Daniel Jolliffe et Kristen Roos : Espace public en otage

Même si Daniel Jolliffe et Kristen Roos, résidents in situ de la Chambre blanche, offrent des environnements sonores distincts, ils ont un objectif commun: La Transmission des  savoirs.

Mais comment nous transmettons-nous aujourd’hui les "savoirs"? La réponse de Kristen Roos et de Daniel Jolliffe, que nous avons joints par téléphone à la Chambre blanche, semble être l’"espace public". En effet, c’est par l’utilisation de l’espace public que le citoyen prend la parole. Stations de radio, journaux, télévisions et Internet pullulent dans notre monde médiatico-politique et doivent, selon les termes d’un contrat social tacite, être une courroie de transmission entre l’État et la société civile. Et pourtant, on a souvent l’impression que personne ne nous écoute, que personne ne nous entend, que personne, finalement, n’utilise cet espace qui est supposément le nôtre; c’est aussi parce que "le gouvernement essaie de contrôler la parole, que moi, Daniel Jolliffe, j’essaie de libérer la parole". C’est sûrement pour toutes ces raisons que Roos (par la radio) et Jolliffe (par Internet et des émissions sonores) nous proposent de nous réapproprier ce que, en somme, nous n’avons jamais perdu. Il s’agissait d’y penser.

Le projet de Roos, c’est de "créer un environnement acoustique, une sculpture sonore, en procédant par collage de sons qui ont été recueillis dans le quartier Saint-Roch pendant les dernières semaines. Je voulais expérimenter la radio. Je voulais que chaque personne reçoive un message unique. Puisque j’ai capté des sons avec lesquels sont familiers les habitants de Saint-Roch, chaque son va être reçu différemment, selon les expériences personnelles de chacun". En tout, c’est une heure d’enregistrement sonore qu’il a et qu’il diffuse (jusqu’à samedi) en boucle sur les ondes radio (97,5 FM), de 7h à 23h. On peut aussi voir son installation, son poste d’émission – un transmetteur radio à basse puissance – à la Chambre blanche. Une antenne a même été installée à cet effet sur le toit de l’édifice.

Or, c’est bien beau tout ça, sauf que… qu’est-ce que le son a à voir avec les arts visuels? Selon Roos, "tout le monde associe des images aux sons qu’il entend. On se fait une image des sons, et on entend des sons en regardant des images, cela dépend de notre vécu" et de notre imagination. Pour Jolliffe, Internet devient l’outil par lequel le visuel prend forme. En allant sur son site (www.onefreeminute.net/fr) ou en composant un numéro de téléphone (1 888 500-1011), on peut laisser un message vocal n’excédant pas une minute. Le travail de l’artiste de Vancouver (les deux le sont) consiste à diffuser ces messages sur la place publique, "pour donner le reflet de ce que pense le peuple d’un pays". En donnant la parole gratuitement et presque sans censure à tous, Jolliffe "se penche sur l’influence qu’exerce la technologie sur le discours public". Sur son vélo émetteur, le "onefreeminuteMan" arrivera à l’agora extérieure de la Bibliothèque Gabrielle-Roy le 9 juin à 21h, les 10 et 11 juin à 17h et les 12, 13, 14 et 15 juin à 21h pour diffuser les minutes envoyées sur son site et sa boîte vocale. Bon spectacle!

Jusqu’au 18 juin
À la Chambre blanche
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PLUS ÇA CHANGE, PLUS C’EST PAREIL?

Non. Ce vieux dicton ne s’applique pas au travail de Penelope Stewart. C’est tout le contraire. Son but est de "re-territorialiser" nos environnements quotidiens ou architecturaux. Pour ce faire, elle crée un espace (un textile accroché sur toute la largeur et la longueur du plafond de la galerie – qu’on peut voir à l’aide d’un miroir de poche) d’une intime tranquillité. Et force est d’admettre qu’avec l’exposition Canopy, présentée au Centre d’artistes Engramme jusqu’au 2 juillet, cette artiste de l’Ontario nous fait atteindre des cieux inespérés.

PIGNON SUR ALFRED PELLAN

Le MNBAQ vient de faire l’acquisition de la Maison Alfred et Madeleine Pellan. Cette maison a été décorée par le célèbre peintre: des marches aux murs et armoires, en passant par la salle de bain, tout respire Pellan, même les briques de la cheminée n’ont pas échappé à son imagination débridée. Le Musée profitait de cette annonce pour en faire une autre le concernant: il y aura à partir de l’année prochaine, et cela pour souligner le centenaire de Pellan, une exposition permanente qui lui sera consacrée. Une idée bestiale…

SUGGESTIONS PEINTURE

Hélène Matte expose son travail à la Galerie Rouje. Avec Mes vieux, cette jeune artiste fait réfléchir sur les rapports que nous avons avec les "vieillards". Son médium, des estampes numériques accompagnées de textes: un matériau original pour une idée d’actualité. Jusqu’au 18 juin.