Jean-Robert Drouillard : La famille ours
Arts visuels

Jean-Robert Drouillard : La famille ours

C’est après 10 ans de pratique que Jean-Robert Drouillard voit enfin son travail accueilli dans un centre d’artistes.

Jean-Robert Drouillard présente son exposition Nous sommes la nature, qui comprend des figures pour le moins surprenantes. Le sculpteur est bien connu, entre autres pour son oeuvre qui avait été sélectionnée avec enthousiasme par un comité d’évaluation et finalement rejetée par la Ville de Québec… Mais ça, c’est une autre histoire. À Espace Virtuel, en grandeur réelle, des hommes et des femmes sculptés dans du bois de tilleul et peints à l’acrylique semblent discuter tranquillement. Gageons que plusieurs personnes resteront bouche bée en tombant nez à nez avec ces sculptures inhabituelles, surtout si l’on considère que la salle 2 du centre sert aussi de lieu de passage! Une belle façon de provoquer la rencontre. Il faut dire que les corps de ces personnages à forme humaine sont surmontés de drôles de têtes: des crânes d’ours. L’os nu projette immédiatement dans ce riche imaginaire animiste où l’homme et la bête sont frères, version moderne.

Celui qui a fait ses études à la Maison des métiers d’art de Québec et y enseigne à présent se déclare "artisan en arts visuels". L’apprentissage de techniques traditionnelles en sculpture sur bois, notamment la taille directe, lui a permis d’avoir une maîtrise solide de sa discipline et d’aller au-delà de la figuration pure. S’étant dirigé vers l’autoportrait, il en est venu à créer des représentations de lui-même et de sa famille. Sa femme, ses deux fils et sa propre personne sont actuellement ses seuls modèles. À partir d’une photographie travaillée sur ordinateur, l’artiste produit un gabarit qu’il utilise ensuite pour sculpter. Ses figures obtiennent ainsi une parenté, déclinant les mêmes corps avec de menues différences physiologiques. Si vous êtes allés au Symposium de Baie-Saint-Paul l’été dernier (pour lequel il fut l’unique artiste sélectionné par voie de dossier), vous avez déjà pu constater que le monde animal semble chez Drouillard le médiateur entre réalité et fiction, frôlant la fable, le conte et le mythe au passage. Tout compte fait, on aurait aimé plus d’oeuvres, plus d’espace, pour apprécier son travail à sa juste valeur.

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