Catherine Béchard et Sabin Hudon / Objet indirect : La matière et le son
Arts visuels

Catherine Béchard et Sabin Hudon / Objet indirect : La matière et le son

Catherine Béchard et Sabin Hudon exposent une oeuvre sonore tout en mouvement lors de l’événement Objet indirect, une initiative de DAÏMON.

Cannes à pêche, moteurs, fils électriques, récipients de verre… Voilà les éléments tangibles de La chute des potentiels, oeuvre dont la matière première est le son et dont la portée s’étend bien au-delà de l’espace qui la contient. Dessinant un cercle jonché d’un ensemble hétéroclite d’objets de verre, des cannes à pêche actionnées par un moteur montent et descendent au rythme des passants; chacune des cannes fait retentir, grâce à son "leurre factice" (un moteur vibratoire pendu à son extrémité), des cliquetis à la résonance particulière, bruits clairs et cristallins, "aléatoires et inattendus".

"On présente toujours au spectateur une proposition dans laquelle il est invité à s’insérer", affirme Catherine Béchard. L’autre moitié du duo artistique, Sabin Hudon, ajoute: "On compose l’oeuvre et on la met à la disposition des gens. Elle va voir si les témoins s’arrêtent, s’ils se promènent… Si oui, elle va continuer sa proposition."

Le tandem montréalais indique aussi avoir utilisé la composante du silence pour susciter le doute chez l’observateur. "On travaille l’interactivité dans la pause… observe Catherine. Ça incite à faire une relecture de l’oeuvre, à changer notre façon de la vivre."

Et les "potentiels" du titre? "Ce sont toutes les petites choses de la vie, répond notre interlocutrice. Nos rêves, nos désirs, nos relations, la parole avortée, l’élan freiné, l’incompréhension, la guerre, la destruction…" "Des choses qu’on a voulu illustrer par la fébrilité des fils et des cannes, poursuit Sabin, un musicien de formation. On tourne à gauche, on tourne à droite, on s’arrête ou on continue… On fait des choix, et finalement…" "Tout bascule! de conclure sa compagne de travail. Après ça, le calme, puis ça recommence."

Deux artistes

Le duo, reconnaissant du soutien accordé par ses pairs dès le début, est actif depuis 1999, alors que ses deux membres collaboraient sur un projet de boîtes à bruits. "La différence après 12 ans, déclare celui qui est également bruiteur au cinéma, c’est qu’aujourd’hui, on comprend mieux la direction qu’on veut donner à nos pièces. On se sent plus à l’aise avec ce qu’on entreprend, parce qu’on se sert mieux de notre savoir."

Il ne faut pourtant pas croire à une division des tâches au sein du groupe. Catherine croit qu’il y a "de l’interférence et de l’influence des deux parties", que l’un entamera une chose, et que l’autre la terminera. "Le je devient ainsi le nous, commente celle qui poursuit sa maîtrise en arts visuels et médiatiques à l’UQAM. J’apprécie l’ouverture d’esprit de Sabin, les échanges qu’on peut avoir, notre compréhension mutuelle, même si parfois, dans le duo, il faut se battre un tout petit peu!"

À surveiller prochainement: une monographie sur leur production qui sortira en mai et des expositions à l’extérieur du pays. "Mais toujours cette réflexion sur l’écoute, le silence, le mouvement, la résonance naturelle des objets, précise Catherine. D’ailleurs, dans La chute des potentiels, la matière parle d’elle-même… Il n’y a pas de diffusion par haut-parleurs."

Jusqu’au 23 avril
À AXENÉO7 et à DAÏMON
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Perte de signal, Manon Labrecque, Jean-Pierre Gauthier

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Objet indirect

L’oeuvre fait partie d’une exposition présentée à AXENÉO7 et à DAÏMON où, entre autres, a lieu Objet indirect. Développé par les co-commissaires Steve Loft et Marie-Hélène Leblanc, le projet comprend des expositions, des formations et des performances qui se dérouleront sur une période d’un an. "On a décidé d’aborder la thématique de la matérialité et de l’analogique en arts médiatiques", souligne la directrice artistique de DAÏMON. Les propositions choisies présentent donc une vision personnelle de la matérialité en arts médiatiques. "Collin Zipp, par exemple, détruit la bobine vidéo avec des produits chimiques pour ensuite la remonter et la présenter telle quelle. Manon de Pauw travaille la lumière, tandis que Béchard-Hudon, eux, présentent une installation très concrète", indique Marie-Hélène.

Au sujet des formations et des autres activités, consultez objetindirectobject.info