Fernand Leduc : Les variations Leduc
Né en juillet 1916, Fernand Leduc est un artiste encore bien actif. Regard sur un pan de son oeuvre avec quelques merveilles à la clé.
Pour le grand public, il est avant tout un des signataires de Refus global, manifeste écrit par Paul-Émile Borduas en 1948, qui dénonçait entre autres le pouvoir aliénant de l’Église catholique (situation que, de nos jours, nous avons trop souvent tendance à minimiser et même à oublier). Mais sa peinture ne s’arrête pas à ces années-là, à la période de partage avec les Automatistes dont il a été un des "propagandistes", écrivant divers articles entre autres dans le journal Quartier latin.
L’exposition intitulée La levée du voile, qui a lieu ces jours-ci dans les galeries Roger Bellemare et Christian Lambert, vous permettra de faire un survol de son art réalisé dans les 40 dernières années. Le visiteur pourra juger de la vitalité de son travail ancien et récent, même très récent avec, par exemple, la série de pastels Mon Tibet à moi réalisée en 2011.
Il faudra regarder avec attention les trois Microchromies exposées, oeuvres des années 70. Les microchromies sont un moment fabuleux de la production de Leduc, un écho à la notion de microtonalité (emploi d’intervalles musicaux plus petits que le demi-ton) chez des musiciens comme Partch, Vivier, Ligeti… Le visiteur remarquera en particulier Microchromie 6, ZL gris (1975-1978), variations de tonalité d’un gris-mauve à l’acrylique sur six toiles réunies. Un défi pour le système de reproduction des images tant les écarts de couleur entre les divers "panneaux" sont à la fois minces et précieux, et qui s’avère aussi un défi pour le langage et la description… Une réflexion sur la couleur et la lumière qui est fascinante. Voilà une peinture qui, comme Leduc l’écrivait, ne fait pas dans le cri, mais plutôt dans le chuchotement et qui se révèle une glorification de la nuance comme principe de la pensée.
Toutes les pièces exposées ne sont pas aussi fortes que ces microchromies, mais ne serait-ce que pour celles-ci, c’est une expo incontournable. Une forme de contestation du bling-bling de trop d’oeuvres contemporaines.