10 ans d’urgence / ATSA : Art de rue
Événement à la fois culturel et communautaire, État d’urgence a modifié le rapport à la pauvreté en instaurant un dialogue entre citoyens à travers l’art. Engagez-vous, qu’ils disaient.
Si État d’urgence commence en 1998, l’Action terroriste socialement acceptable (ATSA) prend vie l’année précédente en alliant l’art, une idée de la dissidence et l’action citoyenne la plus élémentaire: venir en aide aux plus démunis. "L’ATSA a commencé quand on a créé la banque à bas, faite de poêles de cuisine soudés ensemble, qu’on a placés illégalement devant le Musée d’art contemporain de Montréal, raconte Annie Roy. Déjà, la thématique était là: les profits des banques versus les besoins de la pauvreté."
Cofondatrice avec Pierre Allard, Annie Roy revient sur les débuts d’État d’urgence, exposant comment elle souhaitait d’abord créer un camp de réfugiés où viendraient monsieur et madame Tout-le-monde, alors que ce sont finalement les sans-abris de la métropole qui l’ont investi. L’ADN de l’événement reste toujours le même, cependant: renforcer le tissu social en mettant en contact plusieurs habitants de la cité qui se croisent au quotidien, mais sans trouver de lieu de dialogue en temps normal.
Dans ce campement urbain, artistes en arts visuels, comédiens, musiciens, itinérants et autres citoyens se côtoient, mangent, échangent.
C’est ce que montre l’exposition qu’accueille aujourd’hui la Maison Hamel-Bruneau: une rencontre entre l’art et la vie. "Ce que j’en retiens aussi, dit Annie Roy, c’est la qualité du travail des artistes qui, dans le contexte d’État d’urgence, font de l’art de brousse. C’est pas facile de travailler dans ces conditions-là, avec les gens. Mais en même temps, il y a une sorte de mise en contexte essentielle qu’on faisait là: la cohabitation entre l’oeuvre et son sujet."
L’événement qui aura duré au total 11 ans est désormais disparu (remplacé par Fin novembre, une version plus modeste d’État d’urgence, à Montréal du 16 au 25 novembre prochain). Mais il survit dans ces dessins, chaises de plage peintes, modèles réduits de favelas en carton, photos, vidéos et autres qui se côtoient et racontent l’histoire d’une solidarité en marche dans les rues de la ville. "Nous, ce qu’on veut, c’est de dire c’est quoi le "vivre-ensemble", termine Annie Roy. La ville, la société, c’est un mariage pour le meilleur et pour le pire. Il faut essayer de se comprendre, de pencher vers plus d’empathie. On ne gagne rien à être intolérant."
Conférence
Les "États d’urgence" de l’ATSA: un engagement militant
Le 9 octobre, à 20h
Exposition
10 ans d’urgence
Jusqu’au 16 décembre
À la Maison Hamel-Bruneau