Bonjour et bienvenue à l’Institut économique de Montréal (IEDM), un organisme « de recherche et d’éducation » qui propose et diffuse « des réformes créatrices de richesse et fondées sur des mécanismes de marché ». Vous serez heureux d’apprendre que l’IEDM est « indépendant, non partisan et sans but lucratif », comme la Croix-Rouge.
Bien que nous publiions des études et des rapports sur une foule de sujets, nous n’avons essentiellement qu’une seule conclusion, déclinée sur tous les tons: il faut moins de réglementation, moins de syndicats, moins d’impôts et de taxes, une plus grande ouverture des marchés et un rôle accru pour l’entreprise privée. Nos études et nos communiqués de presse des 10 prochaines années sont déjà prêts; reste juste à ploguer les dates et les chiffres.
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Bonjour et bienvenue chez SECOR, une « firme internationale de conseil en stratégie et management ». (Pour un service dans la langue internationale des affaires, appuyez sur *9). Nous sommes « la plus importante firme de conseil indépendante au Canada ». Nous servons les intérêts de nos clients — « firmes globales ou nationales, entreprises de taille moyenne, organismes gouvernementaux ou parapublics ». Et nous ne sommes pas sans but lucratif.
Nous nous intéressons principalement aux « questions qui concernent la haute direction » et nous cherchons « la performance » avant tout. Tirez vos conclusions. Dans tous les cas, ne comptez pas sur nous pour partir à la conquête d’un insaisissable intérêt public qui pourrait contredire les ambitions de nos clients. C’est un beau principe, mais c’est pas exactement notre job.
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Bonjour et bienvenue à l’IRÉC, l’Institut de recherche en économie contemporaine. (Inutile d’appuyer sur *9 pour le modèle Anglo-Saxon: ici on parle français, la langue officielle du Québec). L’IRÉC est un « institut de recherche progressiste » qui produit et diffuse des études « bien ancrées dans la défense et la construction du modèle québécois ». On est évidemment à but non lucratif.
Fondé par Jacques Parizeau en 1999, avec un conseil d’administration largement issu du monde syndical, vous pouvez compter sur nous pour faire la promotion inlassable d’une recette bien connue: plus de réglementation, plus de syndicalisme, plus de protectionnisme, et plus d’interventionnisme de la part du gouvernement (du Québec évidemment). On n’est pas plus con que les autres: nous aussi on a déjà rédigé nos communiqués de presse pour les 10 prochaines années.
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Bonjour et bienvenue à l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS), un organisme « sans but lucratif, indépendant et progressiste » dont la mission est de diffuser un « contre-discours » à celui des « élites économiques » et des « tenants d’un néolibéralisme qui limite l’existence humaine aux rapports économiques atomisés ». (On a dit qu’on était indépendant et sans but lucratif, on n’a pas dit qu’on n’avait pas d’agenda.)
Nous nous intéressons à plusieurs questions mais, comme d’autres, 100% de nos conclusions vont dans le même sens (et contre l’IEDM). Sauvez-vous du temps et acceptez donc, comme nous, que le libre-marché a toujours tort, qu’il faut refuser la logique des chiffres, et que l’amélioration du sort de l’environnement et de toute la société passe obligatoirement par la mise en place d’une social-démocratie renforcée.
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Loin de moi l’idée de censurer ou de faire taire ces instituts, firmes, ou autres groupes qui alimentent les débats politiques du Québec, même si on sait exactement où ils militent et qu’on ignore souvent qui les finance.
Je soupçonne toutefois que nous sommes plusieurs à espérer lire un jour des rapports et des études dont les conclusions seront un peu moins prédéterminées. Ô le fantasme d’une étude de l’IEDM qui concluerait à l’utilité d’une réglementation ou d’une hausse d’impôt! Ô le délire d’un rapport de SECOR qui soulignerait les écueils de la profitabilité effrenée! Ô le rêve d’une étude de l’IRIS qui concluerait à la nécessité de la compétitivité internationale et de l’ouverture des marchés! Ô le mirage d’un rapport de l’IRÉC qui exposerait les avantages du fédéralisme canadien et de l’initiative privée!
Je ne retiens pas mon souffle.
Entre-temps, nous sommes pris avec des « études » aux prémisses et aux conclusions partiales, récupérées par des acteurs/commentateurs qui se présentent parfois comme « neutres », mais qui sont souvent prêts à ne voir la réalité qu’à travers le prisme étroit des oeillères qui leur conviennent.
« …et qu’on ignore souvent qui les finance. »
c’est pourtant LA question essentielle à se poser.
allez, jérome, au boulot!
Bonne réflexion, mais il semble que ce genre de défaut fasse indécrottablement partie de la nature humaine… http://www.sciencedaily.com/releases/2006/01/060131092225.htm
Dis-moi qui te paie, je te dirai qui tu es! Comme quoi l’argent ne change pas le monde…mais!
» there are lies, there are damned lies and then there are statistics » Philosophe anglais du 20 ième siècle dont j’ai perdu le nom.
Tous ces groupes d’intérêt manipulent les statistiques pour défendre leur point de vue ou celui de leur clientèle. Me semble qu’en adulte on peut en prendre et en laisser sans toujours avoir le réflexe de jeter à la poubelle toute étude écrite ou commandée par une organisation qui se trouve en opposition avec nos propres préjugés politiques.
Vous avez oublié de mentionner que l’IEDM émet des reçus pour fins d’impôt à titre d’organisme de « charité ». Ainsi, l’argent que Power Corp investit dans l’IEDM (pour que celui-ci nous dise qu’il est temps, après 30 ans de néo-libéralisme, que la classe moyenne et les moins nantis paient leur « juste part ») est déductible d’impôt.
Belle manœuvre. Qui ajouterait à la crédibilité de l’IEDM si elle l’affichait: On peut lui faire confiance, puisqu’elle est un organisme de « charité », dons sûrement totalement voué à défendre les pauvres et la classe moyenne.
Je ne puis être plus en accord avec toi. La question pour moi demeure: y a-t-il quelque part sur cette planète des instituts de recherche socio-économiques véritablement indépendants ? Je crois qu’il faille oublier l’idéal d’une (pseudo-)objectivité en la matière. En l’occurence, j’aime mieux l’IRIS et l’IREC qui affichent (un peu plus) clairement leur orientation idéologique… À l’opposé du spectre, j’apprécie énormément le CATO aux États-Unis, qui s’affiche clairement libertarien de droite. On sait à quoi s’en tenir. (Bon ok, la qualité de leur travail dépasse par 100 fois les quatre exemples que tu as cités.) Ne crois-tu pas que tu sois un peu idéaliste dans ton désir d’avoir un tel institut qui soit véritablement idéologiquement neutre?
Je ne crois pas non plus à la neutralité objective. Certains instituts sont plus nuancés ou rigoureux que d’autres, mais personne n’est véritablement indépendant. D’ailleurs, je félicite (sans ironie) ces instituts d’être à ce point transparents: aucun d’entre eux ne cache ses biais idéologiques. J’aimerais voir un jour des rapports rédigés/supervisés par des comités un peu plus diversifiés, mais à court terme je pense que ces instituts pourraient faire une meilleure job de présenter et répondre (de bonne foi, sans déformation) aux arguments, chiffres et objections du camp opposé, plutôt que de (trop souvent) présenter un portrait partial de la réalité, et de finir par prêcher aux convertis, qu’ils soient de droite ou de gauche.
Très juste. Je crois que l’important est dans le portrait non seulement partial, mais partiel de la réalité. Je n’aime pas casser du sucre sur le dos des médias, mais ce qui est très énervant c’est qu’on présente aux bulletins d’informations ces études comme si elles étaient vérité d’Évangile. Et c’est aussi bon pour l’IÉDM, le Fraser que l’IRÉC ou l’IRIS – comme on l’a entendu récemment.
@jérôme
c’est dommage, mais comme ianik, je ne crois pas qu’il soit réaliste d’espérer l’apparition d’un think tank qui débusque la vérité à tous les coups.
tu devras donc rester vigilant pour le restant de ta carrière d’appréciateur d’analyses socio-économiques.
pour te donner une longueur d’avance, je crois que tu peux disqualifier d’avance les instituts qui te vendent la salade du clan desmarais. c’est que vois-tu, cette salade t’appartient déjà.
« Certains instituts sont plus nuancés ou rigoureux que d’autres, mais personne n’est véritablement indépendant. »
Mais peut-on vraiment mettre tout le monde dos a dos ( ce que semble faire votre texte) en disant qu’ils ne sont pas « véritablement indépendant » …
alors meme qu’on dit …
« Certains instituts sont plus nuancés ou rigoureux que d’autres »
Ca fait toute la difference non ?
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« Loin de moi l’idée de censurer ou de faire taire ces instituts, firmes, ou autres groupes »
Sans censurer il me semble qu’on peut pas ouvrir une garderie comme on veut … j’ai des regles si je veux avoir un bar dernierement on disait qu’un bar avait comme condition de ne pas faire jouer de musique hip hop …
Donc dans le fond pourquoi pas certaines exigences pour l’utilisation de certains vocables …
Vous voulez vous qualifier de groupe soit … d’institut par contre autre affaire …
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Moi ce qui m’inquite c’est de voir que de plus en plus ces instituts jouent sur l’ambiguite … on essaye de faire croire qu’il se fait de la recherche, mais de la recherche c’est autre chose que des bureaux et des gens avec des formations universitaires qui ecrive des truc … cela me fait penser a ces gens des pseudo science qui ouvre des journaux, font des associations, … sur le font … ca fait pas plus de la science …
Pour …
http://www.iedm.org/fr/1244-personnel
http://www.iedm.org/fr/1246-chercheurs-associes
On nous donne deux categories … il y a d’une part du personnel qui n’ont pas d’experience en recherche. On retrouve des gens avec des experiences d’emploi qui ont ete au conseil du patronat , adjointe administrative ici, dans un cabinet juridique, la financiere cela …
Pour les chercheurs associes c’est different et on definit pas clairement le role d’un et l’autre. Et au fait on est associe a quoi … un centre qui sans les chercheurs associe a pas de chercheurs … dans le fond pourquoi par chercheur du centre tout simplement …
Par exemple un chercheur associe prestigieux …
http://www.iedm.org/fr/703-james-m-buchanan
Je vais faire de la speculation ( et toute mes excuse si c’est errone )
Un prix nobel qui a eu son doctorat en 1948 … et des gens pourrait penser que probablement il ne doit peut etre meme pas savoir ce qui se publie concretement ou avoir un bureau ( ou s’il en a un il ne sait peut etre meme pas ou il est ) … peut etre faire une conference annuelle …
et puis on retrouve des gens avec des titre ambigue d’economiste senior ( http://www2.lactualite.com/jean-francois-lisee/liedm-nous-ecrit-nous-repondons/5904/ ) ou d’autres qu’on lit le CV et on se dit oui cette personne peut probablement etre un atout pour une compagnie mais quel est le rapport avec un institut qui ferait de la recherche …
Je pense qu’on est dans le bon vieil argument d’autorité … on utilise le vocable d’institut qui donne un vernis de prestige a l’institution … on donne l’impression qu’il y a des chercheurs, que l’on est relié d’une manière ou d’une autre a des universités ou que le fonctionnement est semblable, mais dans le fond on est dans autre chose.
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« même si on sait exactement où ils militent et qu’on ignore souvent qui les finance. »
Des fois on fait dans la demi transparence ….
http://www.iedm.org/fr/34413-qui-finance-liedm-
« L’IEDM rend public le montant et la composition de son financement, mais a comme politique de ne pas révéler la liste de ses donateurs particuliers. Le dévoilement d’une telle liste serait l’occasion pour des organismes semblables à l’IEDM de solliciter directement ses donateurs, ce qui n’est pas souhaitable.
Et puis on nous rassure …
Par ailleurs, l’IEDM n’accepte aucun financement gouvernemental et aucun de ses donateurs privés ne verse une contribution représentant plus de 9 % de son financement total. L’IEDM a donc les coudées franches pour intervenir efficacement dans les débats publics.
»
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Pour la rigueur …
A l’émission il va y avoir du sport il y a un certain nombre d’années M.Bernier ( avant Julie, les documents perdus et le fait d’être ministre ) … évoquait dans un débat sur l’eau … que l’eau
c’était pas un probleme de la prendre pour la vendre sinon on la perdait dans le sol … en faisait un signe de la main que l’eau coule dans le sol … ce qui est bien sur le reflet d’une pensee profonde …
Mais on voit toute la finesse de la pensé ici … l’eau coule et on la perd …
On s’enfarge pas dans les concepts de nappes d’eau , d’eau souterraine, … de faire un inventaire de la ressource … non l’eau elle coule et on la perd dans le sol …
Et devant lui un type qui évoquait qu’on devait faire un inventaire de la ressource ..
A quel moment on peut avoir une discussion raisonnable ici ?