La liste du vendredi: Cinq films pour saluer André Forcier
Cinémaniaque

La liste du vendredi: Cinq films pour saluer André Forcier

Enfant terrible du cinéma québécois, André Forcier est sans doute aussi l’une des voix les plus singulières, déroutantes et poétiques de notre cinéma. Apparu dans le paysage dans les années 1960 avec ses Chroniques labradoriennes, Forcier est devenu un incontournable de notre cinématographie dans les années 1970, notamment grâce à Bar Salon et à L’eau chaude, l’eau frette. S’il a connu une baisse de régime après les années 1980 et 1990, où il a brillé avec des œuvres comme Au clair de la lune, Le vent du Wyoming (le préféré du cinéaste) et La comtesse de Bâton Rouge, il est revenu en force ces dernières années avec Je me souviens et Coteau rouge. À l’occasion de la rétrospective que la Cinémathèque québécoise lui consacre jusqu’au 11 octobre, voici cinq musts d’André Forcier.

L’eau chaude, l’eau frette (1976)

Dans un quartier populaire de Montréal, des locataires s’apprêtent à célébrer les 40 ans du de Polo (Jean Lapointe, impeccable), propriétaire et usurier. Amoureux de la belle Carmen (Sophie Clément, d’une grande aisance), qui paye en nature ses dettes à Polo, Julien (Jean-Pierre Bergeron, prodigieux) promet de donner un coup de main à la fille de celle-ci (Louise Gagnon) et à son ami Ti-Guy (Réjean Audet) afin de liquider Polo. D’un humour noir, d’une poésie brute et d’une cruauté implacable, ce troisième long métrage de fiction de Forcier offre une vision joyeusement pessimiste de la classe ouvrière et des bandits à la petite semaine. (13 et 19 septembre)

Au clair de la lune (1983)

Un albinos (Michel Côté) s’étant lié d’amitié avec un homme-sandwich (Guy L’Écuyer) entreprend de l’aider à redevenir le champion de quilles qu’il a été. Pendant ce temps, un maniaque s’amuse à crever les pneus dans le quartier. Une rencontre au sommet entre deux acteurs marquants de leur génération servie par une mise en scène inventive, une douce et cruelle atmosphère de conte à la Andersen ou à la Dickens, ainsi qu’une touche de réalisme magique dont seul Forcier a le secret. (14 et 19 septembre; 4 octobre)

Une histoire inventée (1990)

Tandis que la sensuelle Alys (France Castel) chante le blues de sa voix chaude, la séduisante Florence (Louise Marleau), parcourant les rues de Montréal suivie de ses 40 amants, et sa ravissante fille Soledad (Charlotte Laurier), Desdémone en peine d’amour, s’éprennent du même homme, Gaston (Jean Lapointe), trompettiste raté. Une histoire d’amour sur fond de conflit mère-fille aussi ludique qu’inusité peuplée de personnages pittoresques et portée par une mise en scène théâtrale et fantaisiste. (14 et 18 septembre; 3 octobre) 

Je me souviens (2009)

Voyage lumineux au coeur de la Grande Noirceur, Je me souviens met en scène une fillette (Alice Morel-Michaud), fille illégitime d’un ex-syndicaliste, qui apprend le gaélique auprès d’un révolutionnaire irlandais (Roy Dupuis). Sous le couvert d’une histoire inspirée de souvenirs d’enfance, de faits historiques et de réflexions sociales, Forcier dépeint un savoureux Québec imaginaire où hommes, femmes et enfants se débattent comme des diables dans l’eau bénite afin de ne plus crouler sous la chape de plomb de l’Église catholique et de l’impérialisme anglais. (2 et 4 octobre)

Coteau rouge (2011)

Dans ce vibrant hommage à son quartier chéri, Coteau rouge (Longueuil), André Forcier propose une saga familiale où l’aîné, Honoré Blanchard (Paolo Noël), ex-vidangeur de cadavres prétendant être le fils d’un esturgeon femelle géant, se retrouve aux prises avec un promoteur véreux (Roy Dupuis), qui veut raser le quartier afin d’y faire construire des condos de luxe. Au-delà du pittoresque des personnages, de la poésie décalée et de l’insolite de certaines situations, Coteau rouge est le cri du coeur d’un homme indigné qui a choisi l’humour comme arme de persuasion. (3 et 5 octobre)