L’écho des Cantons

Ma scène locale à moi (2e partie)

La semaine dernière, j'ai entamé dans cette chronique un exercice de mémoire. Mon intention est de relater, de manière approximativement chronologique, tous les groupes de la scène sherbrookoise qui ont eu une influence sur mon parcours de mélomane (je ne sais pas si je peux m'autoproclamer ainsi, mais disons que je suis un grand consommateur de musique).

Bon… Ça n'a peut-être pas l'envergure de la «fouille archéologique intérieure» qui a mené Frédéric Beigbeder à l'écriture d'Un roman français, mais reste que je trouve amusant de partager cette «introspective rétrospective» avec vous. C'est comme si je m'organisais ma propre émission En direct de l'univers (tsé, le nouveau programme télé radio-canadien animé par ma France Beaudoin chérie, durant lequel un invité voit défiler tous ses souvenirs musicaux au fil d'une série de prestations), mais avec aucun budget.

Allez… je repars le bal des souvenirs.

Les Thanatologues

J'ai étudié au Cégep de Sherbrooke avec quelques-uns des membres des Thanatologues, mais ce n'est que quelques années plus tard que j'ai été confronté au phénomène scénique qu'était ce groupe livrant un rock'n'roll salace flirtant avec les années 50, 60 et 70. Imaginez ceci: un gars pas nécessairement très svelte, chantant avec une voix d'homme des cavernes comme si sa vie en dépendait, jouant du saxophone sans que les bruits de canard l'incommodent… et portant comme seul vêtement une petite culotte (un g-string, en fait) en peau de léopard! Avec un tel programme, c'était l'euphorie garantie (après une vive sensation de malaise)! Depuis que ce groupe n'est plus, Sherbrooke n'a pas connu une telle bête de scène.

Les Séquelles

J'ai vu Les Séquelles à plusieurs reprises, car c'est un pote qui pilotait ce quatuor psyché-rock francophone, mais aussi parce qu'au cours de mes années universitaires, j'étais passionné de chanson française, celle de Gainsbourg, Dutronc, Ferrer et de tous leurs faire-valoir. Or, le son des Séquelles coulait de cette source à laquelle je me suis longuement abreuvé. De belles guitares, de beaux vestons, de l'attitude avec de la classe et un brin d'irrévérence, c'était aussi ça, Les Séquelles. Fait intéressant: le premier disque de groupe fut mis en marché par Grenadine Records, une chouette petite maison de disques montréalaise qui a également lancé le tout premier enregistrement du groupe The Dears.

Welwitschia

Je crois avoir assisté à ce qui fut le tout premier show de cet émule sherbrookois de Godspeed You! Black Emperor. Welwitschia jouait en première partie de Fly Pan Am, une formation signée sur Constellation Records. Un local de pratique de la rue Wellington Sud fut le théâtre de la naissance scénique de ce groupe post-rock qui attire une immense foule à chacune de ses rares prestations. Au fil des ans, les membres (ils sont six ou sept) ne semblent pas s'être efforcés de faire évoluer leur son, mais ils n'ont jamais perdu la hargne de leurs débuts qui a fait d'eux le phénomène le plus intéressant de notre scène locale.

Half Baked

Je révise une affirmation faite plus tôt: Sherbrooke a encore droit à une digne bête de scène en la personne de Yann Godbout, un gars avec une culture musicale épatante qui mériterait une médaille pour tous ses efforts afin de dynamiser notre scène locale. J'ai vu et organisé moult shows avec lui (c'est lui qui m'a initié au Festival de musique actuelle de Victoriaville). Il est le leader de Half Baked, un duo (parfois trio) qui bricole une pop bruyante, rythmée, imbibée de sueur et de claviers bien gras. Sur scène, ça prend des allures de garderie où le Ritalin serait en rupture de stock: ça saute partout et on est content que les parents ne soient pas là pour assister à ça!

À suivre…

Soyez là la semaine prochaine pour la conclusion de cette fabuleuse épopée!