Le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport lancera à l’automne 2014 un plan pour lutter contre cette tragédie qu’est l’analphabétisme.
On pourra discuter longuement de la définition précise de ce concept; on finira sans doute par convenir que ce mal se présente en degrés. Mais un fait terrible demeurera incontournable: le Québec a un taux d’analphabètes fonctionnels affolant – la ministre parlait de quelque 50% de la population.
Quand on cite ces données, on rappelle souvent du même souffle le coût économique astronomique de l’analphabétisme. Mais on ne dit pas assez qu’il a aussi et surtout un coût politique énorme.
C’est que ne pas savoir lire, c’est être très handicapé pour accéder à l’information et au savoir et, partant, avoir beaucoup de mal à exercer sa citoyenneté. Ce n’est pas pour rien que l’instruction publique – comme on disait autrefois avant de rebaptiser tout ça éducation, loisir et sport – était jugée une condition nécessaire à l’institution d’une démocratie digne de ce nom. Si une société n’est pas éclairée par le savoir, disait en substance Condorcet, elle se condamne à être trompée par des charlatans. Or, la première tâche de l’instruction publique est bien entendu d’apprendre à lire aux enfants dont elle a la charge.
Pour ma part, je sais à propos de l’alphabétisation, avec autant de certitude qu’on peut en avoir en ces matières, deux choses cruciales dont on n’entend pas assez parler, mais que la recherche a établies. Et je voudrais passionnément qu’on les prenne en compte et qu’on en tire toutes les conséquences qui s’ensuivent, par exemple quand on met sur pied des programmes d’alphabétisation.
La première concerne les méthodes d’apprentissage de la lecture. La deuxième? Je vous réserve la surprise. Mais voici la première.
Lire, c’est d’abord décoder de petites taches sombres multiformes. Ce décodage s’apprend et il y a diverses propositions sur la manière la meilleure pour ce faire. Résumons sans caricaturer.
Certains voudraient que l’on fasse d’abord apprendre dans leur entièreté des mots bien choisis, afin de lire aisément des phrases composées d’eux. L’élève accède ainsi très tôt à quelque chose qui ressemble à cette fluidité des lecteurs experts et aux vrais plaisirs de la lecture: comprendre, apprécier, réfléchir, être ému, etc. On suggère que ces plaisirs de la lecture tôt découverts feront plus tard de ces élèves des lecteurs assidus.
D’autres privilégient une voie plus austère: apprendre les lettres, les combiner pour faire des syllabes, combiner celles-ci pour faire des mots. À défaut d’accéder rapidement au plaisir de lire, on est ainsi en mesure de décoder des mots nouveaux, ce qui cause du souci aux élèves ayant appris par la première méthode. Le plaisir de lire? Il viendra peu à peu, vous dira-t-on.
Il existe bien entendu des variations dans ces deux grandes approches.
Mais le verdict de la recherche est clair, sans appel: c’est la deuxième méthode qui marche le mieux et la première, utilisée massivement, risque même de produire des résultats désastreux. La leçon est donc limpide: il faut centrer l’apprentissage de la lecture sur cette deuxième méthode.
Ceci dit, même des personnes ayant appris à correctement décoder deviennent ensuite parfois de mauvais lecteurs, voire ne lisent plus, même si elles ont été à l’école jusqu’à 16 ans, comme ces Québécois actuellement analphabètes fonctionnels. Il y a là une énigme, mais que la recherche a en grande partie percée.
Pour comprendre comment, lisez ceci:
«Comme on sait, même si on a fait les calculs pour un milliard et demi de zéros qui tous vérifient que les zéros non triviaux de la fonction zêta ont tous pour partie réelle ½, l’hypothèse de Riemann reste non démontrée.»
La plupart des gens sont incapables de lire cette phrase. Non pas de la lire au sens de décoder les petites taches sombres multiformes qui la composent, mais au sens d’en comprendre la signification: cela est en effet impossible si on ne possède pas les indispensables connaissances préalables.
Ce n’est pas en ce cas précis un grand drame, puisqu’il s’agit de connaissances très hautement spécialisées que tout le monde ne peut connaître. Mais imaginez que vous ne comprenez pas un bon nombre des mots courants employés dans cette chronique (multiforme, énigme, décodage, etc.); imaginez que vous n’avez pas les connaissances préalables pour savoir ce qu’est au juste «la recherche» ou pour apprécier ce que veut dire «établir par elle avec confiance»; imaginez encore que les mots «démocratie», «laïcité», «Lumières» et un nombre considérable de ces milliers de mots qui constituent le savoir préalable qu’on doit déployer quand on lit, ne serait-ce qu’un article de journal, vous font défaut: ces carences feraient de vous un analphabète fonctionnel, quelqu’un qui ne lit pas parce qu’il est devant tout écrit ignorant, comme vous devant le texte sur les mathématiques de tout à l’heure.
La conclusion qui s’impose est limpide et incontournable et c’est cela la deuxième chose que je sais sur la lecture et dont je parlais plus haut: il faut, pour savoir lire, posséder des connaissances. Il faut donc en transmettre massivement pour lutter contre l’analphabétisme et faire reculer cette horreur de gens ayant longtemps été à l’école et ne sachant pas lire.
Or nos pratiques, en éducation, contredisent trop souvent ce que la recherche crédible permet d’avancer avec une raisonnable certitude.
Pourquoi? Il y a là une nouvelle énigme. Mais celle-là, je ne suis pas capable de la résoudre. Le MELS y est-il arrivé? On en jugera quand il présentera son plan de lutte contre l’analphabétisme…
Je suis une enseignante à la retraite. J’ai toujours déploré le fait que la majorité de mes collègues ne s’informent pas, dédaignent la lecture des journaux et des revues spécialisées, j’ai connu et je connais encore une nouvelle génération de professeurEs qui n’achètent pas de livres…. et j’ai été surprise de voir que pour plusieurs leur dernier sujet de conversation concernait les «différentes nuances de gris ». Ce désintéressement de la lecture et de la littérature par les personnes qui enseignent aux jeunes est dramatique.
Mme Jocelyne Giasson de l’Université Laval, chercheuse émérite, recommande dans son livre «De la théorie à la pratique » d’utiliser les deux approches, car les deux ont des forces et des faiblesses. L’approche globale favorise la compréhension, mais ne développe pas la capacité de décoder les mots nouveaux; alors que l’approche syllabique permet de reconnaître rapidement les mots nouveaux, mais en mettant l’accent sur le décodage elle ne permet pas une aussi bonne compréhension. En utilisant les deux approches, on va chercher le meilleur des deux mondes. Cette approche mixte domine au Québec et les élèves du Québec performent assez bien aux tests internationaux en lecture.
Daniel Gagnon
Malheureusement la dame a une compréhension exiguë du domaine de la reconnaissance des mots écrits et de la lecture (vous me pardonnerez de ne pas me nommer, j’ai déjà reçu des menaces après un message pourtant plutôt sympathique sur un blogue).
L’hypothèse des deux voies de traitement en lecture (hautement débattue depuis 1989 car la voie ‘rapide’ ne serait pas nécessaire) a malheureusement été mal interprétée par les chercheurs en éducation. La première voie serait celle de l’apprentissage et demanderait un décodage une lettre à la fois. La seconde permettrait de reconnaitre plus rapidement tous les mots connus et serait basée sur le traitement en parallèle des lettres… pas sur la lecture globale. Un argument en défaveur de l’apprentissage global est que le système visuel ne sait pas quoi faire des mots en tant que globalité. Il reconnait les lettres une à une. Pour ceux qui sont intéressés et savent lire l’anglais :
http://lcnl.wisc.edu/publications/archive/19.pdf
Les mots ont du sens dans la mesure où on a de l’expérience de vie pour les comprendre. Apprendre à vivre, notamment via la littérature est aussi un bon atout. Idéalement, lire devrait apprendre à mieux nous connaître.
L’éducation devrait servir à devenir un tremplin pourt apprendre une fois qu’on l’a quittée. Elle devrait aider à satisfaire un certain degré d’autonomie. Le 1er niveau est inintéressant, d’où le désintérêt.
L’éducation actuelle se limite à former des gens à savoir compter et aussi à bien gérer son temps. Elle forme les gens pour faire d’eux de bons soldats pour le marché et la croissance économique.
Elle fait cela, sachant que par nature et surtout par acquis, l’être humain moyen se contente des petites exigences qu’on lui demande pour passer les normes exigées, pour faire partie de la parade.
Cela dit, la vie n’est pas nécessairement une tragédie, mais demande une certaine rigueur minimale. Tout ce que je vois très souvent, ce sont des gens qui veulent vivre la loi du moindre effort.
Vous avez entièrement raison. Mais la définition que vous donnez de l’analphabétisme fonctionnel basée sur la signification des mots nous élève à un taux d’analphabétisme (que je qualifierais « d’analphabétisme cognitif » dépassant largement les 50%).
Je ne m’étendrais pas sur le lassant débat sur la signification de laïcité (neutralité religieuse de l’État) que plusieurs confondent avec « effacement de tout signe religieux (non-chrétien de préférence) de tout endroit où on pourrait les voir hors des maisons privées ».
Je pense par exemple à la définition de « communisme » que plusieurs confondent avec stalinisme, définition qui semble même avaler les notions de sociale-démocratie et même keynésianisme.
Ne parlons pas de la notion d’anarchie.
Ou même celle de démocratie, présentée comme une absence de débat se réduisant à compter les opinions pour imposer à tous celle qui ramasse le plus d’appuis (même si c’est moins de 50%). Au point que certains prônent le vote électronique quelques jours après qu’une question soit posée.
Pour avoir discuté maintes et maintes fois avec des gens clairement pas classés dans les statistiques d’analphabètes fonctionnels, je constate que le nombre d’analphabètes « cognitifs » (faute de meilleur terme) est incroyablement élevé.
Et c’est pire quand les émotions viennent abrutir les capacités de réflexion.
C’est un constat extrêmement déprimant.
Monsieur Lagassé,
Voici une carte du Canada en ce qui a trait à l’analphabétisme, en se basant sur 5 niveaux de compréhension de lecture. Le niveau 1 est un analphabétisme au strict sens du terme, un niveau 2 signifie la compréhension d’un texte simple, comme un formulaire. Au Québec, d’après cette carte datant d’il y a deux ans (on se demande comment les gens n’en ont pas parlé à l’époque), on évalue que 49% des habitants de la province sont au maximum de niveau 2. On a du pain sur la planche. http://www.ccl-cca.ca/cclflash/proseliteracy/
Je connais cette étude et cette statistique (49% d’analphabètes fonctionnels). Je soulignais que ce M. Baillargeon mettait (avec raison) la barre encore plus haute pour les débats de société.
Une quantité surprenante de gens qui ne sont pas classés comme analphabètes fonctionnels (et peuvent même être classés comme intelligents et instruits) n’ont pratiquement aucune connaissance de certains mots (et surtout des notions qui s’y rattachent) qu’ils utilisent à tort et à travers (laïcité, communisme, anarchisme, démocratie, recherche, démarche scientifique, etc.).
D’où les débats aberrants auxquels nous sommes continuellement confrontés.
C’est un constant très déprimant.
Bien d’accord avec vous, monsieur Lagassé, quant à la faible compréhension de tous ces «mots», je crois pourtant que c’est un peu fort tirer l’élastique de lier cette question à celle de l’alphabétisation. Comme je l’ai suggéré, une même notion peut être très bien maîtrisée par un analphabète et être parfaitement confuse pour quelqu’un disposant d’un vocabulaire très riche et d’une bonne maîtrise de l’orthographe, de la grammaire et de la syntaxe.
Question élastique, il me semble qu’il faut prendre garde de ne pas réduire les éventuels différends quant à l’interprétation de notions comme celles de laïcité et d’anarchisme à un problème «cognitif», comme si ces concepts étaient susceptibles d’une élucidation aussi objective que les concepts mathématiques. Si nous pouvons par exemple nous entendre sur l’extension du concept de communisme, il en va de celui-ci comme de celui de l’amour: ça ne s’apprend pas dans les dictionnaires et ce n’est pas parce qu’on est capable de l’écrire correctement qu’on est capable de le faire comme il faut.
Mon grand-père savait à peine écrire son nom. Mais il avait une connaissance des affaires publiques tout à fait acceptable, grâce à ma grand-mère, qui lui lisait le journal sans y entendre quoi que ce fût. De nos jours, mon analphabète de grand-père passerait ses journées le nez collé sur RDI pendant que ma grand-mère se consolerait en lisant les nuances de Grey. Si la maîtrise de la lecture et de l’écriture est un puissant outil de codification et de transmission de l’information, elle ne produit pas à proprement parler d’autres savoirs ni même d’autres intérêts que ceux relatifs à ses propres règles. Nécessaire dans certains contextes, moins dans d’autres, simple moyen dans tous les cas.
En revanche, la maîtrise des concepts est un élément essentiel de la «fonctionnalité cognitive». Mais il ne s’agit que très accidentellement d’une maîtrise du lexique, comme le souligne Normand. Mon père, une génération plus près de moi, ne manquait jamais la page «Enrichissons notre vocabulaire», dans le Readers Digest. S’il manifestait par là son immense respect pour le savoir, cela ne l’a malheureusement pas guéri de l’ignorance à laquelle la pauvreté l’avait condamné. Bien qu’il fût parfaitement alphabétiquement fonctionnel, et peut-être justement parce qu’il accordait un si grand prix aux mots, sa maîtrise ne lui était pas d’une grande utilité.
Nul n’osera jamais contester que la maîtrise du français soit une chose fort désirable et même nécessaire , en particulier pour qui aspire aux savoirs supérieurs, mais à défaut de bien partager les choses, ne se met-on pas à risque de justifier le genre d’erreur que fut la réduction des heures de philo au cégep au profit du français lors de la réforme de 1993?
Nous n’avons tous qu’une vie à vivre et on nous fait courir pour suivre la meute. Ne faire qu’effleurer le monde de l’éducation, c’est nous faire oublier, passer à côté que nous n’avons qu’une vie à vivre. La déprime, c’est de constater combien la tyrannie du marché cherche tant à nous le faire oublier. Notre qualité de vie matérielle est importante, mais il y a aussi notre qualité de vivre tout court.
Il y a tant à découvrir, connaître et comprendre. Le langage est le « premier » des apprentissages. Tel que l’indique Normand, c’est le langage, via la connaissance, qui permet de manipuler idées et concepts. Si la maîtrise du langage ne s’effectue pas tôt dans la vie, il y a peu de chance que l’individu réussisse à aller beaucoup plus loin dans l’avenir.
Nous le voyons très bien dans le cas de jeunes ayant des troubles de l’audition et du langage. Lorsqu’on est dans ce milieu, on peut voir et comprendre très rapidement toute l’importance de la connaissance de la langue. Il y a indéniablement ces 2 aspects; maîtrise de la structure, de la syntaxe etc et connaissances et vocabulaire.
Il faut savoir construire (pour écrire) et déconstruire (pour lire et comprendre) mais il faut aussi une connaissance sémantique et étymologique, que peu ont appris…
Analphabétisme et permis de conduire
50% d’analphabètes fonctionnels mais presque 100% des adultes ont leur permis de conduire qui est basé sur un test écrit !!! Quelqu’un peut il m’expliquer ? Qui peut prétendre comprendre les petites phrases de son contrat de location de cellulaire ? Sont ils analphabètes pour autant ? Avez vous un exemple de texte qu’un analphabète ne peut comprendre ? Qu’en est-il des analphabètes dans les autres langues comme l’anglais, l’allemand ?
Comme dans chaque problème humain, j’essaye toujours de suivre la piste de l’argent. Combien coute au Québec se combat contre l’analphabétisme ? Qui mesure les résultats ?
Alors il y a également des analphabéto-sceptiques on dirait …
Elle est bonne celle-là !
Qui donc s’enrichit dans la lutte à l’analphabétisme ? Moi qui pensait que c’était l’inverse; c’est justement l’analphabétisme, entre autres, qui profite aux dominants de ce monde…
Ici, on dénonce une réalité qui est malheureusement bien souvent ignorée. Je suis d’accord, car pendant que mes enfants apprenaient leurs mots « étiquettes » à l’école, je leur apprenais à décoder ces mêmes mots le soir à la maison…
Vuos pvouez assui vuos iuqmplier cconrètenemt en fsiaant du bvoléénoat ou dennor des suos à un omsinrgae sréieux d’adie à l’atlabéisahption. Ou euocgarner une pnnersoe que vuos svaez abtnalphaèe; ils ont paofris hnote d’aivor de la dfficuilté à lrie.
Avez-vous là une piste pour expliquer que cet analphabétisme rampant coexiste avec d’excellents résultats au test de lecture de l’OCDE? On ne trouvera de solution que le jour où on saura combattre le jovialisme du monde de l’éducation. Ce qui impose qu’on montre les limites de ces succès aux tests de l’OCDE.
Pourquoi? J’avance une hypothèse : donner au peuple des connaissances, c’est donner le pouvoir de penser, et de reflechir, et de se former des opinions. C’est donner du jugement. Un peuple qui a du jugement est moins docile. La docilité fait l’affaire du gouvernement. Donc c’est à son avantage de restreindre l’accès au savoir. Ca permet au gouvernement de faire avaler au peuple n’importe quel bêtise ou raisonnement simpliste, n’importe quelle loi ou charte…
Donner des connaissances, c’est, pour le gouvernement, tuer la poule aux oeufs d’or.
A mon humble avis, le problème de fond est la paresse et le manque de motivation, caractéristiques assez répandues de nos jours. C’est donc essentiellement un problème de société. Vous aurez beau inventer différentes méthodes, rien ne fonctionnera adéquatement
tant que cette attitude collective persistera. On a hélas perdu la notion que le travail bien fait apporte aussi des récompenses dont la joie d’avoir accompli quelque chose de bien. Mais n’ayez crainte, le Ministère de l’éducation a les choses en main…
Et Makka Kotto qui veut nous imposer un prix du livre plus élevé…
Ça va aider les analphabètes à devenir plus érudits c’est sûr…
*soupir*
Personne ne veut « élever le prix du livre » : on veut seulement empêcher les grandes surfaces d’exercer une concurrence déloyale en s’appropriant le marché du best-seller. Il faut comprendre que la vente des best-sellers est ce qui permet aux librairies de survivre et d’offrir des titres moins populaires mais néanmoins nécessaires. Si les librairies disparaissent, où pourra-t-on se procurer des ouvrages littéraires plus « pointus » ou avant-gardistes, des classiques, des livres de poésie, des ouvrages spécialisés…? Les gens qui aiment lire ne rechigneront pas à payer quelques dollars de plus pour se procurer les ouvrages de leurs auteurs à succès préférés — ou alors, s’ils sont vraiment près de leurs sous, ils attendront quelques mois pour profiter des soldes. De toutes façons, je ne crois pas que les rabais sur les best-sellers aient jamais incité quelqu’un qui ne lit pas à s’y mettre brusquement, sur un coup de tête, simplement « parce que c’était moins cher »…
Bien d’accord avec vous Pascale. Les conseils avisés d’un vrai libraire constituent une valeur ajoutée qui doit être prise en compte dans le prix des livres. Malheureusement, la concurrence du web sera encore plus féroce, à moins que les gouvernements ne s’emploient à la limiter légalement aux commerces locaux et faisant vraiment profession de librairie.
Quant à l’argument de accessibilité accrue résultant de prix réduits, il ne tient tout simplement pas la route.
@François 1:
Pourquoi «sic»?
Par «principes de base du commerce», vous ne voulez sans doute pas parler de sa walmartisation, je suppose.
Par ailleurs, il faudrait supposer que je sois stupide pour me prêter l’idée que l’augmentation des prix augmente l’accessibilité. Je ne m’en défendrai pas: je n’ai rien dit de tel. Je pense en revanche que les prix réduits ont un effet marginal sur l’achat de livres en général, mais que le fait que de tels prix soient pratiqués par des chaînes a un effet catastrophique sur les commerces dédiés. À terme, la disparition progressive des libraires, c’est aussi celle d’un des ressorts de l’attrait du livre.
Mais peut-être les principes élémentaires du commerce supposent-ils en effet la suppression progressive de tous ces intermédiaires qui s’interposent entre le producteur, le produit et le consommateur dans le circuit de la machine à cash. Les grandes surfaces sont-elles la dernière chance du produit livre, celui-ci ayant atteint la fin de sa vie utile, tant le lecteur serait devenu un pôle problématique dans le jeu de l’offre et de la demande culturelle?
@ Pascale A. Cormier:
Et la prochaine étape sera quoi? Empêcher les grandes surfaces de faire des spéciaux sur les produits d’épicerie pour sauver « nos » dépanneurs?
Ce projet de loi sur le prix des livres est non seulement stupide mais totalement contre-productif. Ils ont essayé en France et ça n’a rien empêché. L:es petites librairies qui s’entêtent à ne pas vouloir se renouveler ferment.
La stupidité c’est de reproduire les mêmes gestes en s’imaginant obtenir des résultats différents.
@ Richard Desjardins:
« Quant à l’argument de accessibilité accrue résultant de prix réduits, il ne tient tout simplement pas la route. » (sic)
Expliquez-nous donc ça un peu plus en détail Monsieur Desjardins car ça semble aller à l’encontre des principes de base du commerce non? Vous croyez vraiment qu’en AUGMENTANT les prix, on augmente aussi l’accessibilité? Eh ben…
@ Richard Desjardins 9 décembre 2013 · 07h15:
« sic » est un adverbe qui signifie que l’on cite textuellement.
Comme je l’ai écrit à Madame Pascale A. Cormier, la stupidité c’est de reproduire les mêmes gestes en s’imaginant obtenir des résultats différents.
La France est déjà passée par là (prix unique du livre depuis 1981!!!) et les résultats sont près de la catastrophe: à Paris, des centaines de petites librairies ont depuis fermé, Virgin, la grande enseigne qui dominait les Champs-Élysées, a fait faillite l’an dernier, et la célèbre Fnac est menacée du même sort (elle est à vendre mais personne ne veut l’acheter!).
Et notre péquiste Kotto qui arrive avec 30 ans de retard avec la même brillante idée… Elle est là la stupidité. Par ailleurs.
Ce qui tue les librairies, ce ne sont pas les spéciaux des grandes chaînes mais la modernité. Les gens achètent leurs livres de plus en plus sur Internet quand ce n’est pas une version électronique d’un ouvrage. La nouvelle politique québécoise ne fera qu’accentuer ces gestes. De plus, pensez-vous réellement,(RÉELLEMENT…) que le client qui achète ses livres chez une grande chaîne ira plutôt l’acheter chez un petit libraire? JAMAIS et vous le savez.
Des petits commerces réussissent à sa tailler une place face aux géants; pourquoi nos petits libraires n’en feraient-ils pas autant plutôt que de s’accrocher aux jupes de l’État et de faire payer plus cher leurs produits aux consommateurs qui, eux, ne profiteront absolument pas de cette politique.
« « sic » est un adverbe qui signifie que l’on cite textuellement. » je veux bien, mais on l’utilise quand les termes de ce qu’on cite nous paraissent étranges ou inappropriés. Dans le cas présent, j’avais compris que vous n’étiez pas d’accord avec mon propos, mais je ne voyais pas en quoi il était si étrange.
Quoi qu’il en soit, nous tomberions sans doute d’accord sur le fait (j’en ai aussi parlé) que le plus redoutable ennemi, c’est le commerce électronique. Mais, justement, c’est peut-être bien plus de ce côté-là des choses qu’il faudrait chercher pour trouver les causes des difficultés du livre français, et non dans une politique qui a peut-être contribué à ralentir la chute?
Je ne considère pas personnellement la modernité comme un(e) redoutable ennemie. C’est aux libraires de s’ajuster comme les petits commerces de produits spécialisés le font face aux grandes chaînes (Rachelle-Berri et autres…).
Certaines gens plus obtuses étaient jadis contre la voiture et/ou l’électricité et/ou l’imprimerie, etc… et tenaient fermement à ne rien changer de leur façon de faire. Au final, les forgerons, les copistes et tous les allumeurs de réverbères ont presque totalement disparu mais au profit d’autres produits plus modernes, fabriqués plus rapidement et plus efficacement, moins chers et donc plus accessibles à la population en général.
C’est dommage pour eux, mais je vois les libraires disparaître en grande partie d’ici 10 ou 15 ans, tout comme les maréchal-ferrant, et la nouvelle loi ne fera qu’accélérer leur quasi disparition.
S’imaginer qu’en empêchant les spéciaux légaux et légitimes, on augmentera la fréquentation est, je le répète, stupide.
je me rangerai volontiers avec les stupides et les obtus,… mais vos épithètes ne m’auront convaincu que de votre véhémence
Ce n’est pas pour vous relancer outre mesure mais allez lire ceci:
http://www.antagoniste.net/2013/12/10/qui-a-besoin-des-librairies/
Il est là le progrès…
J’avais déjà compris que vous ne vous intéressiez qu’à l’aspect commercial de la question. Merci.
@ Richard Desjardins 10 décembre 2013 · 17h37:
Parce que le débat n’est pas économique et commercial???
Alors, pourquoi votre ministre de la Culture s’en prend-il aux RABAIS (terme plutôt commercial non?) consentis par les grandes surfaces?
Pourquoi ne s’occupe-t-il pas plutôt des aspects plus « idéalistes et romantiques » de la question comme par exemple: comment peut-on faire passer le Québec de l’un des endroits où on lit le MOINS en Amérique (il est là LE problème et non dans les prix!) à un des endroits où l’on consacre le plus de temps à la lecture:
http://blogues.journaldemontreal.com/liseravary/societe/les-quebecois-lisent-moins-que-les-autres-canadiens/
Kotto s’imagine qu’en augmentant le prix des livres, on lira plus…
Stupide non?